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Mélanie Raymond, du journalisme aux mathématiques

Après 12 ans dans les lettres, l’étudiante a renoué avec sa passion pour les chiffres.

Par Jean-François Ducharme

10 mai 2024 à 16 h 00

La Journée internationale des femmes en mathématiques, le 12 mai, vise à souligner l’apport des femmes à ce domaine traditionnellement masculin. À l’UQAM, une cinquantaine de femmes étudient dans un programme de baccalauréat, de maîtrise ou de doctorat, soit environ 30 % de l’effectif. Parmi elles, une nouvelle étoile. Mélanie Raymond, étudiante à la maîtrise, concentration en statistique, accumule les honneurs: médaille académique du Gouverneur général, bourse du Fonds pour les femmes en sciences, Prix du mérite de l’UQAM, bourse de doctorat en recherche du FQRNT.

Pourtant, ce n’est pas le domaine que la jeune femme avait initialement choisi. Avant de réorienter sa carrière, en 2019, Mélanie Raymond a travaillé durant 12 ans comme journaliste, notamment à titre de rédactrice et d’adjointe au chef de pupitre au réseau LCN. Elle est dans la salle des nouvelles lors de deux événements marquants de l’histoire du Québec: l’élection de Pauline Marois, en 2012, et la tragédie de Lac-Mégantic, en 2013. «Je vais me rappeler de ce matin de juillet toute ma vie, dit-elle. En dépit du peu d’information à notre disposition, nous avions réussi à couvrir un événement tragique de façon humaine.»

Malgré ces épisodes trépidants, une partie d’elle regrette de ne pas avoir poussé plus loin sa passion pour les mathématiques. Car Mélanie Raymond, tout en étant attirée par les communications, domaine dans lequel elle a étudié au cégep et à l’université, adore les maths depuis l’école primaire. «Résoudre des problèmes m’a toujours fait tripper, raconte-t-elle. Je ne voyais pas les problèmes de logique comme des devoirs. Je retirais beaucoup de satisfaction lorsque je trouvais la solution.» Au secondaire, elle remportait des concours et obtenait les meilleures notes de sa classe.

Un beau saut dans le vide

À l’automne 2019, après un bref passage en relations publiques, elle décide de s’inscrire en mathématiques à l’université. «C’est un peu épeurant de se lancer dans un nouveau domaine après plusieurs années loin des bancs d’école, confie l’étudiante. J’avais peur de ne pas pouvoir suivre la cadence. Mais, finalement, ce fut un beau saut dans le vide.». Elle choisit l’UQAM, entre autres, pour les accommodements offerts aux personnes qui retournent aux études. «Même si je n’avais pas fait mes maths au cégep et que je n’avais pas tous les préalables, j’ai pu suivre des cours d’appoint l’été, ce qui a accéléré mon cheminement.»

Au bac, elle fait la rencontre de profs inspirants qui lui proposent des stages d’initiation à la recherche. «J’ai adoré l’expérience, et ça m’a donné la piqûre pour continuer à la maîtrise.» Son mémoire, qu’elle rédige sous la codirection de Marie-Hélène Descary et Fabrice Larribe, porte sur une approche novatrice dans le domaine de la statistique génétique: l’apprentissage par renforcement. Elle souhaite construire des généalogies de population les plus courtes possibles afin de pouvoir estimer la position d’un gène causant une maladie. «L’apprentissage par renforcement est un peu comme essayer de trouver le chemin le plus court pour sortir d’un labyrinthe, explique-t-elle. C’est une toute nouvelle manière de construire des graphes de recombinaison ancestrale.»

Entre la rédaction de son mémoire, la préparation des soupers et des lunchs pour ses enfants de 7 et 9 ans et ses activités de promotion pour les femmes en sciences (dont cette capsule vidéo que l’on peut visionner sur le site UQAM.tv), Mélanie Raymond travaille comme auxiliaire d’enseignement pour le cours Statistique II. Elle travaille aussi une journée par semaine au Bureau d’évaluation et d’analyse financière de l’UQAM comme analyste d’affaires. Elle compte déposer son mémoire à la fin juin, puis commencer son doctorat en septembre. «Le doctorat est un défi personnel que je me suis lancé, dit-elle. Je ne me suis pas fixé d’objectif de carrière après le doctorat. Plusieurs avenues pourraient m’intéresser, alors je laisse l’avenir me surprendre.»