Moodle remplace officiellement WebCT depuis le début de l’année 2008. La transition s’est effectuée sans anicroche. «C’est un succès dont nous pouvons être fiers», se réjouit Robert Proulx, doyen de la Faculté des sciences humaines, qui présidait le Comité institutionnel des plates-formes d’apprentissage en ligne.
«C’est l’un des comités les plus intéressants que j’ai présidés, affirme M. Proulx. Tous ceux qui y siégeaient étaient animés par de belles valeurs, avec au premier chef le désir de participer à la philosophie de l’open source.» Moodle, rappelons-le, est un logiciel libre, développé en Australie par un ancien de WebCT. La règle tacite de cette philosophie est de donner à l’usager libre accès au code source d’un logiciel, afin qu’il puisse le modifier selon ses propres besoins. En contrepartie, celui-ci s’engage à rendre accessible les améliorations qu’il développe à l’ensemble des usagers. «Les membres du comité étaient enchantés à l’idée de partager, de créer et d’échanger avec la communauté internationale pour arrimer Moodle à nos besoins technopédagogiques», poursuit M. Proulx.
L’UQAM fait désormais figure de pionnière au Québec, puisque d’autres universités souhaitent à leur tour adopter Moodle. «Nous avons même participé à deux reprises à l’événement Moodle Mood, en France, afin d’y présenter nos réalisations», ajoute le doyen.
L’adoption d’une nouvelle plateforme d’apprentissage en ligne nécessitait évidemment d’offrir aux futurs utilisateurs une formation adéquate. «Nous avons eu de la difficulté à répondre à la demande de formation, raconte Robert Proulx. Nous avons sous-estimé l’enthousiasme des professeurs et des chargés de cours.»
Les formations offertes par le Centre de formation et de recherche en enseignement supérieur (CEFRES) se poursuivent donc en ce début d’année. Quant au comité, il se concentre désormais sur la gestion quotidienne de la plate-forme et sur les besoins ponctuels de ses usagers.
Les avantages de Moodle
Cathy Beausoleil, chargée de cours au Département de stratégie des affaires de l’ESG UQAM, et récente lauréate de l’un des deux premiers Prix d’enseignement de l’UQAM, volet Influence sur la qualité d’apprentissage des étudiantes et des étudiants, est au nombre des utilisateurs enthousiastes de la nouvelle plate-forme.
Selon elle, le forum par équipe est le principal avantage de Moodle. «Pour le cours Événements spéciaux et commandites en relations publiques, mes étudiants travaillent en équipe de dix, explique Mme Beausoleil. Ils organisent un événement en temps réel, ils ont donc besoin d’un endroit où déposer tous leurs documents à l’abri du regard des autres équipes. Or, WebCT ne permettait pas de fragmenter un groupe-cours en différentes équipes, ayant chacune leur espace privé. Les étudiants devaient s’échanger une centaine de courriels par jour pour contourner le problème, tandis qu’avec Moodle, ils mettent une dizaine de messages par jour sur leur forum et ont accès à leurs documents.»
Au cours du trimestre, Cathy Beausoleil répond tous les jours aux messages de ses étudiants dans Moodle, suit l’évolution de leurs projets et propose ses suggestions, sans attendre que les étudiants aillent la voir. Les acétates PowerPoint utilisées en classe sont également disponibles sur le site. «Avec WebCT, c’était compliqué de corriger les acétates, mais plus maintenant», dit-elle. Ce sont les étudiants qui doivent cependant aller les chercher pour les imprimer. Ou mieux : Cathy Beausoleil donne tous ses cours dans des salles avec accès à Internet sans fil. «Je permets l’utilisation de l’ordinateur portable en classe afin qu’ils n’aient pas à les imprimer», dit-elle. Elle ajoute également dans Moodle des articles d’actualité pertinents pour approfondir la matière, et met à la disposition de ses étudiants une biographie des conférenciers invités.
«Dans le plan de cours, j’indique que toute nouvelle importante sera affichée dans Moodle, explique-t-elle. C’est la responsabilité des étudiants de veiller à le consulter, au minimum une fois par semaine.» La responsabilisation des étudiants, elle y tient et constate que Moodle y contribue. Chaque groupe-cours peut y consulter son plan de cours, vérifier le calendrier des examens et l’échéancier de remise des travaux qui sont davantage remis à temps depuis qu’elle utilise Moodle, constate-t-elle également.
Est-ce que Moodle alourdit sa tâche? «Au contraire, répond-elle spontanément. Les gens qui écrivent au tableau pour chaque cours, et qui s’emmêlent parfois dans leurs démonstrations ou leurs calculs, auraient tout avantage à y penser tranquillement à la maison, à écrire une seule fois leur cours sous format PowerPoint, et à y ajouter chaque trimestre des mises à jour pertinentes. » D’autant plus que Moodle permet de déposer à l’avance toutes les acétates dans une section réservée au professeur. «Si ma maison brûle ou si je perds mes clés USB, je peux quand même donner mon cours!», conclut-elle en riant.