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Objectif: décrochage zéro!

Par Jean-François Ducharme

3 mai 2010 à 0 h 05

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Trente-cinq pour cent des garçons et 23 % des filles inscrits dans le réseau public décrochent avant d’obtenir leur diplôme d’études secondaires, révèlent les dernières données publiées par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Dans une vingtaine d’écoles secondaires au Québec, plus de 50 % des élèves abandonnent avant la fin de leurs études, ce taux atteignant 84 % à l’école secondaire Pierre-Dupuy, située dans l’arrondissement Ville-Marie à Montréal.

Le plan pour la réussite scolaire lancé l’an dernier par la ministre Michelle Courchesne, qui prévoit notamment que 80 % des élèves de moins de 20 ans obtiendront leur diplôme d’ici 2020, est-il voué à l’échec? «Au contraire, soutient Marc Bigras, professeur au Département de psychologie. Malgré ce qu’en disent certains médias, ça va plutôt bien au Québec présentement. Par exemple, les élèves québécois se sont classés au sixième rang mondial et au premier rang en Amérique du Nord au Concours international de mathématiques 2010.»

«Nous en sommes à un point tournant en éducation, affirme de son côté Catherine Gosselin, directrice du Département d’éducation et formation spécialisées. Les professeurs-chercheurs sont de plus en plus impliqués dans le milieu scolaire et les jeunes enseignants se présentent sur le marché du travail avec une nouvelle approche. Tous les ingrédients sont en place pour réduire le taux de décrochage scolaire.»

Des outils validés

Marc Bigras et Catherine Gosselin sont les organisateurs – en compagnie du professeur François Bowen, de l’Université de Montréal – du colloque Persévérance, réussite et décrochage scolaires, qui se tiendra les 11 et 12 mai prochains à l’Université de Montréal dans le cadre du congrès de l’ACFAS. Ce colloque regroupe une trentaine de chercheurs provenant de l’UQAM, de l’Université de Montréal, de l’Université de Sherbrooke, de l’Université d’Ottawa et de l’Université Vanderbilt.

Les chercheurs y présenteront des indicateurs permettant de dépister les élèves à risque de décrochage et des programmes d’intervention à privilégier pour favoriser la réussite scolaire. Parmi ceux-ci, mentionnons La Forêt de l’alphabet, un programme conçu pour faciliter l’apprentissage de la lecture à la maternelle, et Lire à deux, qui vise à aider les élèves du premier cycle du primaire à lire en coopérant. «Ces programmes ont fait leurs preuves et ont été validés par de nombreuses études, affirme Catherine Gosselin. Ils offrent un espace pour la pédagogie différenciée et peuvent être adaptés à la couleur de chaque enseignant.»

La directrice du Département d’éducation et formation spécialisées espère que le congrès annuel de l’ACFAS servira de tremplin pour permettre à un plus grand nombre d’enseignants de découvrir ces programmes. «Du soutien pédagogique est également offert aux enseignants qui souhaitent les intégrer dans leur classe.»

Du CPE à l’école secondaire

Le colloque apporte des pistes d’intervention pour contrer le décrochage scolaire à tous les niveaux. Des programmes sont ainsi conçus pour l’école secondaire – le programme Pare-Chocs développé par la professeure Diane Marcotte cible les adolescents dépressifs -, l’école primaire, la maternelle… et même les centres de la petite enfance! «Dès l’âge de 3 ou 4 ans, il est possible d’apporter des interventions qui auront des impacts à long terme sur la réussite scolaire et professionnelle des jeunes», affirme Marc Bigras.

Ces interventions ne se limitent pas aux apprentissages scolaires, poursuit le chercheur. «Actuellement, environ 15 % des élèves québécois sont étiquetés «troubles de comportement» (TC, TGC) ou «difficultés graves d’apprentissage» (DGA). En intervenant rapidement, avant que les comportements soient rigidifiés, ce pourcentage chuterait à moins de 5 %. Un nombre restreint d’élèves portant l’étiquette TC, TGC ou DGA allégerait non seulement la tâche des enseignants, mais également celle des psychologues et des orthopédagogues, qui pourraient investir plus de temps auprès des élèves qui en ont le plus besoin.»

Des actions concertées

Pour prévenir le décrochage scolaire, soutiennent les organisateurs du colloque, il est important que tous les professionnels du milieu scolaire, des universités et des gouvernements établissent des actions concertées. Si cette condition est respectée, les chercheurs sont très optimistes quant à l’atteinte des objectifs contenus dans le Plan pour la réussite scolaire. «S’il n’en tenait qu’à moi, l’objectif ultime serait le décrochage zéro!», conclut Marc Bigras