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Entre parents et éducatrices

Par Anne-Marie Brunet

2 novembre 2009 à 0 h 11

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Depuis 2001, on a ajouté au programme d’études en Techniques d’éducation à l’enfance, offert au cégep, une compétence professionnelle visant à mieux outiller les éducatrices pour leur permettre d’établir des relations de partenariat avec les parents et les personnes-ressources. En effet, ces relations ne vont pas de soi, particulièrement dans les premières années de carrière. C’est un problème reconnu dans la littérature que Gilles Cantin, professeur au Département d’éducation et pédagogie, a lui-même observé au contact des éducatrices, pendant 30 années d’enseignement au cégep.

Quelles stratégies les éducatrices en début de carrière mettent-elles en place pour communiquer et collaborer avec les parents? Comment vivent-elles les premières interactions avec ces derniers? Ce sont deux des questions auxquelles Gilles Cantin tente de répondre dans le cadre d’une recherche sur les relations entre les parents et les éducatrices débutantes dans les milieux de garde éducatifs. D’une durée de trois ans, ce projet est soutenu par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) et bénéficie également d’une subvention de départ du Programme d’aide financière à la recherche et à la création (PAFARC). Julie Lemire, agente de recherche au Département d’éducation et pédagogie, participe à ce projet.

Lune de miel

L’analyse d’une première série d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès d’une soixantaine d’éducatrices débutantes provenant de Montréal, de la Montérégie, de Laval, des Laurentides et de Lanaudière a produit des résultats qui peuvent sembler étonnants. En effet, même si plusieurs d’entre elles avaient commencé leur carrière avec des craintes au sujet de leurs relations avec les parents, «elles ont été agréablement surprises parce qu’elles estimaient que ça se passait bien», explique Gilles Cantin. En général, les éducatrices apprécient les parents initiateurs de la communication, qui «posent des questions pour savoir plein de choses» et trouvent qu’avec «ceux qui parlent moins, ça demande beaucoup de travail».

Les éducatrices recrutées dans le cadre de cette étude longitudinale vont continuer à participer au projet pendant les deux prochaines années en se soumettant à quelques entrevues et questionnaires. Les parents seront aussi conviés à compléter un questionnaire. Selon Gilles Cantin, il est important de recueillir ainsi des données sur une durée de trois ans. «L’image que j’utilise souvent pour décrire la relation éducatrice-parent, la première année, c’est la lune de miel. Tout va bien, elles sont contentes et ne semblent pas avoir encore fait l’expérience des situations de tension classiques qui viendront, sûrement, au cours des deux années suivantes.»

Le fait qu’une éducatrice soit une mère a-t-il une incidence sur les relations entre les éducatrices et les parents? Dans une précédente recherche réalisée avec sa collègue Nathalie Bigras, Gilles Cantin a tenté de vérifier cette hypothèse. Contre toute attente, le résultat a été négatif : les mères ne savent pas mieux que les autres comment aborder les parents. «Je pense que le rôle de la mère est bien défini dans sa famille, mais pas dans son nouveau métier. Il est important d’amener une réflexion dans le milieu sur ce qu’est le rôle de l’éducatrice à l’égard du soutien à la parentalité», affirme le chercheur.

Un meilleur accompagnement

Gilles Cantin s’interroge sur la capacité des milieux à accompagner les éducatrices en début de carrière qui vivent des problèmes conflictuels avec les parents. À terme, cette recherche permettra de faire des recommandations tant pour la formation, les programmes que pour les milieux de garde éducatifs.

Avec sa collègue Nathalie Bigras, le professeur prépare une publication sur le soutien à la parentalité. Cet ouvrage rassemblera, entre autres, les textes de chercheurs qui participaient au colloque «Services de garde éducatifs et soutien à la parentalité», organisé dans le cadre du Congrès de l’ACFAS 2009.