Le cinéma hollywoodien raffole depuis toujours d’histoires où des savants, sous l’effet de rayons radioactifs, se transforment en créatures monstrueuses, comme le célèbre Hulk. On peut en rire, mais il reste que de nombreux scientifiques au Canada utilisent, à des fins de recherche et d’enseignement, des matières potentiellement dangereuses pour la santé et la sécurité. C’est le cas à l’UQAM, dont les chercheurs en sciences biologiques, chimie et sciences de la Terre et de l’atmosphère ont recours parfois à des substances radioactives.
Des représentants de la Commission canadienne de sûreté nucléaire sont justement venus à l’UQAM en décembre dernier pour évaluer son programme de radioprotection. «Les membres de la commission se sont dits impressionnés par la qualité de notre programme», raconte avec fierté Marie Leclerc, conseillère en prévention et membre du Comité institutionnel de radioprotection. «Pendant une semaine, il ont inspecté les laboratoires et réalisé des entrevues avec des membres du personnel : chercheurs, étudiants, techniciens, plombiers, électriciens, etc.», ajoute Catherine Mounier, professeure au Département des sciences biologiques et présidente du comité.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire réglemente non seulement les installations nucléaires, mais aussi l’utilisation de diverses sources radioactives et produits radio- pharmaceutiques. «Ses exigences en matière de sécurité sont élevées et s’appuient sur une réglementation sévère, explique Alain Gingras, directeur du Service de la prévention et de la sécurité et membre du Comité de radioprotection. La commission a le pouvoir d’accorder et de retirer des permis relatifs à l’utilisation de matières radioactives, et même de fermer un laboratoire de recherche qui ne respecterait pas les normes de sécurité.» Jusqu’à maintenant, près de 900 permis ont été accordés au Canada et l’UQAM a obtenu le sien à la fin des années 80.
Mettre l’accent sur la formation
Le Comité de radioprotection de l’UQAM a été créé dans le cadre de la politique institutionnelle sur la santé et la sécurité au travail et la protection de l’environnement, adoptée en 1990. La direction de l’Université estimait qu’il fallait se doter d’un tel outil, compte tenu de l’utilisation accrue de substances radioactives, d’agents biologiques et de produits chimiques en recherche.
Le comité assume l’importante responsabilité des permis internes pour l’utilisation de substances dangereuses. Actuellement, on compte 28 chercheurs titulaires de permis qui doivent voir, entre autres, à la qualification et à la formation de leur personnel. «Les permis ne sont accordés que si toutes les personnes participant à un projet de recherche ont suivi une formation préalable, laquelle se donne trois fois par année et porte sur les divers types de substances et la façon de les manipuler», souligne Mme Leclerc.
«De concert avec les chercheurs et des membres du Bureau de la gestion des matières dangereuses, nous évaluons régulièrement les risques dans les laboratoires pour nous assurer que tout est conforme aux règlements en vigueur au pays», poursuit Mme Mounier. À titre d’exemple, le comité organise périodiquement ce qu’il appelle des «guignolées» afin de recueillir les déchets radioactifs et toxiques pour ensuite les entreposer dans des lieux sécuritaires.
Les procédures de radioprotection ont été renforcées au cours des deux dernières années, affirme Alain Gingras. «L’Université a investi davantage dans l’embauche de ressources humaines et un accent particulier a été mis sur la prévention et la formation pour le personnel de recherche et de soutien.»
Si jamais vous croisez dans un couloir du pavillon des sciences quelqu’un qui vous paraît étrange, ne paniquez pas et dites-vous que vous regardez trop de films américains!