L’usage de jouets sexuels est de moins en moins tabou, ceux-ci étant vendus dans un nombre croissant de commerces, y compris dans certains magasins à grande surface. Au cours des dernières années, on a vu apparaître les jouets sexuels connectés, aussi appelés télédildoniques, qui intègrent la technologie aux activités sexuelles. Ces jouets utilisent la réalité virtuelle, par exemple, ou permettent la connexion à distance avec des partenaires.
En partenariat avec l’entreprise de jouets sexuels connectés Kiiroo, une équipe du Laboratoire EROSS a exploré pour la première fois l’usage des jouets sexuels connectés et le bien-être sexuel des personnes utilisatrices. «Comme les jouets sexuels connectés sont conçus pour reproduire le contact avec une ou un partenaire le plus naturellement possible, ils représentent une technologie intéressante pour promouvoir le bien-être sexuel des individus», souligne la chargée de cours Éliane Dussault (Ph.D. sexologie, 2024). Les résultats, précise-t-elle, démontrent une grande satisfaction envers l’utilisation des jouets sexuels connectés.
L’étude a été menée par Éliane Dussault, la doctorante en psychologie Madison E. Williams (University of New Brunswick) et le professeur du Département de sexologie David Lafortune (Ph.D. psychologie, 2016), directeur du Laboratoire EROSS. Elle a été réalisée auprès de 617 hommes recrutés à travers le monde par l’entreprise Kiiroo. «Les personnes pouvaient prendre part à l’étude peu importe leur sexe ou leur identité de genre, mais il s’avère que la presque totalité des personnes qui utilisent des jouets sexuels de la compagnie Kiiroo sont des hommes», explique Éliane Dussault.
Les faits saillants
La grande majorité des répondants (78,9 %) utilisent les jouets sexuels en solitaire, tandis que 21,1 % les utilisent seuls et avec une ou un partenaire. Parmi les utilisateurs qui ont répondu à l’enquête, 15,9 % affirment ne jamais avoir eu de partenaire sexuel.
Selon les réponses obtenues, les jouets sexuels de la compagnie Kiiroo sont utilisés plusieurs fois par semaine (39,2 %) ou une fois par semaine (32,6 %).
Les motivations les plus communes à utiliser les jouets sexuels connectés: relaxer ou réduire les tensions (57,2 %), fantasmer sur des activités sexuelles impossibles à réaliser dans la vraie vie, comme avoir des relations sexuelles avec une vedette de la pornographie (50,6 %), et améliorer son excitation sexuelle durant la masturbation (50,6 %).
«Les participants qui utilisent leurs jouets sexuels connectés avec des partenaires semblent rapporter un bien-être sexuel et une disposition plus élevée à répondre positivement aux incitations sexuelles. Ils possèdent plus de jouets sexuels connectés, ont un nombre de partenaires sexuels plus élevé, rapportent davantage de désir et de capacité à vivre un orgasme avec partenaire, ainsi qu’une estime de soi sexuelle plus élevée», révèle Éliane Dussault.
Une collaboration avec l’industrie
Le partenariat entre le laboratoire EROSS et la compagnie Kiiroo a été rendu possible grâce à l’International Sexual Health and Wellness Research Institute. Ce dernier a pour objectif de faciliter et promouvoir les collaborations entre les chercheuses et chercheurs et les entreprises afin de produire des données rigoureuses qui permettront de bonifier les pratiques dans une optique de promotion de la santé sexuelle. «À l’heure actuelle, ces partenariats sont rares dans le domaine des sciences sociales. Pourtant, ils nous donnent l’occasion de travailler avec des entreprises et de potentiellement traduire nos expertises en des conclusions et recommandations qui peuvent affecter plus directement le grand public», observe Éliane Dussault.