Une baisse du financement public a affecté profondément les musées à l’échelle mondiale depuis 2008, révèle le rapport Faire face à la crise du Conseil international des musées (ICOM). Corédigé par des membres de la Chaire de recherche UQAM sur la gouvernance des musées et le droit de la culture, le rapport est le fruit d’une enquête internationale dirigée par les professeurs Yves Bergeron (histoire de l’art), titulaire de la Chaire et directeur de l’Institut du patrimoine, et Lisa Baillargeon (sciences comptables) ainsi que par la juriste Michèle Rivet, directrice scientifique de l’enquête à la Chaire.
C’est en 2023 que la Chaire a été choisie par l’ICOM pour réaliser une enquête sur l’état du financement public des musées à travers le monde, en partenariat avec l’Université de Shanghai. Pour mener l’enquête à bien, la Chaire a créé l’Alliance internationale de recherche sur le financement public des musées (IRAPFM), qui regroupe des institutions muséales, dont le Musée national des beaux-arts du Québec, ainsi que des chercheuses et chercheurs sur six continents.
Principales conclusions de l’enquête
Décroissance du financement public
Exacerbée par la crise financière de 2008, puis par la pandémie de COVID-19, la décroissance du financement public a entraîné d’importants défis opérationnels dans les musées, des licenciements de personnel, une réduction de la programmation et le report de nombreux projets. Même lorsque les budgets sont restés stables, l’inflation et l’augmentation des responsabilités ont engendré une diminution des fonds disponibles.
Autofinancement et modèles de financement hybrides
En encourageant les musées à générer leurs propres revenus, les gouvernements ont entraîné une augmentation des efforts d’autofinancement, qui combine sources publiques et privées.
Transformation numérique et engagement communautaire
La pandémie a accéléré les initiatives numériques. On a vu des musées développer des plateformes en ligne, des visites virtuelles et des expositions numériques.
Disparités régionales et institutionnelles
Il existe d’importantes disparités de financement entre les pays ainsi qu’entre les musées nationaux et les plus petites institutions muséales, qui peuvent difficilement rivaliser avec les plus grandes.
Concurrence croissante
L’expansion du champ du patrimoine et la multiplication des musées privés ont intensifié la concurrence pour le financement. Les musées publics sont désavantagés par rapport aux musées privés.
Diplomatie culturelle
Les gouvernements négligent souvent le rôle essentiel joué par les musées dans la diplomatie culturelle, en particulier les musées nationaux, qui constituent des outils de développement identitaire.
Nouvelles responsabilités
La nouvelle définition des musées de l’ICOM, qui inclut des responsabilités plus larges (inclusivité et durabilité), a accru la pression sur les musées à s’adapter et à élargir leurs missions.
Pistes de solution
Plusieurs actions pour pallier la décroissance du financement public sont proposées par le rapport d’enquête, dont la diversification des sources de financement, en intégrant les dons privés, les parrainages d’entreprises et les activités génératrices de revenus pour les musées.
Le rapport recommande également que les gouvernements mettent en œuvre des subventions pluriannuelles ajustées à l’inflation, fournissent des ressources pour la transformation numérique et assurent un financement équitable entre les musées ayant différents statuts et mandats.