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La sexualité démystifiée

Par Jean-François Ducharme

30 octobre 2009 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Depuis plus de 25 ans, la diplômée Jocelyne Robert (B.A. en sexologie, 1982), une sommité dans le domaine de la sexologie, travaille avec acharnement pour combattre les préjugés et faire progresser les connaissances. L’auteure, animatrice, chroniqueuse, conférencière et consultante, qui est reconnue au Québec, en France, en Belgique et en Suisse, a d’ailleurs remporté le Prix Reconnaissance UQAM 2007 pour son apport exceptionnel au débat public sur la place d’une saine éducation à la sexualité.

Jocelyne Robert n’a pas atteint ce succès sans effort. Elle a dû vaincre plusieurs obstacles pour se frayer un chemin dans une discipline qui était alors nouvelle et méconnue. «Lorsque j’étais étudiante, toutes sortes de rumeurs circulaient à l’effet que nos cours étaient des laboratoires expérimentaux, rappelle-t-elle. Souvent, on nous percevait comme des personnes obsédées par le sexe ou aux prises avec des problèmes sexuels.»

Aujourd’hui, la pertinence sociale de la sexologie n’est plus mise en doute, alors même que son apport scientifique est largement établi, tant au Québec qu’à l’international. En témoignent, les nombreuses subventions octroyées aux chercheurs de l’UQAM qui s’intéressent, entre autres, aux relations amoureuses chez les adolescents, aux abus sexuels à l’endroit des enfants, à la prévention du SIDA ou à la diversité sexuelle. Mais à l’époque où Jocelyne Robert étudiait, nombreux étaient ceux et celles qui n’avouaient pas étudier en sexologie, par crainte des réactions négatives.

Un nouveau défi

À la fin des années 70, Jocelyne Robert occupe un emploi de relationniste qui ne répond plus à ses attentes. À la recherche d’un nouveau défi, elle apprend que l’UQAM est la seule université en Amérique du Nord à offrir un programme de baccalauréat en sexologie.

Séduite par l’originalité et le contenu du programme, elle décide de laisser tomber son emploi et de plonger tête première dans cette nouvelle aventure. «Je frôlais la trentaine, et j’étais craintive de retourner aux études après plusieurs années passées sur le marché du travail, avoue-elle. Heureusement, dès la première journée, je me suis sentie très bien accueillie par tous mes professeurs et collègues. Je sentais que j’avais ma place dans cette branche, puisqu’il y avait des étudiants de tous âges et de tous les milieux.»

Au fil des semaines, Jocelyne Robert se découvre une passion pour la sexologie. «C’est une discipline unique qui éclaire une dimension négligée de l’être humain. À l’UQAM, on ne voit pas la sexualité uniquement d’un point de vue technique ou médical. Les approches intègrent également les dimensions personnelles, culturelles et sociales de cet aspect fondamental de la vie humaine.»

Plus ses études avancent, plus elle développe un fort sentiment d’appartenance à l’UQAM. «C’est une université engagée, ouverte sur le monde, qui a une vocation d’accessibilité et de démocratisation de l’enseignement. Toutes ces valeurs me rejoignent.»

Un parcours fascinant

Après son baccalauréat, elle s’intéresse à l’éducation sexuelle et affective des enfants, un domaine dont les connaissances ont grandement besoin de mise à jour. Après de nombreuses interventions auprès des enfants, en milieu scolaire, elle joint son talent de communicatrice (elle avait déjà publié des contes) à sa nouvelle profession et comble cette lacune en publiant Ma sexualité, une collection de trois livres adressés aux enfants. Ces ouvrages, rédigés il y a plus de 25 ans, sont toujours distribués dans plus de 15 pays et traduits en une vingtaine de langues.

Forte de ce premier succès, elle diversifie ses thèmes, tout en conservant ce désir de s’adresser aux enfants, aux adolescents et aux parents. La naissance, les abus sexuels, les premières relations, le rôle des parents sont autant de sujets abordés par l’auteure.

En 2002, inspirée par son expérience de travail auprès des jeunes, elle publie le best-seller Full sexuel, un livre sur la sexualité adolescente écrit pour les adolescents. «Un mythe persistant est que les jeunes d’aujourd’hui savent tout sur la sexualité. Or, malgré la surabondance du sexe dans les médias, les clips et sur Internet, nombre d’adolescents continuent d’être confrontés à l’ignorance, à l’angoisse et aux peurs.» Dans un contexte d’hypersexualisation, ajoute-t-elle, plusieurs d’entre eux ont besoin d’être rassurés, de se faire dire qu’ils ne sont pas obligés d’imiter tout ce qu’ils voient sur le web!

En 2005, Le sexe en mal d’amour, son second grand succès médiatique destiné aux adultes, sonne l’alarme d’une dérive relationnelle au profit d’un modèle sexuel consumériste. Le sous-titre de cet ouvrage parle de lui-même : De la révolution sexuelle à la régression érotique.

Aujourd’hui, elle signe chaque mois la chronique «couple» dans le magazine Châtelaine. Elle posera bientôt son regard «sexosophique» sur les baby boumeuses dans un ouvrage à paraître en 2010 sur leur rapport au corps, à l’érotisme et à l’amour ainsi que sur la peur de vieillir et sur l’engouement pour les chirurgies esthétiques.

Des besoins immenses pour la relève

Jocelyne Robert soutient que l’éducation sexuelle (des 0 à 100 ans) a grandement besoin de relève. «Les besoins d’accompagnement en sexualité sont immenses et les problématiques associées à la sexologie sont infinies, explique-t-elle. Par exemple, de nos jours, la culture de l’image est omniprésente et plusieurs jeunes et adultes sont accros à la pornographie. Le besoin est donc plus grand que jamais d’aider les gens à démêler le vrai du faux et à développer leur esprit critique. «La liberté sexuelle, dit-elle, c’est, plus que jamais, le contraire de se soumettre.»

http://jocelynerobert.blogspot.com/