Une équipe de recherche interuniversitaire dirigée par la professeure du Département de géographie Michelle Garneau a reçu des subventions totalisant plus de 12 millions de dollars afin de mesurer, en continu, la quantité de carbone captée par les milieux humides naturels et perturbés. L’obtention de cet important financement a été annoncée par l’UQAM le 11 novembre, de concert avec le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Conservation de la nature Canada (CNC), Canards Illimités Canada et quatre autres universités québécoises (McGill, Laval, l’Université de Montréal et l’UQTR).
Les milieux humides constituent des puits de carbone particulièrement importants. Même s’ils ne couvrent que 5 % à 8 % de la superficie de la planète, ils renferment jusqu’à 30 % du carbone terrestre. Le Canada, pour sa part, regroupe 14 % de l’ensemble des milieux humides. Au Québec, ces milieux, formés en majorité de tourbières, couvrent environ 12,5 % du territoire, et ils capturent et stockent de 8 à 10 milliards de tonnes de carbone.
Le projet de recherche dirigé par Michelle Garneau, une experte reconnue à l’échelle internationale sur la question du carbone et des milieux humides, est unique au Canada. «Le projet permettra d’améliorer les connaissances sur le potentiel de séquestration du carbone des différents types de milieux soumis à des pressions naturelles et anthropiques, en vue de soutenir la conservation, la réhabilitation et la gestion des milieux humides, et de limiter ainsi les émissions de gaz à effet de serre, indique la professeure. Il servira aussi à outiller les différents paliers de gouvernements dans la réalisation de plans régionaux pour la conservation et l’aménagement des milieux humides et hydriques.»
Sur le financement de plus de 12 M$ accordé au projet, 3,38 M$ proviennent du Programme Alliance du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Cette somme s’ajoute à une subvention de 8,67 M$ du gouvernement du Québec, attribuée à Michelle Garneau dans le cadre du Plan pour une économie verte pour l’étude des bilans de carbone dans les milieux humides naturels et perturbés du Québec méridional.
«Ce programme d’acquisition de connaissances sur le cycle du carbone démontre une nouvelle fois le leadership de l’UQAM en matière de lutte contre les changements climatiques, a souligné le recteur Stéphane Pallage. Notre université, plus que jamais, est au cœur de toutes les innovations, au plus grand bénéfice de l’ensemble de la communauté.»
En plus de Michelle Garneau, l’équipe de recherche partenariale comprend les professeurs Paul del Giorgio, du Département des sciences biologiques, Sara Knox (géographie), de l’Université McGill, Oliver Sonnentag (géographie), de l’Université de Montréal, Vincent Maire et Alexandre Roy (sciences de l’environnement), de l’Université du Québec à Trois-Rivières, ainsi que Marc-André Bourgault (géographie) et Evelyne Thiffault (foresterie, géographie et géomatique), de l’Université Laval.
«Vers un Québec plus vert, résilient et sobre en carbone»
«La conservation et l’aménagement des milieux naturels pour favoriser la séquestration du carbone sont des outils indispensables dans la lutte contre les changement climatiques», a déclaré Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région des Laurentides. «Nous sommes fiers de contribuer à la progression des pratiques pour l’aménagement du territoire et je tiens à saluer les partenaires mobilisés dans cette démarche. Ce projet permet de poursuivre et d’élargir les efforts pour engager les organisations et la population dans la transition vers un Québec plus vert, résilient et sobre en carbone.»
«L’équipe de Conservation de la nature Canada pour la région du Québec est fière de contribuer à cet important projet d’acquisition de connaissances sur le carbone en permettant aux chercheuses et chercheurs d’accéder à des milieux naturels protégés peu perturbés, a indiqué Carine Deland, directrice de la conservation pour CNC – région du Québec. Les résultats attendus du projet nous permettront d’avoir des données précises, ce qui aidera à prioriser nos actions de conservation tout en bonifiant notre approche sur le marché volontaire du carbone.»
«Les solutions climatiques basées sur la nature, telles que les zones humides, peuvent aider le Canada à atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre, tout en fournissant de nombreux autres services écosystémiques importants tels que la biodiversité, la purification de l’eau et l’atténuation des inondations et des sécheresses», a observé Pascal Badiou, chercheur à l’Institut de la recherche sur les terres humides et la sauvagine de Canards Illimités Canada. «Nous nous réjouissons d’être partenaire de ce projet novateur qui fera appel à une technologie de pointe pour mieux quantifier les effets de la gestion des terres humides sur les émissions de gaz à effet de serre et les stocks de carbone.»
Création d’une chaire à l’UQAM
Une enveloppe de 1,5 M$, provenant du Plan pour une économie verte du gouvernement du Québec, a aussi été obtenue pour la mise sur pied de la Chaire de recherche québécoise portant sur l’étude du carbone dans les milieux humides comme solution fondée sur la nature pour lutter contre le changement climatique (CARCLIQUE), dont Michelle Garneau est la titulaire. Cette enveloppe constitue un complément au financement global de plus de 12 M$ du projet.