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Le cyberharcèlement dans le milieu de l’information

Stéphane Villeneuve et Alain Stockless amorcent le second volet d’une étude partenariale avec la Fédération nationale des communications et de la culture.

Par Pierre-Etienne Caza

17 janvier 2025 à 14 h 56

Après avoir quantifié et documenté le phénomène de cyberharcèlement envers les travailleuses et les travailleurs de l’information, le professeur du Département de didactique Stéphane Villeneuve met en branle un deuxième volet de son étude portant, cette fois, sur les politiques mises en place par les patronnes et patrons de presse pour prévenir le phénomène et traiter les plaintes. Son collègue Alain Stockless est cochercheur sur ce deuxième volet.

Un comportement sournois

Dans le cadre du premier volet, Stéphane Villeneuve a révélé qu’environ 50 % des travailleuses et travailleurs de l’information avaient déjà subi du cyberharcèlement. «Des menaces de mort ou d’agression physique, c’est simple à décoder, mais il y a une part de cyberharcèlement qui est sournois», note-t-il. Le critère de répétition est important, tout comme le rapport de force. «On voit souvent plusieurs internautes s’en prendre en bloc à une ou un journaliste, illustre-t-il. Bien sûr, tout est toujours dans le ton. Recevoir des critiques non constructives constantes sur le web, c’est du cyberharcèlement.»

Environ le tiers des journalistes interrogés dans le cadre du premier volet de son étude considérait que le cyberharcèlement faisait partie de leur travail. «Il me semble pourtant qu’aucune travailleuse, aucun travailleur ne devrait tolérer ce type de comportements», insiste-t-il.

Du côté des ressources humaines

Selon les répondantes et répondants, peu de mesures existent au sein des entreprises pour prévenir le cyberharcèlement (28,6 %) et pour soutenir les travailleuses et travailleurs après un incident (34,8 %). Le portrait aura-t-il changé cinq ans plus tard?

À nouveau réalisé de concert avec la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC) et sa représentante Annick Charette, le deuxième volet de l’étude bénéficie du soutien financier du Service aux collectivités et de la participation de l’agente de développement Julie Raby.

La collecte de données est presque finalisée auprès de 9 patronnes et patrons de presse œuvrant du côté des ressources humaines, responsables des dossiers de cyberharcèlement.

Création d’une boussole numérique

«Notre première étude a été réalisée avant la pandémie et il y a fort à parier que le cyberharcèlement envers les journalistes s’est accru au cours des dernières années», prédit Stéphane Villeneuve.

Les nouvelles données seront recueillies à l’aide d’une boussole numérique éducative. «Le principe de la boussole est d’obtenir des données en continu pour suivre l’évolution d’une situation dans le temps», explique Alain Stockless, spécialiste de ce type de plateforme intelligente.

Au cours des dernières années, les deux professeurs ont collaboré afin de créer plusieurs boussoles numériques éducatives. «Lorsqu’un participant répond au questionnaire, la boussole analyse ses résultats en temps réel et lui fournit un portrait de ses réponses par rapport à l’ensemble des répondants, d’où la portée éducative, car la comparaison fait réfléchir les gens», explique Alain Stockless.

Cette partie de l’étude est financée par une subvention d’engagement partenarial du CRSH. Le doctorant en éducation Jérémie Bisaillon et la candidate à la maîtrise en communication Clara Lhotellier participent également au projet.

Les premiers résultats devraient être disponibles dès la fin de l’hiver. «C’est un projet important, car plusieurs travailleuses et travailleurs de l’information quittent la profession en raison de la pression engendrée par le cyberharcèlement, souligne Stéphane Villeneuve. Nous souhaitons contribuer de manière significative à la résolution de ce problème sociétal majeur qui attaque directement la démocratie.»