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La période de l’automne sera capitale

Par Angèle Dufresne

4 septembre 2007 à 0 h 09

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Au sortir de la réunion du Conseil d’administration du 28 août, qui a donné le coup d’envoi à la procédure de désignation au rectorat, la rectrice par intérim, Mme Danielle Laberge, ne laisse rien paraître sur ses intentions futures. Elle n’est pas prête à faire des déclarations à cet effet et apprécie qu’on ne la questionne pas davantage.

Ce qui la préoccupe au plus haut point, par contre, c’est le Plan de redressement 2007-2012 déposé à Québec le 15 juin dernier et à propos duquel la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Mme Michelle Courchesne, n’a pas encore réagi formellement. Cette situation empêche le Conseil d’administration d’approuver le budget d’opération 2007-2008 – nous vivons actuellement avec un budget provisoire venant à échéance le 30 septembre -, il retarde l’approbation des états financiers 2005-2006, sans parler de ceux de 2006-2007, et il complexifie la poursuite des discussions relatives au règlement sur l’Îlot Voyageur, pour ne nommer que ces dossiers. Au-delà des problèmes de gestion courante, cette incertitude fragilise encore davantage l’UQAM en une période de grande effervescence : la rentrée des étudiants qui mobilise toutes les énergies.

Le Conseil d’administration a renouvelé le 28 août dernier son adhésion à l’objectif du Plan de redressement, qui est de réduire de 12,7 millions $, dès cette année, le déficit d’opération et de dégager des sommes de deux à trois fois plus importantes, pour les quatre années à venir. Mme Laberge revient constamment sur ce dossier qui est la pierre d’assise de tous les autres puisqu’il propose un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans.

«Le travail accompli jusqu’à maintenant sur le redressement financier a permis d’identifier pour nous-mêmes et pour ceux à qui nous devons rendre des comptes la nature des efforts à faire pour assainir les finances de l’UQAM. Tout l’été, des équipes ont peaufiné le plan remis à la ministre en juin et travaillé à développer des méthodes permettant de prendre nos décisions sur des bases solides et appropriées, qu’elles soient d’ordre financier ou académique, et d’assurer un suivi rigoureux de la mise en oeuvre du plan. La direction s’est refusée à faire des propositions de coupes transversales aveugles. L’opération s’est avérée plus longue et difficile, mais je crois que nous avons réussi à protéger ce qui nous paraissait essentiel et à nous ménager un espace pour nous développer. L’objectif de toutes nos actions, c’est la connaissance : on la façonne, on la diffuse, on la préserve, on la soutient. On se doit de protéger l’environnement où la pensée peut s’exprimer. Si on ne fait pas ça, on passe à côté de notre mission.»

«Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté que comporte la réorganisation en profondeur d’un organisme aussi complexe que le nôtre. Dans les prochains mois, nous aurons l’énorme défi d’expliquer au gouvernement l’impact qu’auront les mesures de redressement sur le travail que nous faisons. Une université, c’est comme un écosystème, un environnement d’interrelations très complexes et fragiles; quand on modifie un élément, on peut parfois, sans même s’en rendre compte, mettre en péril le tout.»

À l’interne, il y a aussi un travail d’explication à faire, affirme-t-elle. «Il faut présenter à notre personnel toute l’ampleur des difficultés financières auxquelles nous faisons face et comment nous espérons pouvoir les traverser en préservant notre mission.» Des rencontres avec les responsables d’unités académiques et de tous les groupes d’emploi sont prévues dès le début de septembre pour expliquer en détail les mesures du Plan de redressement, les décisions qui y ont mené et les conséquences qu’elles entraîneront.

«Il n’est pas question de fermer massivement des programmes, des départements, des services. Nous devons tenir une réflexion en profondeur de nature organisationnelle et nous interroger sur la façon de poursuivre le même objectif, rendre les mêmes services, mais en travaillant différemment. C’est l’occasion de faire cette réflexion maintenant.»

«Je remercie toutes celles et ceux qui ont travaillé d’arrache-pied au printemps pour arriver à respecter l’échéance très serrée du 15 juin que nous avait fixée la ministre et, cet été, pour compléter les travaux d’analyse. Un énorme travail a été abattu par des gens déjà fatigués par la dure année que nous avons passée.»

«Je ne peux éviter de dire quelques mots sur l’Îlot Voyageur parce que je sais que ce dossier préoccupe, avec raison, notre communauté. Même si nos procureurs ont, comme vous le savez, convenu d’une entente de confidentialité avec Busac pour poursuivre les échanges en vue d’un règlement, je peux vous assurer que le critère qui guide toutes nos discussions est la protection des intérêts de l’Université, notamment de ses intérêts financiers. D’un commun accord, nous avons décidé de suspendre l’essentiel des travaux, en attendant d’en arriver à une entente acceptable aux deux parties. Comme vous avez pu le constater, une des grues géantes a été démantelée et la deuxième rabaissée de plusieurs mètres. Je profite de l’occasion pour remercier M. Lucien Bouchard et toute son équipe de l’excellent travail qu’ils ont fait jusqu’à maintenant et qui se poursuit.»

«La période de l’automne sera capitale pour lever l’hypothèque que constitue notre situation financière telle qu’elle se présente aujourd’hui. Ne perdons jamais de vue, malgré tous nos soucis, la raison pour laquelle nous existons – nos étudiants – qui remportent des succès éclatants, grâce notamment à la vitalité intellectuelle des professeurs qui leur enseignent et qui publient partout, ainsi qu’à l’engagement de nos chargés de cours; grâce aussi à la pertinence indéniable de la recherche scientifique et sociale que nous faisons ici. Toute cette effervescence académique est soutenue par des équipes administratives sans pareilles. Nos partenaires externes n’ont surtout pas abandonné leur confiance en l’UQAM, comme en témoigne l’annonce du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, en juin, de subventionner une trentaine de projets de recherche de l’UQAM, à hauteur de deux millions de dollars.»

«Nous n’avons d’autre choix que d’être confiants et de travailler très fort à trouver les bonnes solutions pour nous sortir de l’impasse. Bonne rentrée à toutes et à tous!»