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Un pédagogue hors du commun

Par Anne-Marie Brunet

19 octobre 2009 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Issu d’un milieu modeste, Renald Legendre a toujours trouvé injuste de n’avoir pas pu faire d’études classiques. Il a donc trouvé extraordinaire le grand mouvement d’ouverture des écoles suscité par la Révolution tranquille. «Les grandes idées de démocratisation de l’éducation de Paul Gérin-Lajoie m’ont amené à faire mon choix de carrière», déclare celui qui est devenu le premier professeur émérite du Département d’éducation et pédagogie de l’UQAM.

Inscrit à l’École normale supérieure de l’Université de Montréal pour devenir professeur de sciences, il persévère malgré les dires d’un professeur d’élocution et de diction qui lui déclare qu’il n’a «aucun talent». Le jeune diplômé, piqué au vif, est extrêmement bien préparé quand il débute sa carrière à la Commission scolaire régionale de Chambly en 1965. «Être bien préparé, c’est le premier secret du pédagogue» répète-t-il sans cesse à ses étudiants et aux jeunes qui commencent dans le métier.

Nouvelles méthodes

Constatant plusieurs problèmes d’ordre pédagogique, le professeur Legendre met au point des méthodes d’enseignement de la physique qu’il valide auprès de ses étudiants. Cette initiative lui vaut d’être remarqué par le réputé professeur Gaston Mialaret, qui l’invite à poursuivre des études doctorales à l’Université de Caen, en France. De retour au Québec, Renald Legendre travaille comme chercheur au ministère de l’Éducation avant de devenir, en 1973, professeur-chercheur en didactique au Département de sciences de l’éducation.

À son arrivée à l’UQAM, il participe à la conception et au développement des programmes d’études de premier cycle de la jeune université. Il assure la direction et l’animation des activités d’enseignement et de recherche en didactique. Il défend avec succès le projet d’un programme de deuxième cycle auprès des représentants du Conseil des universités canadiennes, en assume le démarrage en 1975 et la direction jusqu’en 1977.

Problème de vocabulaire

Au début des années 1970, Renald Legendre constate que le vocabulaire utilisé dans le domaine de l’éducation est imprécis au point d’être un obstacle à la communication, à la réflexion et à la créativité. «Les résultats d’un sondage auprès d’un millier d’enseignants nous ont appris que les termes apprentissage, éducation et pédagogie étaient selon eux parmi les dix termes présentant le plus d’ambiguïté dans le domaine scolaire», mentionne-t-il. Il met en place le Centre d’études, de recherches et de consultations lexicographiques (Cercle), qui a pour principal objectif de développer un vocabulaire en éducation. La première édition du Dictionnaire actuel de l’éducation paraît en 1988 chez Larousse, aucun éditeur local ne croyant au projet. L’ouvrage en est aujourd’hui à sa troisième édition chez Guérin et une quatrième édition est en préparation.

Renald Legendre est l’auteur de plusieurs livres : Une éducation à éduquer, L’éducation totale, Entre l’angoisse et le rêve, Une éducation à éduquer!, Plus de 20 ans écoulés… Même constat!, Stop aux réformes scolaires. Il travaille présentement à une suite de L’éducation totale.

Pour sa contribution exceptionnelle au domaine de l’éducation, Renald Legendre s’est vu décerner plusieurs distinctions, dont un doctorat honorifique en éducation de l’Université de Sherbrooke, le Prix d’excellence en enseignement 2001 de l’Université du Québec et le titre de professeur émérite de l’UQAM. À la retraite (officiellement!) depuis 2003, il dirige toujours le Cercle et poursuit ses recherches lexicographiques. Il enseigne au Département d’éducation et pédagogie et encadre des projets de mémoires et de thèses. Il donne également des conférences sur l’éducation.