Pour une deuxième année consécutive, des élèves de l’école Nuvviti, à Ivujivik, au Nunavik, ont créé un album jeunesse avec l’aide d’une équipe de la Faculté des arts. «Ce sont les élèves eux-mêmes qui nous ont invités à refaire le projet, puisqu’ils avaient grandement apprécié leur expérience l’an dernier», affirme la professeure du Département d’études littéraires Geneviève Lafrance. La professeure est la fondatrice du projet Un livre à la fois, né en 2017 d’une collaboration entre la Faculté des arts et l’école primaire Champlain de Montréal. Le projet a été adapté au Nunavik.
Pour cette deuxième édition, 26 élèves de 8 à 13 ans ont créé le livre L’œuf de la terre, inspiré d’un récit traditionnel inuit. Le livre a été publié par le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, dirigé par le professeur Daniel Chartier, en coédition avec Un livre à la fois. Les étudiantes Azucena Pelland-Ortiz (maîtrise en études littéraires) et Charlotte Roussel (baccalauréat en design graphique) ont participé à la conception du livre.
Broderie et théâtre
À l’automne 2023, Geneviève Lafrance et Azucena Pelland-Ortiz se sont rendues à l’école Nuvviti pour donner des ateliers de création littéraire. En amont de ces ateliers, deux artistes aînées d’Ivujivik avaient raconté aux enfants des récits traditionnels inuits. «C’est à partir de ces récits que les enfants ont imaginé que la Terre pondait des œufs, et que ces œufs renfermaient des mystères, souligne Azucena Pelland-Ortiz. Nous avons peaufiné les détails de l’histoire afin qu’elle soit bien ancrée dans l’univers narratif des enfants.»
Les élèves ont illustré leur histoire lors d’ateliers d’arts visuels basés sur des techniques de linogravure et de broderie sur feutrine, deux techniques traditionnelles au Nunavik. «Afin de donner de la texture aux images, les enfants ont fait des collages à partir de morceaux de peaux de phoques, de cartons et de tissus», précise l’étudiante.
Nouveauté cette année: des membres du personnel de la Compagnie de théâtre des Inuits du Nunavik Aaqsiiq ont offert des ateliers d’exercices théâtraux aux élèves. «Ces exercices ont aidé les enfants à mobiliser leur imaginaire et à surmonter la barrière linguistique entre le français et l’inuktitut», mentionne Geneviève Lafrance.
Des versions en français-inuktitut et en anglais-inuktitut ont été produites. «Cela permet une meilleure diffusion du livre au Nunavik, où l’anglais est plus répandu que le français», précise Geneviève Lafrance.
La conception graphique a été réalisée par Charlotte Roussel et une version audio du livre a été enregistrée par les élèves de l’école.
Transmettre un héritage
Au printemps, Geneviève Lafrance et Azucena Pelland-Ortiz sont retournées à l’école Nuvviti pour assister au lancement du livre, qui a eu lieu le 8 avril. «Plus de 100 personnes étaient présentes, ce qui confirme l’impact du projet dans ce village de 420 habitants», se réjouit la professeure. Après avoir lu leur livre, les élèves ont remis des copies à plusieurs membres de la communauté. «Les enfants ont pu ressentir la fierté d’être des passeurs de culture», commente Geneviève Lafrance.
Le livre a également été adapté en pièce de théâtre par Aaqsiiq. La pièce a été présentée à l’école le 25 avril dernier.
Durant les ateliers d’arts visuels, une vidéo à teneur pédagogique sur la linogravure a été réalisée en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec. La vidéo sera lancée au cours des prochains mois.