Si aujourd’hui 46 % de la main-d’œuvre dans le monde est féminine, les femmes représentent moins de 30 % des personnes travaillant dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Ces chiffres sont tirés d’une enquête de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) intitulée «Monte dans les STIM: pour un rôle accru des femmes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques», dont les résultats ont été dévoilés le 22 mars.
Au Canada, entre 1998 et 2022, la proportion de femmes (moins de 30 %) exerçant une profession en sciences appliquées et naturelles ou dans des domaines connexes a peu progressé, révèle l’étude. Bien que les femmes soient majoritaires dans les programmes collégiaux et universitaires, elles demeurent sous-représentées dans les domaines liés aux STIM. Au Québec, autour de 26% des personnes inscrites dans un programme universitaire en mathématiques, informatique, génie et sciences connexes sont des femmes. Ce chiffre demeure stable depuis plus de 15 ans.
L’enquête de la CCMM vient clore l’initiative Monte dans les STIM, développée par Montréal Relève, une filiale de la Chambre, grâce à la participation financière du Conseil emploi métropole. Elle a été réalisée en association avec l’UQAM, seule université impliquée dans ce projet, ainsi que CGI, en partenariat avec Beneva et le Regroupement des cégeps de Montréal.
Lancé en janvier 2023, le programme Monte dans les STIM consistait en l’organisation de rencontres et d’activités de mentorat visant à inciter des étudiantes de niveau collégial, actuellement inscrites dans un programme d’études lié aux STIM, à poursuivre un parcours universitaire et une carrière dans ces domaines. L’objectif était aussi de sensibiliser le milieu des affaires quant à la sous-représentation des femmes en STIM et à l’outiller afin d’impulser une culture du changement.
L’enquête de la CCMM a évalué l’impact du programme et jeté un regard sur les intérêts professionnels des étudiantes et sur leur perception des barrières limitant leur accès aux carrières scientifiques. Elle révèle le chemin restant à parcourir pour une meilleure représentation des femmes dans les STIM, alors que 63% des participantes au programme ont affirmé ne pas avoir de modèle, ce qui les décourage à s’engager dans des études et des carrières associées à ces domaines. L’enquête vient aussi confirmer l’impact positif d’un programme comme Monte dans les STIM. Les témoignages des participantes montrent que les activités de mentorat et les rencontres ont joué un rôle clé pour renforcer leur détermination à devenir des leaders dans les secteurs des STIM.
Des freins à surmonter
Pour la vice-doyenne à la recherche de la Faculté des sciences Isabelle Marcotte, la sous-représentation des femmes dans les secteurs des sciences est attribuable à plusieurs facteurs. «Pour encourager les jeunes filles à envisager des études et une carrière en sciences, il est important, en effet, d’accroître le nombre de modèles féminins inspirants. Si elles n’ont pas l’occasion de côtoyer ou de rencontrer des professeures et des chercheuses pendant leur cheminement, elles se disent que le monde de la recherche scientifique n’est pas pour elles!»
La conciliation entre les études ou le travail et la famille est un autre enjeu important, observe Isabelle Marcotte. «La difficulté de fonder une famille pendant de longues études peut constituer un motif pour renoncer à une carrière scientifique. Dans les organisations, on doit faire preuve de créativité et de flexibilité, penser à des aménagements répondant aux besoins des femmes qui assument des responsabilités familiales, notamment sur le plan des horaires.»
La vice-doyenne insiste, par ailleurs, sur l’importance d’agir tôt, tant dans l’environnement familial que scolaire, pour contrer les stéréotypes de genre qui détournent les jeunes filles des sciences et des mathématiques. «Il est aussi nécessaire, dit-elle, de faire connaître les possibilités de carrières en sciences, entre autres dans les écoles secondaires et les cégeps, grâce à des activités de mentorat et de réseautage.»
Bourses du Fonds pour les femmes en sciences
Le 4 avril prochain, dans le cadre de la troisième édition du Fonds pour les femmes en sciences, la Faculté des sciences remettra des bourses à cinq étudiantes de maîtrise et de doctorat dans les catégories Persévérance, Leadership et Ambition. Les récipiendaires sont Catherine Lalongé (maîtrise en sciences de l’environnement), Manel Gherari,(doctorat en informatique), Anna Caridys Ramírez Suárez (doctorat en biochimie), Maxine Cloutier-Gervais (maîtrise en sciences de l’atmosphère) et Arlette Fauteux (doctorat en biologie).
Créé en 2021 par la Faculté des sciences, en collaboration avec la Fondation de l’UQAM, le Fonds pour les femmes en sciences soutient des étudiantes des cycles supérieurs qui doivent surmonter des embûches de toutes sortes durant leur parcours scolaire, personnel ou professionnel. Ces femmes deviennent ainsi des modèles pour leurs jeunes consœurs, encouragées à leur tour à persévérer, à poursuivre et à terminer leurs études pour entamer une carrière scientifique.
Afin de maintenir et de mousser l’intérêt des jeunes filles pour la science et la technologie, la Faculté est, depuis cinq ans, partenaire officielle de l’événement Femmes et filles de science, organisé par le Centre des sciences de Montréal. Cet événement attire entre 2 000 et 4 000 personnes chaque année.
Au sein de la Faculté, Isabelle Marcotte a pour projet, à titre de vice-doyenne à la recherche, de développer des programmes de mentorat pour les étudiantes de premier cycle auxquels seraient associées des étudiantes des cycles supérieurs, des professeures et autres chercheuses. «Je souhaite également organiser des activités de réseautage au moyen, notamment, de rencontres avec des femmes qui évoluent dans le monde des sciences. Cela permettra d’illustrer les possibilités de carrières dans ce domaine», conclut-elle.