Des rencontres de présentation du plan de redressement 2007-2012 que le recteur a eues avec le personnel de l’UQAM, il ressort que l’analyse de PricewaterhouseCoopers (PwC) a été faite très minutieusement et que l’UQAM sait maintenant, chiffres à l’appui, ce qu’elle a à faire pour juguler la croissance plus importante de ses coûts par rapport à ses revenus. «Nous devons faire face à la réalité, a insisté le recteur Claude Corbo, nous ne ferons jamais bouger le gouvernement s’il n’a pas la conviction que nous avons fait tous les efforts pour nous en sortir.»
Tout dans le plan de redressement – que le recteur invite la communauté universitaire à lire très attentivement pour se l’approprier – n’est pas toutefois de l’ordre de l’émondage sauvage. «Il ne s’agit pas d’un catalogue de coupures», a-t-il souligné, le rapport PwC propose également des pistes pour accroître les revenus. Et l’une de ces pistes est le développement de la programmation, notamment aux cycles supérieurs, pour intéresser un plus grand nombre d’étudiants.
Ceci dit, M. Corbo est convaincu que l’UQAM ne pourra retrouver l’équilibre budgétaire sans mettre en péril sa mission académique. Malgré l’hypothèse de compression de l’ordre de 41 M$, il reste un solde résiduel total projeté en 2011-2012 de 24 M$, en tenant compte du plein effet des mesures et objectifs de redressement à l’intérieur de l’échéancier prévu et d’une indemnisation gouvernementale pour l’Îlot Voyageur.
Hausse de l’effectif professoral
Le recteur compte augmenter légèrement, au cours des prochaines années, l’effectif professoral car il s’agit «du coeur de l’Université», et ce, pour améliorer le ratio professeurs/étudiants. Par contre, l’UQAM pourrait retenir les mesures visant à maintenir la moyenne-cible à 41 étudiants par groupes/cours en 2008-2009, étant entendu que plusieurs situations particulières peuvent justifier des écarts. Il est possible, par ailleurs, que l’hypothèse de ramener (par attrition et ententes de gré à gré) le nombre de cadres et d’employés à ce qu’il était en 2003-2004 soit envisagée. Cet objectif représente environ 77 postes ou 5,3 % de l’effectif. Le recteur a insisté sur une plus grande flexibilité à trouver pour permettre de relocaliser des ressources au besoin.
Rejet en bloc
Le recteur a pris acte du rejet en bloc de l’«intersyndicale», mais a aussi noté la disponibilité des syndicats et groupes à vouloir discuter. L’organisation interne de l’UQAM n’est pas parfaite a-t-il laissé entendre, «il y a des choses que l’on peut améliorer et nous allons nous asseoir avec les syndicats pour chercher ensemble des aménagements qui sauvegardent nos valeurs et notre mission, mais améliorent notre efficacité. On ne peut pas être figé dans un monde en évolution.»
Avec les associations étudiantes, il a ajouté que l’UQAM s’était engagée à tenter de s’entendre sur une hausse des frais afférents mais ce domaine, on le sait, est régi dorénavant par une politique ministérielle qui reste à définir. M. Corbo a précisé que les étudiants avaient aussi leur part à faire dans l’effort collectif de redressement et que toutes les solutions n’étaient pas à Québec. «Il faut sortir de la pensée magique», a-t-il insisté.
Autres pistes
Le recteur a réaffirmé que l’UQAM doit consentir elle-même des efforts parfois douloureux avant d’engager ses partenaires externes – UQ et gouvernement – dans le plan de redressement. Le comité d’experts indépendants mis sur pied en janvier, à l’initiative du recteur, doit analyser comment l’UQAM peut mieux tirer avantage des règles de financement gouvernemental et quelles modifications elle doit exiger pour que son financement respecte mieux sa mission et sa place dans le réseau universitaire québécois. Le rapport de ces quatre experts sera très attendu en mai prochain. L’UQAM souscrit également à la revendication collective et unanime des universités québécoises qui réclament depuis plusieurs années déjà un réinvestissement de l’ordre de 375 à 400 M$ par année dans l’éducation supérieure.
Rétablir la réputation de l’UQAM
M. Corbo espère sortir de la crise aiguë que traverse l’UQAM pour célébrer son 40e anniversaire, au printemps 2009, avec fierté. Employant souvent la métaphore du navire dans la tempête, le recteur soutient que cet anniversaire est «notre étoile polaire», celle qui devra nous guider en dépit de la houle et du mal de mer. «Cette université a apporté beaucoup au Québec» et continuera de le faire, laisse-t-il entendre, si on ne lui coupe pas les ailes. Le creuset de talents est immense à l’UQAM et la relève très prometteuse.