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Prix Nobel de la paix octroyé au GIEC

Par Dominique Forget

29 octobre 2007 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

René Laprise, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, était en réunion à Washington le 12 octobre dernier lorsqu’il a appris que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) venait de remporter, ex aequo avec l’ancien vice-président américain Al Gore, le prix Nobel de la paix. La nouvelle l’a à la fois surpris et honoré. Après tout, l’honneur rejaillit un peu sur lui. Le professeur Laprise participe activement aux travaux du GIEC depuis 2004.

Le Groupe a été créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Sa mission consiste à évaluer les informations scientifiques, techniques et socioéconomiques sur les changements climatiques. À ce jour, ses membres ont publié quatre rapports synthèses, en 1990, 1995, 2001 et 2007. L’organisation est divisée en trois sous-groupes de travail. Le premier s’intéresse à la science des changements climatiques, notamment à la modélisation. Le second évalue les impacts, les capacités d’adaptation et la vulnérabilité des populations. Enfin, le troisième se consacre à l’étude de solutions.

Quatrième rapport

Expert en modélisation et directeur du Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale (ESCER), René Laprise est impliqué au sein du premier sous-groupe. «Le gouvernement canadien a proposé ma candidature comme l’un des auteurs principaux pour le dernier rapport, raconte- t-il. J’ai travaillé plus spécifiquement sur le chapitre 11, sur la science physique du climat. Nous avons eu une première réunion à Trieste, en Italie, en septembre 2004, après quoi nous nous sommes lancés dans le processus de rédaction.»

Les conclusions du groupe de travail I ont été rendues publiques en février 2007. Elles révélaient, entre autres, que si rien n’est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne sur Terre pourrait grimper, d’ici la fin du siècle, de 3 à 5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Même dans un scénario «optimiste», où l’humanité mettrait de côté les combustibles fossiles au profit des énergies vertes, la Terre connaîtrait une augmentation de température de 1,8 °C d’ici 2100. Le dévoilement de ces conclusions a été suivi par la publication du rapport du groupe de travail II, en avril 2007, puis par celui du groupe de travail III, en mai. Le rapport synthèse est attendu pour le mois de novembre.

Dans l’ensemble, cet effort du GIEC aura exigé la contribution de 2 500 experts scientifiques réviseurs, 800 auteurs contributeurs ainsi que 450 auteurs principaux venant de 130 pays différents, et six ans de travail. Il s’agit de la plus rigoureuse évaluation scientifique disponible à ce jour.

Le climat, acteur de paix

Le professeur Laprise se dit heureux de voir reconnaître l’importance stratégique et la pertinence des travaux scientifiques qui visent à prévoir les changements climatiques. «Le prix reconnaît également l’effort de synthèse et de diffusion en termes clairs d’information scientifique souvent complexe.»

Même si le nom du GIEC – et surtout celui d’Al Gore – avait été maintes fois évoqué comme lauréat potentiel du prestigieux prix, le professeur Laprise dit avoir été surpris par la décision du Comité Nobel. «Il semble incongru, à première vue, d’attribuer le prix Nobel de la paix à des scientifiques, dit-il. À la fois, il est vrai que les menaces à la sécurité humaine prennent plusieurs formes et que les changements climatiques représentent l’une des menaces les plus probantes. Plusieurs conflits internationaux actuels sont fondés sur des questions d’approvisionnement en énergie ou en eau. Ce genre de différends risque de s’amplifier si rien n’est fait pour contrer le réchauffement de la planète.»