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Un million à l’UQAM

Par Marie-Claude Bourdon

25 janvier 2010 à 0 h 01

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Jean-Marc Eustache, cofondateur, président du conseil et président et chef de la direction de Transat A.T., l’un des plus importants voyagistes au monde, aime raconter ses années d’études à l’UQAM. Uqamien, il l’est totalement, au point d’avoir refusé de s’engager dans les affaires d’une autre institution universitaire prestigieuse. Se déclarant fier de son alma mater, «une université libre et ouverte», c’est à l’UQAM qu’il appartient. Il vient d’ailleurs de le prouver par un geste exemplaire, en faisant un don de un million de dollars à la Fondation de l’UQAM, le plus important don individuel fait par un diplômé dans l’histoire de l’Université, qui célèbre ses 40 ans cette année.

«Pourquoi je fais ce don? Un, parce que je suis un diplômé de l’UQAM, dit l’homme d’affaires, et même l’un de ses premiers diplômés, puisque j’ai obtenu mon diplôme au début des années 70. Deux, parce que la vie m’a bien traité, que j’ai réussi, et que je sens que c’est le temps pour moi de redonner. Trois, parce que je crois profondément en l’importance de l’éducation pour l’avenir du Québec.»

Une implication totale

L’intérêt de Jean-Marc Eustache pour l’UQAM ne date pas d’hier. Depuis de nombreuses années, l’entreprise qu’il dirige soutient la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion. Avec ses associés, Lina De Cesare et Philippe Sureau, il a contribué à l’essor d’un nouveau domaine d’études consacré à l’industrie du voyage. Mais depuis 2006, l’UQAM l’occupe beaucoup plus. Devenu président du conseil d’administration de la Fondation de l’UQAM, son implication dans l’avenir de l’Université est totale.

Pas que Jean-Marc Eustache ait du temps à revendre. Alors que ses associés viennent de prendre leur retraite, le capitaine de Transat reste à la barre. «Le travail, c’est toute ma vie, dit-il. Je n’ai pas d’enfants, alors je me suis entièrement consacré à mon entreprise.» Une entreprise qui a des opérations dans plus de 60 pays, qui fait travailler quelque 6 500 personnes, dont 5 000 au Canada, et qui a généré des revenus de plus de 3,5 milliards de dollars l’année dernière, malgré la grippe A et la récession.

Quand Pierre Parent, ex-secrétaire général de l’Université, et Pierre Roy, président des Chaînes Télé Astral et ex-président du conseil de la Fondation de l’UQAM, l’ont approché pour prendre la relève à la tête du conseil, l’UQAM était en pleine crise. «Ils ont eu peur que je dise non, raconte Jean-Marc Eustache en riant. Mais j’ai dit oui tout de suite. Avec les tsunamis, les épidémies, les attentats et le reste, les crises, dans le tourisme, on connaît ça!»

Jean-Marc Eustache a d’autres causes. Il se dévoue pour l’Espace Go, un théâtre expérimental, et il s’est impliqué en donnant temps et argent à l’Institut Pacifique, «un organisme de lutte contre la violence qui apprend les principes de la médiation aux enfants dans les écoles des quartiers difficiles, entre autres à Montréal-Nord». Sans compter les causes ponctuelles.

Dans la semaine du 18 janvier, 10 000 couvertures données par Air Transat, des vêtements, des génératrices, des tentes, de l’eau et des denrées périssables sont partis pour Haïti dans un avion affrété par la compagnie. Les appareils de Transat, qui vend du rêve et des vacances, ne sont pas prévus pour le transport de marchandises, mais qu’à cela ne tienne. «On a rempli la soute, qui était vide, et on a mis du matériel dans la cabine», explique l’entrepreneur. En tout, 40 tonnes de fret ont trouvé place à bord de ce vol humanitaire. Les dons venaient de Transat et de ses employés, mais aussi d’organismes comme la Croix-Rouge et OXFAM-Québec. Une partie du chargement était destinée à un organisme partenaire de Transat, SOS Villages d’enfants, qui gère deux orphelinats.

La cause de l’éducation

Il reste que la principale cause de Jean-Marc Eustache, c’est l’UQAM et sa Fondation. S’il s’est laissé convaincre de rendre son don public, c’est d’ailleurs pour valoriser la culture philanthropique à l’UQAM et témoigner de l’importance qu’il accorde à l’éducation en général, et aux études supérieures en particulier. «Je me suis dit : Eustache, il te reste un certain nombre d’années à vivre. Fais ce que tu peux pour promouvoir la cause de l’éducation

Du million de dollars qu’il consent à l’Université, 500 000 $ représentent un don majeur échelonné sur dix ans. Grâce à ce don, quatre bourses annuelles de 10 000 $ seront offertes aux étudiants de doctorat dès le présent trimestre d’hiver 2010, soit à ceux de la Faculté des arts, de l’ESG UQAM – dont la thèse porte sur le tourisme durable -, de la Faculté des sciences de l’éducation et de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF). De plus, quatre autres bourses au montant de 2 500 $ chacune seront attribuées à des étudiants de maîtrise dans les mêmes champs d’études.

«En tant que dirigeant de Transat, le tourisme durable est très important pour moi, explique-t-il. Nous avons un impact important, partout dans le monde, et nous n’avons pas d’autre choix, comme entreprise, que d’agir de façon socialement responsable en cherchant à réduire notre empreinte environnementale.»

Pour cet amateur de tableaux, la décision d’appuyer des étudiants de l’École des arts visuels et médiatiques est naturelle. Quant à son don aux étudiants en sciences de l’éducation, il confirme son engagement à l’égard de l’éducation en général, et en particulier à l’égard des enseignants, «dont la contribution est rarement reconnue à sa juste valeur». Mais pourquoi l’IREF? «J’ai eu la chance de travailler pendant 30 ans avec une femme extraordinaire, mon associée Lina De Cesare, répond-il tout de go, et je trouve que les femmes ne prennent pas encore toute la place qui devrait leur revenir. Je suis persuadé que la société sera meilleure quand elle sera plus égalitaire».

L’autre moitié de sa contribution correspond à un don planifié de 500 000 $ par assurance-vie. «Au départ, j’avais prévu faire seulement un don planifié, mais, en y repensant, je me suis dit que je voulais avoir le plaisir de donner de mon vivant, confie le donateur. Voir un jeune qui se développe et qui s’épanouit grâce à ses études, cela me rend heureux.»

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