Maude Prince-Lescarbeau n’est pas passée inaperçue à son arrivée à Genève, en janvier dernier, dans le cadre d’un séjour d’études de six mois à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève. L’accent québécois de l’étudiante en design graphique a en effet charmé l’oreille de ses collègues suisses. «Ils m’ont taquinée un peu, sans méchanceté, puis c’est rapidement devenu un running gag», raconte-telle.
Mine de rien, cette histoire d’accent a fait germer chez elle le concept qui lui a permis de remporter le concours de création du logo institutionnel du Paléo Festival de Nyon. Ce festival est un événement musical européen incontournable, qui attire chaque année plus de 225 000 spectateurs et qui fêtera l’an prochain son 35e anniversaire… avec un nouveau logo créé par une étudiante de l’École de design de l’UQAM!
Chaque année, le concours d’affiche du festival couronne un étudiant qui a l’honneur de décliner son concept sur une foule d’objets promotionnels, explique Maude Prince-Lescarbeau. «Cette année, il y avait en plus un concours pour changer le logo du festival, lequel est utilisé depuis 10 ans. C’est ce concours que j’ai remporté.»
Le logo qu’elle a proposé devait être compréhensible dans les quatre langues officielles du festival – suisse allemand, français, italien et romanche. «Le lien qui unit les groupes invités au festival, c’est la musique, bien sûr, mais aussi le fait que chaque artiste chante dans sa langue maternelle, avec son propre accent, explique la jeune designer. J’ai donc opté pour un concept où l’accent de Paléo est en exposant, graphiquement parlant.»
Une astuce
Le jury du concours, composé de graphistes professionnels ainsi que de représentants du Paléo Festival Nyon et de la HEAD, a été séduit par «l’accent» de Maude. «Les gens de Paléo souhaitaient une signature plus discrète, mais avec une astuce qui traverserait le temps. Je crois que le regard extérieur que j’ai porté sur le festival allait en ce sens», souligne la jeune femme, qui a remporté une bourse de 1 500 francs suisses, soit un peu plus de 1 600 $.
«J’ai également eu la chance de développer mon concept – logo, papeterie et autres objets promotionnels – au sein de l’agence La Fonderie, un collectif de designers indépendants, sous la supervision de Pascal Bolle, le créateur des deux derniers logos du festival. Ce fut un avant-goût très stimulant du marché du travail!»
Même si le lancement officiel du nouveau logo n’aura lieu que ce mois-ci et que le déploiement de ses multiples déclinaisons s’effectuera lors du prochain festival, à l’été 2010, les organisateurs ont déjà fait imprimer quelques objets promotionnels, question de tester la réaction du public. «Le logo a été bien accueilli, note fièrement l’étudiante. Lors de la dernière soirée du festival, les organisateurs l’ont projeté sur les tentes dressées sur le site. Je ne m’y attendais pas du tout et j’ai été très émue.»
Maude Prince-Lescarbeau a adoré son séjour en Suisse, un «paradis» pour les designers graphiques spécialisés dans l’imprimé, dit-elle, puisque les Suisses sont les maîtres de l’affiche. «Paléo est un festival qui met l’accent sur le développement durable, ajoute-t-elle. Ce fut très intéressant de travailler avec des contraintes écologiques, puisque celles-ci feront partie de notre quotidien de designer.»
La créatrice du nouveau logo du Paléo Festival termine cette année son baccalauréat à l’École de design de l’UQAM. Elle poursuivra en parallèle sa collaboration avec Paléo. «Je dois notamment élaborer la signalétique pour le prochain festival, à l’été 2010. Cela signifie que je me rendrai à nouveau en Suisse l’été prochain», note-t-elle avec enthousiasme.
La jeune designer a hâte de voir, une fois officiellement lancé, quel sera l’impact de ce logo dans ce pays qui possède une telle culture de l’identité corporative. Les Suisses seront-ils intéressés à savoir que c’est une jeune designer québécoise qui l’a créé? Parions que l’accent de Maude Prince-Lescarbeau saura les charmer pour de nombreuses années!