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Environnement : deux articles dans des publications prestigieuses

Par Marie-Claude Bourdon

14 mai 2007 à 0 h 05

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

La célèbre revue scientifique américaine Science vient de publier un article dont Changhui Peng, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation environnementale, est l’auteur principal. Intitulé Building a “Green” Railway in China, l’article fait état des précautions environnementales prises lors de la construction du chemin de fer reliant la ville de Xining, dans le nord-ouest de la Chine, à Lhassa, la capitale du Tibet. «Près de 6 % du budget de 26,2 milliards de yuans ont été consacrés à la protection environnementale ainsi qu’à la restauration des écosystèmes», précise le professeur.

C’est en travaillant sur l’impact des changements climatiques en Chine que Changhui Peng a eu l’idée de cet article qui vise à redorer le blason de son pays d’origine, souvent blâmé pour sa façon de gérer le dossier environnemental, ainsi que le dossier tibétain. «Depuis le début des années 2000, l’environnement est devenu une priorité du gouvernement chinois, assure le chercheur. Le nouveau plan de développement de la Chine pour les années 2005-2020 mise sur la R&D, et la protection de l’environnement fait partie des 20 sujets de recherche considérés comme prioritaires.»

Minimiser les impacts

Dans leur article, Changhui Peng et ses collaborateurs de la Chinese Academy of Science et de la Beijing Normal University rapportent toutes les mesures qui ont été prises lors de la construction du chemin de fer pour minimiser les impacts sur les sols, la végétation, les animaux et les ressources en eau. Tout le long des 1 956 kilomètres de ce chemin de fer, le plus long du monde construit en altitude, des passages pour les animaux ont été aménagés afin de ne pas nuire aux migrations saisonnières. Dans la mesure du possible, le tracé de la voie ferrée a été conçu pour contourner les zones fragiles comme les terres humides et les lacs. La végétation sur les sites de construction a été retirée puis restaurée après la fin des travaux. On a limité le nombre de stations le long des voies pour réduire l’impact des déchets et des installations de traitement des eaux ont été aménagées. Des efforts ont même été faits pendant la construction pour réduire le bruit afin de ne pas effrayer les animaux!

En plus de toutes ces mesures et de bien d’autres, cinq réserves naturelles ont été établies le long du chemin de fer. «La Chine fait face à d’immenses problèmes environnementaux, que ce soit au niveau de la perte de biodiversité ou des émissions de CO2, dit Changhui Peng. Mais un projet comme celui-là démontre qu’il y a une évolution des mentalités et qu’on est aujourd’hui beaucoup plus sensible à la question des impacts environnementaux.»

Éduquer les touristes

Selon lui, le principal défi consistera maintenant à exercer une surveillance sur le développement, notamment touristique, que la région connaîtra grâce au chemin de fer. «Il faut faire de l’éducation pour impliquer les communautés locales, mais aussi les touristes, afin d’éviter que ce bel endroit ne soit détruit, dit-il. Mais il faudra aussi appliquer les lois de protection de l’environnement et contrôler le nombre de trains qui vont emprunter le chemin de fer.» Changhui Peng prendra lui-même le train, qui est en opération depuis juillet dernier, pour la première fois cet été, alors qu’il se rendra sur le terrain pour étudier les impacts des changements climatiques sur le plateau tibétain.

L’un des objectifs principaux de ce chercheur consiste à développer des modèles de simulation par ordinateur et à les utiliser pour évaluer l’impact à long terme des changements climatiques sur les écosystèmes des forêts, notamment des forêts boréales. Ses modèles permettent aussi de remonter dans le temps pour reconstituer l’évolution du climat terrestre. Un article qu’il a cosigné sur la paléoclimatologie de l’Afrique tropicale vient d’ailleurs d’être accepté par une autre publication de prestige, Proceedings of the National Academy of Science, la revue scientifique multidisciplinaire la plus citée dans le monde.

L’article, dont l’auteur principal est Haibin Wu, chercheur postdoctoral à l’Institut des sciences de l’environnement, montre que la température n’est pas le seul facteur qui détermine l’élévation de la ligne des arbres (l’altitude la plus élevée où les arbres peuvent pousser), mais que les précipitations et la concentration du CO2 dans l’air ont aussi une influence. «C’est important, car cela nous indique que les changements de température qui ont été inférés à partir de changements dans la ligne des arbres à différentes époques doivent être révisés», indique Changhui Peng.