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Bâtisseur de l’UQAM

Par Anne-Marie Brunet

16 novembre 2009 à 0 h 11

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Au moment de la création de l’UQAM, Jacques Saint-Pierre est professeur de logique mathématique à l’École normale Ville-Marie, l’une des cinq institutions qui seront fusionnées pour former l’Université. L’idée de travailler à l’UQAM, où il est embauché le 2 juillet 1969, s’accorde avec ses valeurs : «C’était une université critique, populaire, ouverte sur le monde, accessible et urbaine, explique-t-il. J’aimais le projet de l’Université de s’impliquer dans la société.»

Dans les premières années, «tout était à faire et tout était possible», raconte le gestionnaire, qui occupera tour à tour, et souvent parallèlement, des fonctions administratives et d’enseignement. Diplômé du premier MBA des Hautes études commerciales (HEC), il devient l’adjoint du vice-recteur à l’Administration et il a pour mandat de structurer les services administratifs, participant entre autres à la rédaction des descriptions de tâches des cadres et de toutes les procédures et politiques administratives.

En 1973, M. St-Pierre devient le plus jeune directeur des finances de toutes les universités québécoises. Il a sous son autorité 40 employés et est responsable d’un budget de 35 millions de dollars. «Aujourd’hui, il y a moins d’employés, mais, à l’époque, les comptes étaient faits à la main», rappelle-t-il. Il travaillera d’ailleurs à mettre en place la première informatisation des pratiques comptables et notamment du système de la paye.

Entre gestion et enseignement

Dans les années qui suivent, Jacques St-Pierre change de cap et devient professeur à l’École des sciences de la gestion. En 1978, cependant, il est prêté pour deux ans au Conseil des Universités, où il dirigera le Comité sur le financement universitaire. «Je partageais mon temps entre ce comité et mon enseignement à l’UQAM. Ensuite, j’ai été détaché pendant deux ans à Centraide, à temps partiel, pour m’occuper de la distribution des fonds, puis, pendant trois ans, pour mettre en place le Centre de commerce mondial, le chapitre montréalais d’un réseau qui s’appelle le World Trade Center et qui avait son siège dans les tours jumelles à New York». Jacques St- Pierre a d’ailleurs perdu plusieurs amis lors des attentats de 2001.

Savoir immobilier

À titre de directeur des finances, Jacques St-Pierre a développé des connaissances dans le domaine de l’immobilier. En effet, en 1973, il s’occupe du dossier d’acquisition d’un immeuble sur la rue Cherrier qui deviendra le Pavillon de danse. Il sera aussi responsable du dossier d’expropriation des commerces sur les rues Sainte-Catherine et Saint-Denis, où sera construit le campus central de l’UQAM – aujourd’hui les Pavillons Judith-Jasmin, Hubert-Aquin et l’École des sciences de la gestion.

En 1978, il commence à enseigner dans les nouveaux programmes sur l’immobilier qui démarrent. Avec le soutien de la Fondation de l’UQAM, il obtiendra un don majeur de la SITQ, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, afin de mettre en place une chaire destinée à supporter la formation et la recherche dans le domaine immobilier. Il en est le titulaire depuis 1994. «La création de la Chaire SITQ d’immobilier faisait suite à un effort pour développer une connaissance nouvelle dans un domaine où l’UQAM a pris le devant de la scène», souligne-t-il.

En plus de ses activités d’enseignement, le professeur prend la direction de la revue Actualité immobilière et s’occupe d’un centre de recherche multidisciplinaire, le Larsi (Laboratoire de recherche en sciences immobilières). «Nous avons développé une belle complicité avec le monde des entreprises, ce qui nous a permis de nous associer à plusieurs groupes à travers le Québec et le Canada, et même mondialement.»

Jacques St-Pierre, aujourd’hui professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale, adore enseigner. Ce qui le motive, «c’est la réussite des étudiants», et il est très sensible à leurs témoignages : «Les entendre dire que leur formation a été très importante dans leur cheminement de carrière ou personnel et qu’ils doivent leur succès aux efforts que nous avons faits, c’est une forme de reconnaissance dont je suis fier.»

En 1972, Jacques St-Pierre a rencontré à l’UQAM Claire Pinard avec qui il a eu trois enfants et avec qui il est toujours heureux. Sa conjointe vient de quitter l’Université après une carrière de 38 ans. Mais l’heure de la retraite n’a pas sonnée pour ce pionnier qui a encore plein de projets en tête. «Je suis bon encore pour 40 autres années!», conclut-il en souriant.