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Nouveau programme pour prévenir l’extrémisme violent et la polarisation

L’UQAM devient la première université canadienne à offrir une formation dans le domaine.

Par Jean-François Ducharme

24 février 2025 à 10 h 22

Mis à jour le 26 mars 2025 à 15 h 47

À compter de l’automne 2025, l’UQAM offrira un nouveau microprogramme de deuxième cycle en prévention des polarisations sociales et des extrémismes violents, une première au Canada. La formation s’adresse à des praticiennes et praticiens de divers milieux – éducation, santé et services sociaux, protection de la jeunesse, organisations communautaires, forces de sécurité, services de probation, agences gouvernementales – ainsi qu’à un public chercheur et étudiant. Elle vise à comprendre les facteurs de risque qui peuvent mener aux polarisations et aux extrémismes ainsi qu’à développer des pratiques de prévention et d’intervention efficaces.

Selon Statistique Canada, les crimes haineux ont augmenté de 50 % au pays entre 2014 et 2019. Une trentaine d’attaques de masse visant un groupe racisé, religieux, de minorité de genre ou politique ont aussi été enregistrées durant cette période. «L’avènement des réseaux sociaux au début des années 2000 a propulsé les discours haineux et les représentations déshumanisantes à un niveau que l’on n’avait jamais vu jusque-là», affirme la professeure du Département de psychologie Ghayda Hassan, titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents.

D’autres facteurs ont contribué à ces polarisations, estime la professeure: la montée des mouvements de droite en Occident, les politiques identitaires et les crises économiques. «La pandémie de COVID-19 a quant à elle été marquée par une augmentation inquiétante des théories du complot, des incidents haineux et des appels à l’agitation civile, ajoute Ghayda Hassan. Les sociétés sont maintenant polarisées autour de plusieurs questions comme la religion, le genre et la sexualité, les conflits internationaux, les mouvements misogynes et extrémistes.»

Des besoins criants

Dans le cadre de leur travail, de nombreux policiers, travailleurs sociaux, psychologues, médecins, enseignants, intervenants communautaires et agents de services correctionnels sont régulièrement confrontés à des enjeux de polarisation, de haine ou d’extrémisme. «Malgré la mise en place de plusieurs programmes de prévention, on note un besoin criant de formation en intervention, prévient la professeure. Les praticiennes et praticiens s’appuient souvent sur l’expertise locale et sur le cas par cas pour concevoir des initiatives de prévention, qui peuvent malheureusement être contreproductives et stigmatisantes.»

Le microprogramme compte cinq cours qui abordent, entre autres, les approches théoriques et pratiques sur la haine et l’extrémisme violent ainsi que le rôle des milieux éducatifs et de la communauté en matière de prévention de la radicalisation. Des cours au choix en psychologie, en sociologie, en sciences des religions ou en communication complètent la formation.

Fondée sur des connaissances scientifiques et pratiques, la formation intègre diverses perspectives conceptuelles, dont l’analyse sociologique des conflits sociaux et des polarisations sociales, l’analyse politique des formations et mouvements de droite radicale, les approches anti-oppressives et l’éducation inclusive. «La recherche dans le domaine est récente, mais elle montre clairement les interventions qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas, affirme Ghayda Hassan. Les interventions centrées sur la réinsertion sociale, l’aide à l’emploi ou au logement, l’aide psychothérapique et le soutien aux membres de la famille donnent de bons résultats. En revanche, les politiques identitaires et les programmes qui ciblent des groupes précis ne font que jeter de l’huile sur le feu et amplifier les polarisations.»

Les cours en présentiel et en ligne proposent des contenus magistraux et multimédias ainsi que des conférences par des personnes expertes dans le domaine. La création et l’évaluation d’un projet de prévention primaire et de courts stages d’observation sont également au menu.

Le programme est offert à temps partiel et contingenté à 25 étudiantes et étudiants par cohorte. Il est possible de faire une demande d’admission avant le 1er mai.

Séance d’information

Une séance d’information sur le microprogramme de deuxième cycle en prévention des polarisations sociales et des extrémismes violents aura lieu le jeudi 3 avril 2025, à 12 h, sur Zoom. Il est possible de s’inscrire à la séance avant le 2 avril à 16 h.