Le public est convié, le 28 février prochain, à un café scientifique organisé à la Grande Bibliothèque pour connaître les avancées de la recherche dans le domaine des tics et du syndrome Gilles de la Tourette, un trouble neuropsychiatrique caractérisé par des tics moteurs et sonores. Organisé par la professeure du Département de psychologie Julie Leclerc, une spécialiste du domaine, l’événement réunira un panel d’experts. Il sera animé par la comédienne et cascadeuse Andréanne Fortin, qui vit avec le syndrome de la Tourette.
«Une large place sera réservée aux questions du public», affirme Julie Leclerc, qui profitera de l’événement pour partager les résultats d’une étude entreprise en 2015 et financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). L’essai randomisé, qui vient tout juste de se terminer, avait pour objectif de comparer deux modalités d’intervention auprès de personnes vivant avec le syndrome de la Tourette, jeunes et adultes. L’approche cognitive psycho physiologique, développée pour les adultes par le directeur de thèse de Julie Leclerc, Kierron O’Connor, et qu’elle a adaptée pour les adolescents, a été comparée à l’approche traditionnelle dans le domaine, l’intervention comportementale pour les tics.
Les tics ayant un caractère neurologique, on ne peut pas les faire disparaître, souligne la professeure. Les deux approches visent donc à les faire diminuer. «L’intervention comportementale traditionnelle propose un contre-conditionnement, en enseignant aux patients un mouvement antagoniste – un mouvement de l’épaule, par exemple – pour empêcher le tic de se produire, explique la chercheuse. Notre approche est plus holistique. On cherche à comprendre pourquoi certaines situations, émotions ou tensions particulières déclenchent plus de tics, et on travaille là-dessus pour les faire diminuer.»
Selon les résultats de l’étude, qui a porté sur une centaine de patients jeunes et adultes, l’approche cognitive psychophysiologique conçue par Julie Leclerc et son mentor est aussi efficace que la thérapie conventionnelle pour réduire les tics. On a aussi observé une amélioration de la qualité de vie légèrement supérieure chez les patients, un effet qui n’était toutefois pas statistiquement significatif.
«Le fait que l’on travaille sur les problèmes sous-jacents amène la personne à changer sa façon d’agir de façon plus globale, dit la professeure. C’est son état au complet qui change et c’est probablement ce qui explique l’amélioration de la qualité de vie qui a été observée.»
Pour Julie Leclerc, il est satisfaisant de savoir que la méthode qu’elle a contribué à mettre au point génère d’aussi bons résultats que la thérapie de référence dans le domaine, qui a été conçue aux États-Unis. «Nous ne nous inscrivons pas dans un modèle de compétition, remarque-t-elle. Les intervenants peuvent décider d’aller vers une approche ou une autre. Mais, sachant que notre thérapie est aussi efficace, cela donne un autre angle possible à l’intervention. Pour certaines personnes, il se peut qu’une méthode fonctionne mieux que l’autre.»
Julie Leclerc offre des formations sur son approche et prépare actuellement des guides de thérapie pour soutenir les intervenants.
Un panel diversifié
D’autres sujets en lien avec les tics et le syndrome Gilles de la Tourette seront abordés lors de l’événement de la Grande Bibliothèque. Ainsi, parmi les avancées de la recherche, on s’aperçoit que le syndrome se manifeste différemment chez les filles et chez les garçons. «On a toujours dit que la prévalence était plus grande chez les garçons, note la professeure, mais peut-être que les manifestations sont plus subtiles chez les filles et qu’on a tendance à retenir seulement les syndromes très sévères. On a vu ça pour le TDAH [trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité]. On échappait des filles. Elles étaient moins turbulentes, mais elles avaient un problème d’attention et de concentration.»
Pour répondre aux questions du public, le panel réunira Inge Meijer, neuropédiatre au CHU Sainte-Justine, Kelly-Ann Cartwright, psychologue clinicienne atteinte du syndrome, Félix Poulin, un jeune adulte souffrant lui aussi de ce trouble, ainsi que Nathalie Pételle, directrice générale de l’Association québécoise du syndrome de la Tourette, mère d’un enfant affecté par le syndrome. Julie Leclerc, qui est aussi directrice de la recherche en santé mentale au CIUSSS-du-Nord-de-l’Île-de-Montréal, et Marc Lavoie, professeur à la TÉLUQ et chercheur au Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé mentale de Montréal, compléteront le panel.
Le café scientifique, qui aura lieu le 28 février prochain, de 18 h à 20 h 30, sera également accessible en Zoom. L’événement est gratuit, mais il faut s’inscrire.