La musique a toujours été associée au cinéma. Utilisée pour combler le silence des premiers films, elle servait aussi à couvrir les bruits de la projection. La musique était alors assurée par un pianiste qui improvisait dans la salle où le film était projeté. Plus tard, ce soliste fut remplacé par un orchestre dans une grande salle. En 1908, un réalisateur, André Calmettes, demanda pour la première fois à un compositeur, Camille Saint-Saëns, de concevoir une partition pour un film, donnant ainsi ses lettres de noblesse au genre!
Depuis 100 ans, le métier de compositeur de musique de film a complètement changé. Aujourd’hui, c’est une véritable industrie du cinéma qui s’est développée avec tout ce que cela implique, et les compositeurs en herbe doivent apprendre à maîtriser ordinateur et synthétiseurs.
Une approche par projet
Le DESS en musique de film, offert conjointement par l’École des médias et le Département de musique, existe depuis trois ans. Seul programme francophone sur le sujet au Canada, il utilise une approche par projet, en reproduisant les conditions de travail de l’industrie. Il permet à des étudiants musiciens de s’allier à des collègues réalisateurs pour travailler ensemble à la création de films et de musiques originales, de manière à favoriser la synergie et à développer les talents disciplinaires de chacun.
Ce programme s’adresse d’abord aux bacheliers de 1er cycle en musique, comme Ghyslain Lecroulant et Guillaume St-Laurent, tous deux des diplômés de la première cohorte de 2008. «Mais nous pouvons exceptionnellement accueillir un diplômé en cinéma ayant une formation autodidacte en musique», précise Dominique Primeau, responsable du programme.
Deux fois bachelier (piano classique et piano jazz), Guillaume St-Laurent menait une carrière de musicien depuis une dizaine d’années au moment de son inscription au programme, en 2007. «Le cœur du programme consiste à faire de la musique pour un court-métrage réalisé par un étudiant en communication, explique-t-il. Il permet d’avoir accès à un super studio à l’ONF et de travailler avec des musiciens live, ce qui est une chance, parce que la plupart du temps, quand on commence, on n’a pas de budget pour embaucher des musiciens.»
Ghyslain Lecroulant détient un bac en composition. Ce qui l’a surtout intéressé dans le programme, c’est tout ce qui a trait à la gestion de carrière, aux contrats et aux droits d’auteurs.
Musique numérisée
Ordinateur, synthétiseur et banque de sons font désormais partie du matériel de base du compositeur de musique. Guillaume St-Laurent s’est monté au fil des années une banque de sons impressionnante. «Un compositeur possédant un doctorat en écriture risque de se faire dépasser par un autre plus médiocre, mais qui est bon orchestrateur, dit-il. Un producteur de film préfère souvent embaucher un compositeur qui peut tout faire lui-même.»
Dans le processus de composition, le créateur peut passer des heures innombrables devant son écran et son matériel. «Surtout pour le mixage, tu es obligé de t’isoler dans ta pièce à toi, la plus insonorisée possible. Ton petit cocon. Quand tu sors, tu as l’impression d’être un peu zombie. C’est assez dur socialement», affirme Ghyslain Lecroulant.
Au cours de leur formation, les étudiants ont assisté à des conférences avec des intervenants de l’industrie du cinéma, des compositeurs et des réalisateurs. Le programme permet non seulement de composer de la musique de film, mais prépare également les étudiants à composer à l’image, c’est-à-dire pour la publicité, les documentaires et les jeux vidéos.
Ghislain Lecroulant a composé la musique de nombreux documentaires et courts-métrages, comme Le voile révélateur de Jean-Pierre Guyot, Regard de Benboubakeur ou Un week-end à la campagne de Sandra Coppola, qui a remporté le 1er prix Norman McLaren du Festival des films du monde en 2007, avec une mention spéciale du jury pour la musique.
Guillaume Saint-Laurent a travaillé comme assistant-compositeur et music editor pour James Gelfand dans le cadre de la télésérie Crusoe. Il a aussi composé de la musique pour le long métrage L’ordre 13139 et a travaillé à la musique de films et de documentaires.
***
Renseignements sur le programme :