À l’occasion des cérémonies de collation des grades qui se sont déroulées du 5 au 9 juin derniers, l’UQAM a décerné un doctorat honoris causa à six personnalités au parcours exceptionnel: l’auteur-compositeur-interprète Daniel Bélanger, l’entrepreneure Monique Chartrand, l’artiste et militante autochtone Ellen Gabriel, le chef d’entreprise Alexandre L’Heureux, le journaliste Charles Tisseyre et l’historienne Dorothy W. Williams.
Daniel Bélanger

Un doctorat honorifique a été remis à l’auteur-compositeur-interprète Daniel Bélanger sur la recommandation de la Faculté des arts. L’Université reconnaît le caractère exceptionnel de la carrière artistique de cet arrangeur, producteur et multi-instrumentiste, qui couvre plus de 40 années, ainsi que son apport au patrimoine culturel québécois.
Né à Montréal en 1961, Daniel Bélanger rêve dès son jeune âge de faire de la musique, domaine qu’il explore en autodidacte. En 1992, il met au monde son premier album, Les insomniaques s’amusent. Textes ciselés, mélodies accrocheuses, arrangements recherchés, les critiques parlent d’un renouveau du son québécois. Le disque, certifié platine en un an, atteint les 175 000 exemplaires vendus et vaut à son auteur cinq Félix. Après Quatre saisons dans le désordre, paru en 1996, certifié lui aussi platine et lauréat de deux Félix, puis Tricycle, lancé en 1999, Daniel Bélanger revient en 2001 avec Rêver mieux. Plusieurs mélomanes classeront cet album au rang des plus aboutis des dernières décennies et de modèle pour la qualité de la réalisation en studio. Son plus récent opus, Mercure en mai, paru en 2023, a connu un succès retentissant, lui valant cinq prix au Gala de l’ADISQ.
L’artiste touche aussi à la littérature en fondant la maison d’édition Coronet Liv en 1996 et en publiant trois ouvrages de 2011 à 2022, en plus d’être l’auteur de musiques pour le cinéma et le théâtre. Son œuvre est marquée par une navigation harmonieuse entre diverses signatures sonores. Cette capacité de se renouveler avec polyvalence, gage d’une maîtrise de son art, lui confère une longévité digne de mention.
Monique Chartrand

Sur la recommandation de la Faculté de communication, Monique Chartrand a été honorée pour sa contribution à la démocratisation des technologies de l’information et des communications (TIC), particulièrement auprès des populations vulnérables. Diplômée en éducation spécialisée et bachelière en sexologie, elle s’initie à Internet et se passionne pour les TIC dans les années 1990. En 2002, elle devient directrice générale de Communautique, un OBNL soutenant la participation citoyenne en favorisant l’accès aux TIC et leur appropriation.
Monique Chartrand conclut une entente avec Services Québec pour offrir des formations gratuites à Internet grâce au projet PING! Avec les Premières Nations et les Inuits, elle met en œuvre un projet pour développer chez les jeunes de ces communautés des compétences numériques liées à des métiers d’avenir. Pour améliorer ces mêmes aptitudes auprès de la relève, elle instaure un programme de stages, notamment dans des PME. Enfin, elle participe à des recherches sur l’inclusion numérique de divers groupes, comme les personnes aînées ou celles vivant en situation de handicap.
Pionnière, elle joue un rôle majeur dans le déploiement des Fab Labs, des laboratoires de fabrication collaboratifs. Elle est l’instigatrice du premier laboratoire du genre au Canada – l’échoFab de Communautique – et des réseaux Fab Labs Québec et Fab Labs Nation. Pendant la pandémie, elle fédère ces réseaux pour transformer l’échoFab en manufacture de visières de protection pour le personnel de la santé. Lauréate, en 2019, du programme Women4Climate du prestigieux réseau C40 Cities, elle fait de Montréal l’hôte des rencontres mondiales des Fab Labs et du mouvement Fab City en 2021, puis contribue à l’organisation, en 2023, de l’événement Campus Fab City Montréal à la rencontre des Amériques, qui rassemble quelque 2000 personnes.
Ellen Gabriel

En rendant hommage à Ellen Gabriel sur la recommandation de sa Faculté de science politique et de droit, l’UQAM reconnaît le dévouement de l’artiste et militante mohawk dans la défense des droits des peuples et des femmes autochtones et dans la protection de leurs terres ancestrales. Membre de la communauté Kanehsatà:ke, elle mène depuis bientôt 35 ans un combat artistique et féministe. Bachelière en beaux-arts de l’Université Concordia et diplômée de la New York Film Academy, elle se fait connaître en 1990 en agissant comme porte-parole du mouvement de résistance contre le projet d’agrandissement d’un terrain de golf sur les terres traditionnelles de sa communauté, lors de la «crise d’Oka».
Présidente de Femmes Autochtones du Québec de 2004 à 2010, Ellen Gabriel dénonce le sexisme de la Loi sur les Indiens et joue un rôle central dans l’élaboration du projet Wasaiya, réalisé en partenariat avec le Service aux collectivités de l’UQAM, qui vise à mieux outiller les femmes autochtones concernant leurs droits. Dénonçant très tôt les disparitions de femmes autochtones, elle lutte contre l’impunité qui perdure. La préservation des langues autochtones figure également parmi les causes qu’elle embrasse.
Ellen Gabriel a obtenu le prix de la Journée internationale des femmes du Barreau du Québec, le Golden Eagle Award de l’Association des femmes autochtones du Canada et le Jigonsaseh Women for Peace Award de l’organisme américain Indigenous Women’s Initiatives. En 2024, elle devient la première lauréate autochtone du Grand Prix du Conseil des arts de Montréal. Cette distinction auréole son documentaire de 2021 sur le siège de Kanehsatà:ke. L’œuvre intitulée Kanàtenhs – When the Pine Needles Fall a reçu plusieurs distinctions à travers le monde.
Alexandre L’Heureux

