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Violence dans le sport : une question de valeurs

Par Claude Gauvreau

14 avril 2008 à 0 h 04

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

La Ligue de hockey junior majeure du Québec et Hockey Québec ont reçu la consigne de présenter d’ici juin des projets de règlement pour enrayer les bagarres et la violence dans notre bien-aimé sport national. Le gouvernement parviendra-t-il à mettre K. O. les hockeyeurs bagarreurs?

Jacques Hébert, professeur à l’École de travail social, doute de l’efficacité à long terme de mesures punitives. Selon lui, le problème est profond, la violence étant présente à tous les niveaux, du hockey mineur jusqu’aux ligues professionnelles. D’où la nécessité, dit-il, de mener un réflexion collective sur le type de valeurs que l’on veut transmettre aux jeunes à travers le sport.

Pourquoi le public et les médias ont-ils été déstabilisés en voyant le jeune gardien des Saguenéens de Chicoutimi refuser de se battre? Parce qu’il avait enfreint les règles non écrites du sport-spectacle, dit M. Hébert. «Si la violence nous offusque autant que nous le prétendons, comment expliquer que les gradins des arénas soient bondés match après match? Pourquoi ne voit-on jamais de spectateurs quitter leur siège ou huer des joueurs qui commettent des actes violents, comme on le fait à une mauvaise pièce de théâtre ? Nous sommes un peuple voyeur que la violence effraie et fascine en même temps. Un voyeurisme qui entraîne la passivité face à la violence», affirme-t-il.

L’instructeur, également éducateur

Le hockey serait-il un sport plus violent que les autres? Non, répond le professeur. Les coups vicieux – coups de pied, crachats au visage, coups de coude – sont aussi présents dans d’autres sports, comme le football ou le basket-ball, même si les bagarres y sont moins fréquentes. Cela ne signifie pas pour autant que la violence est inhérente au sport. Dans les matches de hockey féminin, par exemple, on assiste rarement à des incidents violents. «Un responsable de la Fédération québécoise du hockey amateur m’a confié un jour que la culture de la violence se développait très tôt chez les jeunes garçons, raconte M. Hébert. Il se demandait même s’il ne fallait pas interdire la présence des parents qui engueulent l’arbitre ou l’instructeur, et incitent leurs propres enfants à poser des gestes violents.»

Le rôle des instructeurs et des parents est fondamental dans la prévention de la violence. «Un bon instructeur ne doit pas posséder uniquement des connaissances techniques. Il doit être également un éducateur capable de transmettre des valeurs morales aux jeunes. Je sais aussi que des parents se sont mobilisés à Montréal pour créer une ligue de hockey qui rejette toute forme de violence, tout en faisant la promotion de l’esprit sportif. À la fin de chaque partie, des points sont accordés aux joueurs ou à l’équipe qui ont fait preuve de fair play

Combiner sport et plaisir

Jacques Hébert estime que la pression pour être performant et le meilleur est forte et constitue un facteur qui favorise la violence, comme s’il n’y avait plus de place pour le plaisir dans le sport. «Quand un jeune joueur de hockey rêve de se retrouver dans la Ligue Nationale, on lui dit qu’il y a deux façons de se faire remarquer par les éclaireurs : en marquant des points ou en utilisant ses poings. Seule une minorité, pourtant, parviendra à atteindre les rangs de la Ligue Nationale.»

Il pense aussi que l’on peut être combatif, voire agressif, sans nécessairement tomber dans la violence. Selon lui, l’agressivité est une disposition mentale à agir qui peut parfois être nécessaire. «Être le premier à se rendre au ballon pour faire une belle passe à un coéquipier est une marque d’agressivité positive qui permet de canaliser son énergie dans le but d’améliorer le jeu ou de le rendre plus intéressant. Cela n’a rien à voir avec une agressivité qui vise à blesser son adversaire.