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L’UQAM, université nouvelle

Par Claude Gauvreau

19 octobre 2009 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

L’UQAM à Montréal, York à Toronto et Vincennes à Paris font partie des universités dites nouvelles, nées au cours des années 1960. Comment sont-elles apparues? Qu’est-ce qui les distingue des universités plus anciennes? Ces questions seront au centre du colloque international Les universités nouvelles du XXe siècle, qui se tiendra à la Salle des Boiseries de l’UQAM, du 22 au 24 octobre prochains.

Organisé par le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences et la Commission internationale pour l’histoire des universités, ce colloque vise à stimuler la réflexion sur les conditions d’émergence et de développement de ces universités qui ont été créées sur un modèle différent de celui des universités médiévales. Des chercheurs de réputation internationale compareront des pays aussi différents que le Canada, les États-Unis, la France, la Belgique, la Russie et l’Algérie.

«De nombreux travaux ont été consacrés aux origines de l’université au Moyen Âge et aux réformes universitaires du début du XIXe siècle, dont est issu le modèle de l’université moderne. Par contre, la réflexion sur les transformations plus récentes des universités est encore embryonnaire», explique le professeur Yves Gingras, du Département d’histoire, l’un des principaux organisateurs de l’événement.

«Nous voulons également souligner le 40e anniversaire de l’UQAM et situer sa naissance dans une perspective plus large», ajoute sa collègue Lyse Roy du même département.

Des universités plus populaires

Selon Yves Gingras, la croissance démographique des années d’après-guerre a été le facteur déterminant dans la naissance de ces universités au recrutement plus populaire, dont font partie les établissements d’enseignement à distance comme l’Open University en Angleterre, la Téluq au Québec et l’Athabaska University en Alberta. «Les universités nouvelles se caractérisent par leur plus grande accessibilité aux groupes sociaux – les femmes notamment – qui ne fréquentaient pas les universités traditionnelles», souligne Lyse Roy.

Au Québec, poursuit Yves Gingras, la création de l’UQAM n’est pas seulement un phénomène issu de la Révolution tranquille. «Elle est également l’incarnation locale d’un courant mondial qui se définit en opposition aux universités plus anciennes, dans un contexte intellectuel où la critique sociale est à l’honneur.» Ailleurs, des universités comme Vincennes en France et Louvain-la-Neuve en Belgique apparaissent dans le sillage des révoltes étudiantes de la fin des années 60.

De nouveaux savoirs

En diversifiant les programmes d’études et les objets de recherche, les universités nouvelles développent de nouveaux savoirs qui leur sont propres, observe Lyse Roy. On voit ainsi apparaître, à la fin des années 1960, la première université française de technologie à Compiègne, mariant sciences de la nature, sciences humaines et technologie. À l’UQAM, de nouveaux champs de connaissance, comme les études féministes et l’histoire sociale, prennent leur essor.

Les universités créées pendant cette période se distinguent en outre par leur mode d’organisation qui fait davantage appel à la cogestion, par leurs méthodes pédagogiques et par leur volonté de mettre le savoir à la portée d’organisations de la société civile. «La distance entre la haute direction et les professeurs et celle entre les professeurs et les étudiants y est moins grande qu’ailleurs», affirme Yves Gingras. Ces universités doivent cependant faire leur place dans le monde académique traditionnel et compétitionner avec les plus anciennes, notamment en mettant l’accent sur le développement de la recherche, comme l’UQAM l’a fait dès les années 80.

Les participants au colloque aborderont les changements qui, depuis les années 80, semblent favoriser un rôle accru du marché et des entreprises privées dans la définition des fonctions sociales de l’université, une orientation pouvant remettre en cause les idéaux ayant présidé à la création des universités nouvelles.