Grâce à une collaboration entre Druide, développeur d’Antidote, et l’Office québécois de la langue française (OQLF), une trentaine de néologismes ont été ajoutés en 2023 au populaire logiciel de correction. “Aéroabstinent ” pour flight-free traveler, “cyberimposteur” pour catfisher ou “instavidéaste” pour live streamer font partie de la liste de nouveaux mots proposés par l’OQLF comme équivalents de termes étrangers, généralement anglophones, même s’ils ne sont pas encore implantés dans l’usage.
Une cinquantaine de néologismes supplémentaires ont été inclus dans la dernière mise à jour d’Antidote, disponible depuis le 20 février dernier. «En plus de l’OQLF, nous avons établi des collaborations avec le Bureau de la traduction du gouvernement fédéral et avec la Commission d’enrichissement de la langue française de France, qui a proposé plusieurs nouveaux termes liés aux sports en vue des Jeux olympiques de Paris cet été», souligne la chargée de cours du Département de linguistique Julie Rinfret (Ph.D. linguistique, 2009), cheffe de la lexicographie française chez Druide, qui supervise l’entrée des nouveaux mots.
Terminologues et lexicographes
Julie Rinfret enseigne à l’UQAM depuis près de 20 ans. «Les néologismes m’ont toujours intéressée, dit-elle. Dans le cours Lexicologie et lexicographie, que je donne depuis plusieurs années, je demande aux étudiantes et aux étudiants de chercher des mots qui ne sont pas dans le dictionnaire et de proposer des définitions.»
Lorsqu’elle est entrée en poste chez Druide, en 2022, elle a rapidement pris contact avec l’équipe de terminologues de l’OQLF. «Mon rôle de lexicographe, qui atteste l’usage des mots, est bien différent de celui des terminologues, qui proposent de nouveaux mots, mentionne Julie Rinfret. Mais nous avons tout intérêt à collaborer si nous souhaitons favoriser l’implantation des nouveaux termes français.»
Concrètement, une personne qui écrira un anglicisme se verra proposer un néologisme par le correcteur d’Antidote. «Une note précisera que c’est une réalité nouvelle dont l’appellation ne s’est pas encore stabilisée», précise Julie Rinfret.
Les utilisateurs seront aussi dirigés vers le dictionnaire d’Antidote, qui indiquera une définition du terme ainsi que l’année de création du néologisme. «Nous souhaitons que les néologismes aient une durée de vie limitée, dit-elle. Si le néologisme n’est pas entré dans l’usage après quelques années, nous le retirerons.»
Coups de cœur
Parmi les coups de cœur de la cheffe de la lexicographie française se trouvent “aéroabstinent” (une personne qui renonce à prendre les transports aériens pour des raisons écologiques) et “spectatricherie”, équivalent de stream sniping. «Ces mots s’intègrent à notre système linguistique du français et leur sens est transparent», mentionne Julie Rinfret. Le terme “spectatricherie” a d’ailleurs été proposé lors d’un concours de créativité lexicale que l’OQLF organise chaque année dans les écoles secondaires. «Cela démontre le souci des jeunes pour préserver la langue française», se réjouit la chargée de cours.
Julie Rinfret est fière d’avoir contribué à ce projet, qui aura un impact sur la qualité de la langue française. «Avant de travailler pour Druide, j’étais déjà une fidèle utilisatrice d’Antidote, que je considère comme un produit québécois de grande qualité. Mon poste chez Druide met de l’avant tous mes talents: mon leadership, ma passion pour les mots et pour la sémantique lexicale.»