Ginette Legault a l’enthousiasme communicatif. Récemment nommée par le Conseil d’administration de l’UQAM pour succéder à Pierre Filiatrault au décanat de l’École des sciences de la gestion, elle se sent prête à replonger dans l’action à 200 %.
Elle n’a pas de regret d’avoir renoncé à son poste de vice-rectrice aux Ressources humaines, seulement la déception de ne pas avoir eu le contexte approprié pour accomplir tout ce pour quoi elle avait été nommée. Au cours de sa tournée de rencontres à l’ESG pour se faire élire doyenne, elle a expliqué qu’au cours des 23 mois où elle a été vice-rectrice, elle a «fait de la gestion de changement pendant trois mois seulement et de la gestion de crise pendant 20 mois». Ce constat l’attriste et elle en parle avec une pointe d’amertume dans la voix.
Spécialiste de la gestion des compétences, profondément «uqamienne» selon ses mots, elle aurait aimé rafraîchir «nos façons de fonctionner» tel qu’elle s’y était engagée en mars 2006 au début de son mandat au vice-rectorat, avec un plan d’action dont les syndicats et associations avaient accepté de discuter. Mais elle a dû faire son deuil de ses projets de développement et, solidairement avec ses collègues de la direction, préparer l’incontournable plan de redressement en tentant de protéger tout ce qui devait l’être. «Malgré l’ingratitude de la tâche à accomplir, il n’y a pas une journée où je suis rentrée travailler à reculons au 5e parce que nous étions une équipe soudée et que nous nous soutenions les uns les autres», ajoute-t-elle pour clore ce chapitre.
EQUIS donne la cote
Le 1er juin, elle revient à l’École des sciences de la gestion, à laquelle elle est également profondément attachée pour y avoir enseigné depuis 1992 et occupé diverses fonctions académiques, dont celles de directrice de centres de recherche, de titulaire de chaire et de vice-doyenne à la recherche. Elle a des projets plein la tête et le contexte de travail à l’ESG s’avère bien différent. Au sortir de l’exercice de renouvellement de l’accréditation EQUIS, l’École a le vent en poupe, sachant où sont ses forces et ses points à améliorer. L’exercice EQUIS est extrêmement contraignant, explique-t-elle, mais se mesurer aux plus grands permet de s’auto-évaluer avec beaucoup plus de précision. «Nous avons obtenu la cote outstanding en recherche, ce qui devrait nous rendre extrêmement fiers des investissements et des ressources consentis à ce niveau.» Ginette Legault souligne également que la campagne majeure de développement 2002-2007 a été particulièrement fructueuse pour l’ESG, qui a vu se créer de nombreuses chaires de recherche grâce à la vision de donateurs généreux.
Là où l’École doit faire un effort supplémentaire, c’est sur le plan de l’internationalisation de ses programmes, en matière de partenariats à bâtir, d’échanges de professeurs et d’étudiants, d’établissement de co-directions de mémoires et thèses, ainsi qu’en assurant une veille accrue de la qualité de ses enseignements. «Nous voulons faire avec l’enseignement ce que nous avons réussi avec la recherche, c’est-à-dire obtenir une cote d’excellence», précise-t-elle.
Autonomie de l’ESG
«Je ne suis pas celle qui s’est donné le mandat de séparer l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, souligne-t-elle avec un sourire. Il existe de nombreux modèles d’écoles de gestion qui fonctionnent très bien tout en ayant un statut particulier dans de grandes universités. Ce qui ne veut pas dire que l’École n’a pas besoin de certaines zones d’autonomie. Nous souhaitons travailler dans le respect des règlements et conventions collectives de l’UQAM tout en tentant d’alléger certaines contraintes à notre développement.»
Autre sujet délicat, la nouvelle doyenne entend poursuivre l’élan que son prédécesseur Pierre Filiatrault a donné quant à l’apprentissage d’une deuxième ou d’une troisième langue pour les étudiants de premier cycle. Non seulement doivent-ils réussir un test d’anglais intermédiaire à la fin de leur baccalauréat, mais ils veulent être bilingues, explique-t-elle. La doyenne pense qu’il faudra tôt ou tard pouvoir donner quelques cours à l’ESG en anglais et en espagnol pour prendre le train de la mondialisation, pour ne pas dire de la modernité. «Chaque année nous devons décliner des invitations uniques de partenaires prestigieux prêts à faire des échanges d’étudiants, parce que nous n’offrons pas de cours ici en anglais. Une quarantaine de nos professeurs ont appris l’espagnol pour pouvoir enseigner à l’étranger dans cette langue. Pourquoi ne pas mettre à profit leur savoir-faire ici.»
La doyenne entend également développer le Centre de perfectionnement, qui est une vitrine importante pour l’ESG, et l’arrimer davantage à l’enseignement de premier et de deuxième cycles. «Nous avons 60 000 diplômés à l’ESG que nous pourrons fidéliser en leur offrant des mises à niveau de leurs connaissances et compétences», affirme celle qui compte, ce faisant, mettre l’accent sur la formation à distance.
Les défis ne manquent pas pour faire grandir encore davantage l’une des plus imposantes écoles de gestion du Canada : 12 500 étudiants, 225 professeurs, 400 chargés de cours et une centaine d’employés. La crise uqamienne ne semble pas avoir affecté l’ESG qui voit ses effectifs croître et ses projets se multiplier. Mme Legault voit grand et le développement qu’elle envisage pour l’École est à la mesure de son énergie et de son enthousiasme.