Photo: Denis Bernier
«Je suis un pur produit de l’UQAM», affirme fièrement Michel Lizée, diplômé en sciences économiques en 1972 et coordonnateur au Service aux collectivités (SAC) depuis sa création. «L’un des avantages d’être vieux est que l’on peut parler des années 70 en toute connaissance de cause», ajoute, pince-sans-rire, celui qui représente l’UQAM depuis plus de 25 ans au Comité de retraite de l’Université du Québec (UQ), et qui a été président du Syndicat des employées et employés (SEUQAM), de 1983 à 1988.
Michel Lizée se rappelle en effet très bien la naissance du Service aux collectivités, car il avait été embauché à l’UQAM quelques années auparavant pour effectuer une recherche sur l’établissement d’un programme de formation continue avec la CSN et la FTQ. «Nous avions plutôt proposé un partenariat qui a mené à la signature d’un protocole, en 1976, lequel est devenu quelques années plus tard la base, en quelque sorte, de la mission du Service aux collectivités», raconte-t-il.
Sa collaboration avec les milieux syndicaux s’est poursuivie au fil des ans dans le cadre de son travail au SAC, notamment avec la FTQ, qui a constaté à la fin des années 1990 que ses membres ne possédaient pas les compétences requises pour gérer leurs caisses de retraite comme la loi les y oblige. Or, il s’agit parfois de gérer des centaines de millions de dollars. La FTQ a voulu améliorer le programme de formation qui existait et Michel Lizée a été chargé du dossier. Chaque année, entre 200 et 300 participants s’inscrivent à l’un ou l’autre des ateliers de formation. «Il s’agit maintenant du plus important programme de formation au Canada dans le domaine des caisses de retraite, précise-t-il. L’UQAM s’occupe de la mise à jour du matériel et de la formation des formateurs.»
Un prix pour le SAC
L’expertise de Michel Lizée dans ce domaine provient de son expérience à titre de représentant de l’UQAM au Comité de retraite de l’UQ, où il siège depuis 25 ans. Il a également occupé la fonction de président du Comité de placements pendant plus de dix ans. «J’y ai appris à sortir des sentiers battus et à explorer de nouvelles avenues», dit-il.
Cette façon de faire l’a bien servi lorsqu’il a répondu, il y a quelques années, à des groupes communautaires qui souhaitaient réfléchir à la problématique des régimes de retraite, inexistants dans le milieu. «Les membres de ces groupes croyaient, à l’instar de plusieurs personnes, que l’on peut vivre des régimes de retraite publics (régime des rentes provincial et fédéral, Sécurité de la vieillesse, Supplément de revenu garanti), mais ce n’est pas vrai. Ils ont pris conscience de l’urgence d’agir.»
De 2004 à 2008, il a accompagné le Centre de formation populaire et le groupe Relais-Femmes dans la mise sur pied d’un régime de retraite inter-entreprises à prestation déterminée, qui met de l’avant l’une des approches les plus modernes en matière de gestion du risque. Ce nouveau régime a remporté en mai dernier le prix «initiative gagnante» décerné par le Comité sectoriel de main-d’œuvre Économie sociale et Action communautaire.
Le nouveau régime de retraite a officiellement débuté l’automne dernier et compte jusqu’à maintenant 200 groupes, pour un total de plus de 1 200 membres. «L’enjeu était important pour les employés mais aussi pour les groupes communautaires, ajoute Michel Lizée. Le bassin de participants potentiels se situe entre 50 000 et 100 000 personnes. Or, l’absence de régime de retraite était un obstacle à la rétention et au renouvellement des ressources humaines dans ce secteur.» Comme pour le projet avec la FTQ, Michel Lizée s’est assuré que la documentation fasse mention de l’apport de l’UQAM dans le dossier.
Monsieur le président
La mission du SAC – rendre accessibles les ressources universitaires à des collectivités n’y ayant traditionnellement pas accès – anime Michel Lizée tout autant que la défense des employés de l’université, tâche à laquelle il s’est attelé avec passion à titre de président du SEUQAM. «C’est une période que j’ai adorée, mais j’ai quitté le SEUQAM car je suis contre les présidences à vie. Ce n’est bon ni pour des pays, ni pour des syndicats. D’autant plus qu’il y avait à l’époque trois femmes très actives qui avaient le potentiel pour me succéder : Claire Boulerice, Suzanne Amiot et Liette Garceau. J’ai eu raison de quitter, car elles ont toutes été élues présidentes par la suite.»