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Premier programme au Canada en environnements nourriciers

La formation interdisciplinaire vise à favoriser l’autonomie et la sécurité alimentaires.

Par Jean-François Ducharme

21 janvier 2025 à 10 h 28

Un nouveau programme court de deuxième cycle en environnements nourriciers sera offert à l’automne 2025. «Ce programme est le premier au Canada portant spécifiquement sur cet enjeu émergent», affirme le professeur de l’Institut des sciences de l’environnement Marc Lucotte.

Aussi appelés «communautés nourricières», les environnements nourriciers rassemblent divers acteurs – citoyens, agriculteurs, institutions – qui travaillent dans une perspective d’autonomie et de sécurité alimentaires ainsi que de mise en valeur du territoire. Présents autant dans les milieux ruraux, urbains que périurbains, les environnements nourriciers visent à favoriser le travail autonome des agriculteurs, à améliorer les pratiques culturales basées sur la conservation et la qualité des sols, à atténuer la pollution et à organiser l’approvisionnement dans une perspective d’accès à la saine alimentation et de justice alimentaire.

«Actuellement, près d’un million d’hectares au Québec sont consacrés à la production de soya et de maïs transgéniques, qui servent principalement à nourrir les vaches et les porcs et dont une bonne partie est exportée à l’étranger, déplore Marc Lucotte. À l’inverse, plus de 90 % du sarrasin que l’on consomme ne vient pas du Québec, alors que le sarrasin pousse très bien sans pesticides. Il y a moyen de faire les choses autrement.»

Le programme a été créé par une équipe composée de Marc Lucotte, du professeur du Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale René Audet, de la professeure du Département de géographie Mélanie Doyon, de la chargée de cours de l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) Denise Proulx et de l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement Laurence Pépin. La coordonnatrice de l’ISE Marie Berdin et l’agente de recherche et de planification de la Faculté des sciences Christine Couvrat ont aussi contribué à sa mise sur pied.

Le nouveau programme s’inscrit dans la démarche actuelle du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui promeut l’implantation de communautés nourricières au pays. Il a reçu l’appui du Forum sur les systèmes alimentaires territoriaux (SAT), du Conseil du système alimentaire montréalais (Conseil SAM), de plusieurs municipalités à travers la province et d’organisations œuvrant en alimentation durable.

Des spécialistes en demande

La formation propose une approche interdisciplinaire qui tient compte des dimensions agronomiques, juridiques, environnementales, des politiques publiques, de la justice alimentaire, des changements climatiques et de l’aménagement du territoire. Elle s’adresse autant à des professionnels œuvrant dans les domaines de l’autonomie alimentaire, du développement territorial ou de l’innovation sociale qu’à des finissants d’un baccalauréat lié aux sciences ou à l’environnement.

Les quatre cours à suivre portent sur les territoires et environnements nourriciers, les grands enjeux alimentaires, les systèmes alimentaires alternatifs et l’agriculture urbaine. La formation est complétée par un stage en milieu professionnel ou un travail de synthèse portant sur un environnement nourricier.

À la fin du programme, les personnes diplômées pourront élaborer des plans d’intervention qui tiennent compte des contextes agricole, institutionnel, géographique, environnemental, social, économique et politique, et analyser de façon rigoureuse diverses approches adoptées à l’échelle nationale et internationale. «Les conseillers ou agents de développement en communautés nourricières sont très en demande dans les ministères, les municipalités, les tables de quartier et les organismes», observe Marc Lucotte.

Les cours pourront être crédités à la maîtrise en sciences de l’environnement. Le programme est offert à temps partiel et les admissions se font en continu. Il est possible de faire une demande d’admission dès maintenant pour l’automne 2025.