Si elle devait choisir une discipline olympique pour participer aux Jeux d’hiver, la nouvelle directrice du Service de la recherche et de la création, Dominique Robitaille, s’inscrirait au… curling! D’ailleurs, elle l’avoue elle-même. «Mon rôle est de balayer très fort en avant de la boule pour éliminer toutes les petites poussières qui pourraient freiner les demandes de subventions de nos chercheurs.»
Nommée officiellement à ce poste le 26 février dernier par le Comité exécutif de l’UQAM, Dominique Robitaille n’était pourtant pas partie pour jouer sur cette glace-là au début de sa carrière. Même les Uqamiens qui ne la connaissent pas ont pu admirer cent fois une des nombreuses réalisations de cette architecte, car c’est à elle que l’on doit, sur la rue Ontario, l’entrée inondée de lumière du cégep du Vieux-Montréal.
Après être intervenue sur la conception et l’édification de bâtiments pendant près d’une décennie, elle effectue, au début des années 1990, un virage professionnel. «J’ai décidé de percer la coquille des édifices sur lesquels je travaillais pour œuvrer plutôt de l’intérieur.» Détentrice d’un MBA de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, Dominique Robitaille est devenue tour à tour directrice des Services des projets d’aménagement, puis de l’entretien et de l’aménagement des bâtiments et, enfin, de la planification, de l’aménagement et de la gestion des espaces.
En 1999, d’une main de maître, elle orchestre la relocalisation complète d’une centaine d’unités qui doivent prendre d’assaut le nouveau pavillon J.-A.-DeSève. Un «grand dérangement» qu’elle réussit à compléter en à peine trois mois.
Lorsqu’elle se découvre un véritable penchant pour tout ce qui touche la recherche universitaire, Dominique n’a pas à défoncer de portes pour investir ce milieu névralgique comprenant plusieurs unités académiques et centres de diffusion dont le Centre de design, le Cœur des sciences et la Galerie de l’UQAM. En 2002, elle est nommée adjointe au vice-recteur à la recherche. «J’ai trouvé fascinant de côtoyer les professeurs, les chercheurs et les créateurs.» Son premier mandat? Contribuer à «l’architecture» de la Politique 36 sur la reconnaissance et la protection de la propriété intellectuelle, qui sera finalement adoptée en septembre 2003.
Confirmée dans la fonction de directrice du Service de la recherche et de la création qu’elle occupait de façon intérimaire depuis novembre 2007, Dominique Robitaille n’est pas peu fière du statut qu’occupe désormais l’UQAM au niveau de la recherche. «Nos jeunes professeurs sont très performants en terme de recherche. En sciences humaines, nous occupons la cinquième place au Canada et le premier rang au Québec. Ce n’est pas pour rien que nos fonds de recherche sont passés de 28 M $ à 60 M $ en à peine dix ans.»
Huit jours après sa nomination, la nouvelle directrice lisait dans Le Devoir que le gouvernement Harper allouerait 17,5 millions supplémentaires pour des bourses aux étudiants de maîtrise et de doctorat en sciences humaines… à la condition que leur projet soit lié au domaine des affaires. Dominique Robitaille n’est pas particulièrement emballée par cette nouvelle contrainte. «C’est dommage que le gouvernement conservateur ne comprenne pas l’importance du rôle des sciences humaines dans la société. On ne peut pas investir que dans les domaines qui donnent des résultats à court terme.»
S’inquiète-t-elle de la tangente que prend le gouvernement fédéral? «En Europe comme ailleurs, les gouvernements ont compris. Obama aussi l’a bien saisi : on ne fera jamais assez de recherche. On ne doit jamais arrêter d’en faire. Surtout pas quand on traverse une crise économique comme celle que l’on vit actuellement.»
Avec la multiplication des programmes, la trentaine de centres de recherche multidisciplinaires et tout autant de chaires, le rôle du Service de la recherche et de la création est crucial. «Pour bien articuler leur carrière, les professeurs auront de plus en plus besoin de notre accompagnement. Et nous, sans leurs réalisations, nous n’aurions aucune raison d’être.» Bref, chacun y trouve amplement son compte.