Sur la recommandation de l’École des sciences de la gestion, un doctorat honorifique a été décerné au chef d’entreprise Alexandre L’Heureux (B.A.A. sciences comptables, 1996) pour son apport à la croissance du Groupe WSP Global, qu’il dirige. Cette firme de génie et de services professionnels figure dans le classement 2023 des meilleures entreprises au monde de la revue Time. Première firme d’ingénierie au Québec, elle est aussi en tête de la liste des firmes internationales de conception du magazine Engineering News-Record.
Alexandre L’Heureux entame son cheminement professionnel comme gestionnaire d’équipe chez Deloitte, puis devient vice-président des opérations de Bisys Hedge Fund Services, de 2003 à 2005. Son parcours le conduit ensuite à New York comme associé et chef de la direction financière chez Celtic Therapeutics, dont il supervise les 60 entités réparties entre les États-Unis et l’Europe. En 2010, il joint WSP Global à titre de chef de la direction financière. Six ans plus tard, il est nommé président et chef de la direction. Aujourd’hui, cette firme compte plus de 67 000 employés et développe quelque 150 000 projets sur tous les continents. En 2023, ses revenus s’élevaient à 14,4 milliards de dollars.
Philanthrope, Alexandre L’Heureux soutient, notamment, l’orchestre Angèle Dubeau & La Pietà et la Fondation du Musée d’art contemporain. Il joue un rôle actif auprès de la Fondation du CHUM et de la Fondation Marie-Vincent, qui vient en aide aux jeunes victimes de violence sexuelle. Membre de l’Institut canadien des comptables agréés, du Cercle canadien de Montréal et du CFA Institute, Alexandre L’Heureux été nommé Fellow de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec en 2017 et Global Visionary of the Year par le Globe and Mail en 2022.
Charles Tisseyre

L’UQAM a honoré le journaliste Charles Tisseyre, sur la recommandation de sa Faculté des sciences, reconnaissant ainsi sa contribution à la diffusion des savoirs et à l’avancement de la culture scientifique québécoise.
Licencié en droit de l’Université de Montréal, Charles Tisseyre commence sa carrière de journaliste à Radio-Canada International, en 1974, où il cultive l’art de s’exprimer avec rigueur, clarté et concision. Quatre ans plus tard, il est affecté aux nouvelles télévisées de Radio-Canada. Couvrant une variété de sujets, il réserve une place de choix aux nouvelles scientifiques, malgré le peu d’attention dont elles font l’objet à cette époque. En 1986, il est promu co-animateur de l’émission Montréal ce soir, puis, en 1989, animateur du Téléjournal de 22 h, les fins de semaine. En 1992, il devient animateur de l’émission Découverte, poste qu’il occupe toujours. À travers la présentation de reportages dans de multiples domaines – santé, exploration spatiale, développements technologiques, environnement et changements climatiques –, le journaliste manifeste son habileté à vulgariser des concepts parfois complexes, sans sacrifier la richesse des contenus.
Le 19 juin prochain, Charles Tisseyre recevra l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec. Il a obtenu, en 2015, la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec et, en 2016, le prix Camille-Laurin de l’Office québécois de la langue française. Membre de l’Ordre du Canada depuis 2018 et détenteur d’un doctorat honoris causa de l’Université de Sherbrooke (2019), il a reçu en 2024 cinq prix Artis et le prix Thérèse-Patry, remis conjointement par l’Association des communicateurs scientifiques du Québec et Radio-Canada. Depuis 1995, Charles Tisseyre préside les Éditions Pierre Tisseyre, fondées par son père, dont le catalogue jeunesse fait la part belle aux ouvrages de vulgarisation scientifique.
Dorothy W. Williams

Sur la recommandation de la Faculté des sciences humaines, un hommage a été rendu à l’historienne Dorothy W. Williams pour son engagement, depuis plus de 40 ans, à faire connaître et reconnaître l’histoire des personnes noires de Montréal et du Canada. Figure emblématique de la communauté noire de Montréal, elle détient une maîtrise en histoire de l’Université Concordia et un doctorat en bibliothéconomie et sciences de l’information de l’Université McGill. Dorothy W. Williams a publié, en 1989, Blacks in Montreal 1628-1986: An Urban Demography, puis The Road to Now: A History of Blacks in Montreal, en 1997, seule étude chronologique sur les communautés noires de Montréal. S’ajoutent à ces publications plusieurs articles, chapitres de livres et contributions à des œuvres collectives, un corpus alimentant un champ de recherche qui n’existait pas auparavant.
L’historienne a fondé, en 1995, l’organisme Ethnocultural Diffusions, qui recueille des témoignages oraux sur l’histoire des personnes noires à Montréal. Elle a aussi créé, en 2006, Blacbiblio.com, un portail de ressources couvrant l’ensemble du territoire canadien. Puis, en 2016, elle participe à la création de l’ABC de l’histoire des Noirs au Canada, un outil pédagogique utilisé dans des centaines d’écoles à travers le pays. Enfin, elle a fait bénéficier de son expertise quantité de films, de projets documentaires, de séries et d’autres productions.
Officière de l’Ordre de Montréal, Dorothy W. Williams fut la première Canadienne à obtenir, en 2000, la prestigieuse bourse E.-J.-Josey de l’American Library Association. Elle a aussi remporté, en 2002, le Prix québécois de la citoyenneté du gouvernement du Québec et le prix John-G.-Dennison 2022, remis par Black History Ottawa. L’Afromusée de Montréal, premier musée québécois dédié à l’héritage culturel africain, lui a consacré son exposition inaugurale en 2022.