L’intégration d’un programme d’activité physique adaptée dans les soins gériatriques améliore le statut fonctionnel des aînés à la sortie de l’hospitalisation tout en réduisant le temps de séjour et le recours à des services de soutien à domicile. Tels sont les résultats d’une étude publiée dans la revue Medicine & Science in Sports & Exercise de l’American College of Sports Medicine. La professeure du Département des sciences de l’activité physique Mylène Aubertin-Leheudre, la chercheuse postdoctorale Eva Peyrusqué (Ph.D. biologie, 2023), la professeure du Département des sciences économiques Raquel Fonseca ainsi que des chercheuses du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM) ont collaboré à l’étude.
Le programme d’entraînement proposé se nomme MATCH (Maintenance of Autonomy Through exerCise in Hospital Setting, ou Maintien de l’autonomie à travers des exercices durant l’hospitalisation). Après une séance d’apprentissage donnée par un kinésiologue, les participants devaient réaliser, chaque jour, deux exercices de 15 minutes en autonomie – se lever d’une chaise, par exemple, ou se tenir en équilibre.
Les bénéfices du programme MATCH avaient déjà fait l’objet d’une étude en 2021.
Amélioration des capacités fonctionnelles
Dans cette nouvelle étude, 100 patients hospitalisés ont été divisés en deux groupes: 38 patients recevaient uniquement les soins habituels alors que 62 combinaient les soins habituels au programme MATCH. Alors que les patients des deux groupes étaient semblables à l’admission, les participants qui ont suivi le programme MATCH ont obtenu de meilleurs résultats à différents tests.
Sur le plan de la mobilité, leur vitesse de marche a augmenté de 30 % et leur puissance musculaire dans les jambes de 15 %. Le groupe contrôle est quant à lui resté stable.
À la sortie de l’hôpital, seulement 44 % des participants du groupe MATCH nécessitaient un soutien à domicile, contre les deux tiers du groupe contrôle. Des diminutions du temps d’hospitalisation (six jours en moyenne), du risque de chutes (19 %) ainsi qu’une plus grande facilité à réaliser les activités de la vie quotidienne ont aussi été observées.
«En raison de l’augmentation du temps passé alité, l’hospitalisation entraîne souvent une perte de mobilité, de force musculaire et d’autonomie chez les personnes âgées, ce qui augmente le risque de dépendance et d’institutionnalisation, souligne Mylène Aubertin-Leheudre. Les programmes d’activité physique supervisés, qui ont démontré des bénéfices réels, sont toutefois rarement intégrés aux soins hospitaliers en raison de contraintes logistiques ou de ressources limitées.»
Une intervention simple et peu coûteuse
L’étude souligne l’importance d’intégrer des programmes d’activité physique adaptée dans les unités de soins gériatriques. Selon Eva Peyrusqué et Mylène Aubertin-Leheudre, MATCH peut être considérée comme une solution pour tous les patients en plus d’être facilement déployable en milieu hospitalier et de réduire la pression sur le système de santé.
«Une approche pragmatique et centrée sur le patient est nécessaire pour améliorer sa trajectoire de vie et aider le réseau de la santé à faire face aux défis logistiques et démographiques», mentionnent les chercheuses.