Animatrice, chroniqueuse, conférencière, auteure, intervenante, consultante et formatrice, la sexologue Jocelyne Robert s’est forgé au fil des ans un créneau bien à elle. On se l’arrache sur toutes les tribunes où il est question d’éducation sexuelle, non seulement ici mais également en France, en Suisse et en Belgique. Ses ouvrages, traduits en plusieurs langues, ont tous reçus d’élogieuses critiques. La Faculté des sciences humaines lui décerne son Prix Reconnaissance UQAM 2007 pour la qualité de son travail de vulgarisatrice et pour son apport exceptionnel au débat public sur la place d’une saine éducation à la sexualité.
«Je conserve de formidables souvenirs de mon passage à l’UQAM», affirme Jocelyne Robert, qui a obtenu son baccalauréat en sexologie au début des années 80, alors que la discipline était relativement nouvelle. Quelques années plus tard, elle publiait ses premiers ouvrages sur l’éducation sexuelle et affective des enfants. «Il y avait un besoin à combler, car nous en étions encore au Dr Lionel Gendron, qui parlait d’abeilles et de fleurs!» se rappelle-t-elle en riant. Quant aux ouvrages consacrés à la sexualité adulte, ils ne traitaient que des problèmes cliniques et des aspects négatifs, précise-t-elle. Tout au long de sa carrière, elle s’est donc employée à parler de sexualité de façon positive, surtout «aux adultes en devenir que sont les enfants et les adolescents.»
En 1991, son Histoire merveilleuse de la naissance, vendue à plus de 100 000 exemplaires dans la Francophonie, lui vaut le Premier prix Edgar-Lespérance dans la catégorie documentaire pratique. «La naissance est un sujet universel, fascinant et intemporel, explique-t-elle. Comprendre d’où l’on vient intéresse tout le monde.»
Son plus grand succès québécois demeure toutefois l’ouvrage Full sexuel, portant sur la vie amoureuse des adolescents. Best-seller depuis sa parution en 2002, sa popularité ne fléchit pas. Le livre n’est pourtant pas le médium le plus facile pour rejoindre cette génération de l’image. Selon Jocelyne Robert, la force de Full sexuel est qu’il dédramatise les situations problématiques et se garde bien d’adopter un ton condescendant. «C’est un livre qui reconnaît le droit des ados à la sexualité et au plaisir, tout en leur proposant un modèle ludique qui n’est pas celui de la porno à laquelle ils sont de plus en plus confrontés, explique-t-elle. Et contrairement à ce qu’ils disent, les ados ne savent pas tout, alors ils sont curieux!»
Les plus beaux compliments qu’elle a reçus à propos de cet ouvrage proviennent surtout de garçons, qui lui ont avoué qu’il s’agissait du premier livre qu’ils lisaient d’un couvert à l’autre. «J’ai aussi reçu environ 1 500 courriels d’ados que je pourrais résumer en un seul mot : un gros OUF! De manière générale, tous les adolescents vivent de profonds bouleversements et se posent mille et une questions à propos de leurs angoisses et de leurs désirs. Ce livre les a soulagés et rassurés.»
Des adolescents aux adultes
En 2005, Jocelyne Robert a choisi de sonner l’alarme en interpellant les adultes. Dans son ouvrage intitulé Le sexe en mal d’amour. De la révolution sexuelle à la régression érotique, elle écrit que nous vivons à l’époque des «3 c» : cul, corps et cash, dénonçant l’omniprésence de la pornographie dans notre société, qui évacue le désir et le plaisir au profit de la performance. «Ce livre a connu du succès parce que les hommes et les femmes ont besoin par-dessus tout que leur sexualité ait un sens, ce dont la porno est dépourvue», explique-t-elle.
Les critiques ont salué son discours et elle a profité de nombreuses tribunes pour marteler son message. Deux ans après la sortie de son livre, est-ce que les choses ont changé? «Peu de changements concrets ont été faits, constate-t-elle, mais je suis rassurée par les réflexions individuelles et collectives que j’entends. Plusieurs ont le goût de se questionner et de passer à un autre modèle que celui qui nous est proposé.»
Une communicatrice chevronnée
Parmi tous les rôles qu’elle a pu jouer au cours des dernières années, Jocelyne Robert n’en préfère aucun. «Ils tournent tous autour de la communication et de la vulgarisation, et s’inscrivent dans le rapport à l’autre», dit-elle. Elle apprécie par-dessus tout l’autonomie que le statut de pigiste lui confère. «J’ai une liberté totale de parole, de pensée et d’opinion», ajoute-t-elle.
Elle prépare en ce moment une adaptation multimédia de Full sexuel et réfléchit à son prochain ouvrage, qui devrait traiter de la folie de la chirurgie esthétique. Parions qu’elle visera juste encore une fois!