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L’UQAM dépose un avis sur le Projet de politique de la vie nocturne montréalaise

Quatre conditions sont essentielles à l’enrichissement d’une vie nocturne harmonieuse, selon l’avis.

25 mars 2024 à 12 h 31

De nombreuses villes reconnaissent la contribution significative de la vie nocturne dans leur développement tant économique et culturel que social. En réponse à l’appel de consultation lancé par la Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation de la Ville de Montréal, la vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin Priscilla Ananian a présenté, le 22 mars dernier, l’avis de l’UQAM sur le Projet de politique de la vie nocturne montréalaise.

Ancrée dans le Quartier latin depuis cinq décennies, l’UQAM s’intéresse à l’ensemble des dimensions reliées à ce quartier et à la ville, incluant la vie nocturne, dont l’effervescence est reconnue et appréciée. Cette vie nocturne, toutefois, génère certaines tensions et des conflits d’usages entre les partenaires de l’écosystème culturel, touristique et économique, et les résidentes et résidents. Engagée envers son environnement, l’UQAM souscrit à l’intention de mieux encadrer les activités nocturnes et de favoriser une cohabitation harmonieuse des usages, et entre usagères et usagers.

L’Université souligne que sa communauté de 35 000 étudiantes et étudiants s’ajoute à la population du Quartier latin et du Quartier des spectacles, pour qui il est primordial d’établir des modalités de cohabitation claires en matière de vie nocturne. Les expertes et experts de l’UQAM sont en mesure d’analyser et de documenter ces dispositions ainsi que de nombreuses autres dimensions liées à une politique de la vie nocturne: aménagement urbain, gouvernance, comportements sociaux, développement culturel ou sécurité publique. «Il faut renforcer les liens entre les équipes de recherche, la métropole et les partenaires socioéconomiques, et offrir des occasions de solutions aux enjeux urbains», affirme la vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin.

Dans son avis, l’Université propose de réunir quatre conditions à l’enrichissement d’une vie nocturne harmonieuse pour toutes et tous.

Une mise en place progressive et ciblée

Dans le cadre de la création d’une politique de la vie nocturne, l’UQAM insiste sur l’importance d’un déploiement progressif et ciblé par zones en ce qui concerne l’augmentation des heures d’ouverture au-delà de la limite actuelle. Ces zones devront être définies par leur caractérisation nocturne avec une forte concentration culturelle.

Le déploiement graduel de la politique devra également être assorti d’un mécanisme de suivi et de rétroaction, auquel seraient conviées les parties prenantes, afin d’assurer une mise en œuvre structurée et harmonieuse des activités et des services la nuit. Ainsi, l’UQAM propose la création de tables de concertation par zones ciblées, constituées notamment de résidentes et résidents, d’expertes et d’experts universitaires, de personnes représentant une société de développement commercial, des salles de spectacle ou des regroupements communautaires intervenant auprès de populations marginalisées. Instaurées tant pour la phase des projets pilotes que de manière pérenne, ces tables formuleraient des recommandations à la Ville sur la base de leurs observations.

Une approche intégrée et concertée

Étant donné que la vie nocturne induit des interventions hors des heures habituelles, l’UQAM recommande que la Ville établisse un guichet unique accessible 24 h/24, tant pour ses propres services (sécurité publique, permis, entretien ou transport) que pour les citoyennes et citoyens et les responsables de la programmation nocturne.

Un contexte sécuritaire et respectueux

Chacune et chacun doit bénéficier d’un contexte sécuritaire pour vivre l’expérience de la nuit. La mobilité et le transport public doivent être facilement accessibles toute la nuit, à tout le moins dans les zones ciblées, et l’éclairage et l’aménagement urbains doivent également être sécurisants, recommande l’UQAM.

Considérant que le Quartier latin est reconnu comme lieu de déploiement de la vie nocturne, l’UQAM propose que ce statut serve à tester des initiatives structurantes. La mise à niveau d’infrastructures dans ce secteur serait ainsi l’occasion de réaliser des projets novateurs:

– Profiter du réaménagement de la portion nord de la place Émilie-Gamelin pour y installer un bloc sanitaire signature, en fonction 24 h/24;

– Remplacer les lampadaires actuels de la rue Saint-Denis par un éclairage dynamique, qui permettrait des parcours plus sécuritaires et conviviaux dans l’espace public, tout en contribuant à l’animation de rue. On pense notamment à une scénographie lumineuse avec le clocher de l’UQAM, dont l’éclairage est programmable.

Par ailleurs, les activités nocturnes devront se dérouler dans le respect des résidentes et résidents. Des initiatives visant la sensibilisation, la médiation et l’accompagnement la nuit devront être promues afin de prévenir les nuisances, surtout sonores, et d’assurer une régulation de la vie nocturne.

Parmi ces initiatives, le modèle des brigades de nuit, déjà en fonction dans certains quartiers et dans d’autres métropoles, pourrait être étendu à l’ensemble des territoires ciblés et bénéficier d’une formation uniforme et d’un accompagnement adéquat.

Une offre vibrante

Bien que plus marginale, la vie nocturne propose un espace de création et d’inspiration foisonnant. Il importe de consolider un cadre propice à son expression, qu’il s’agisse d’offres artistiques, de lieux de rencontre ou de restauration, indique l’UQAM. Pour certaines personnes – travailleuses et travailleurs du système de santé ou dans les entreprises avec des quarts de nuit –, la nuit est un mode de vie dont il faut assurer la qualité.

«L’UQAM souscrit à la vision d’une métropole vibrante et créative, de jour comme de nuit. Une politique de la vie nocturne devra promouvoir des mesures en ce sens et tenir rigoureusement compte des citoyennes et des citoyens», a indiqué Priscilla Ananian en réitérant l’importance de faire appel aux expertises universitaires pour accompagner la mise en œuvre de la politique. «Les professeures et professeurs de l’UQAM s’investissent dans l’ensemble des dimensions concernées et peuvent contribuer à la définition et à l’évaluation des mesures ainsi qu’à l’instauration des modes de rétroaction, de concert avec l’administration municipale et les parties prenantes», a-t-elle conclu.