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Passerelle 840 a 25 ans

Le laboratoire permettant aux étudiantes en danse de présenter un essai chorégraphique personnel connaît toujours autant de succès.

Par Pierre-Etienne Caza

6 février 2024 à 8 h 21

On ne compte plus le nombre d’essais chorégraphiques présentés depuis 1998 à la Piscine-théâtre du Département de danse dans le cadre de Passerelle 840, qui célèbre ses 25 ans d’existence. «Ce succès est attribuable à l’enthousiasme et à l’engagement des étudiantes qui se sont approprié le projet dès le départ», se réjouit la professeure retraitée Marie Beaulieu, qui a participé à  son idéation.

Créé sous l’impulsion de la regrettée Martine Époque alors qu’elle était directrice du Département de danse, le laboratoire-galerie Passerelle 840 vise à encourager et à soutenir chez les étudiantes (majoritairement des femmes) et les récentes diplômées des programmes en danse un intérêt pour la recherche et l’expérimentation chorégraphiques. Le laboratoire a aussi pour objectif de favoriser l’acquisition de compétences liées à la conception, la gestion et la production d’un projet artistique.

«La possibilité de réaliser un essai personnel constitue une façon de se faire voir autrement, même pour les étudiantes qui ne sont pas en création, souligne Marie Beaulieu. Une passerelle représente l’occasion de laisser libre cours à sa créativité et, quand on a 20 ans, on veut cette liberté qui permet de se soustraire, le temps d’un projet, aux contraintes du cheminement imposé par le baccalauréat.»

Essais chorégraphiques parascolaires

Le nom du laboratoire, que l’on doit également à Martine Époque, est une référence à l’adresse du pavillon de Danse – le 840, rue Cherrier. «Martine souhaitait offrir la possibilité aux étudiantes et aux diplômées de se faire voir, de faire le pont entre leurs études et le début de leur carrière professionnelle», raconte Marie Beaulieu.

Jeune professeure, celle-ci siégeait au conseil d’administration de l’Agora de la danse (pendant près de 20 ans, le Département de danse a partagé son pavillon avec deux organismes de diffusion, Tangente et l’Agora de la danse,les deux organismes ayant déménagé en 2017 dans le Quartier des spectacles). «Lorsque j’ai présenté le projet original de Passerelle 840, on m’a mise en garde: on allait nous poursuivre si nous allions de l’avant avec l’idée de présenter des spectacles. Il était clairement stipulé dans le contrat qui nous unissait à l’Agora et à Tangente qu’il ne devait pas y avoir d’autres organismes de diffusion que ces deux-là dans notre bâtiment.»

Marie Beaulieu demande alors six mois pour repenser le projet en collaboration avec l’Association modulaire étudiante en danse. La formule qui sera finalement retenue est celle d’essais chorégraphiques, individuels ou en groupe, présentés à la Piscine-théâtre à titre d’activités parascolaires. «Il ne fallait jamais utiliser le terme ‘’spectacle’’ et les essais devaient être présentés à 18 h pour ne pas nuire à l’entrée en salle des spectacles à l’affiche en soirée», se souvient-elle.

Les artistes participant à ces essais devaient être diplômées depuis moins de deux ans et ne jamais avoir bénéficié d’une diffusion par Tangente. «Une professeure ou une chargée de cours devait superviser chaque essai», se rappelle Marie Beaulieu.

Le succès fut instantané. «Les étudiantes adoraient l’idée de pouvoir faire des essais libres, tellement qu’après un ou deux ans, nos professeures s’alarmaient: les étudiantes négligeaient leurs cours pour préparer leurs passerelles!», raconte Marie Beaulieu. Une nouvelle règle a été instaurée: seules les étudiantes de deuxième et de troisième année pouvaient réaliser une passerelle.

Marie Beaulieu est demeurée à la barre du projet durant les quatre premières années. «Je devais faire un rapport chaque année afin de démontrer la viabilité de la formule. La troisième année, les étudiantes ont écrit le rapport toutes seules, en plus de se donner d’autres règles plafonnant le nombre de passerelles par année et instaurant un système de sélection pour l’acceptation des demandes.»

Un appel à projets chaque trimestre

La Passerelle 840 est autogérée par un comité de gestion formé par des étudiantes. Ce comité est sous la responsabilité d’un professeur élu par ses pairs et la supervision du chargé de projets du Département de danse. Au début de chaque session d’automne et d’hiver, le comité de gestion émet un appel de projets. Chaque étudiante doit s’assurer du concours d’une enseignante du Département de danse ou d’une étudiante des cycles supérieurs de son choix à titre de conseillère artistique avant de soumettre sa candidature.

Les essais chorégraphiques de la Passerelle 840 sont présentés d’octobre à mai au pavillon de Danse.