La Révolution tranquille sous l’angle international
La Révolution tranquille est souvent présentée comme une expérience propre au Québec et unique au monde. Dans l’ouvrage collectif La Révolution tranquille entre l’ici et l’ailleurs, publié sous la direction du professeur du Département d’histoire Stéphane Savard et de l’historien Jean-Philippe Carlos, une quinzaine d’experts recontextualisent les transformations de cette époque dans une optique internationale. Ils montrent que ces transformations font partie de courants occidentaux plus vastes associés à la modernité et aux mutations des valeurs. Ainsi, le nationalisme québécois des années 1960-1969 s’inscrit dans la montée des nationalismes minoritaires en Europe et dans les discours sur la décolonisation chez les Noirs américains, en Afrique, en Amérique latine et en Asie. On peut également considérer l’interventionnisme étatique des responsables politiques de la Révolution tranquille dans le contexte du développement de l’État-providence dans les démocraties occidentales. «Les acteurs québécois qui font et vivent la Révolution tranquille développent des liens avec des groupes et des personnes de l’extérieur, tissent des réseaux de contacts, importent et exportent des idées et des expériences jugées enrichissantes», rappellent Stéphane Savard et Jean-Philippe Carlos. C’est le cas de plusieurs étudiants québécois formés en Europe et aux États-Unis qui, à leur retour, contribuent au déploiement des institutions de l’État québécois. Paru aux éditions du Septentrion.
Un polar aux allures de Stephen King
«Ici les gens croient aux sorcières et aux fantômes. Au point de clouer des fers au-dessus de leur porte. De suspendre des carillons parfois. Ou même de planter des gnomes dans leur jardin. Pourtant, on ne recense pas à Mystic plus de phénomènes surnaturels qu’ailleurs.» Congé, le cinquième roman de la professeure du Département d’études littéraires Cassie Bérard, suit Clémence, une policière en congé vivant à Mystic, dans les Cantons-de-l’Est. Alertée par un mystère qui la dépasse, l’héroïne se rend à Portland, dans le Maine (lieu de naissance de Stephen King), sur les traces de son amant Jacob, qui se prend lui-même pour le maître de l’horreur. Il appert que Jacob a interrogé plusieurs individus de Mystic au sujet d’un meurtre irrésolu datant de 1903, ce qui ouvre une brèche dans l’histoire du village. Tandis que les liens entre les personnages se complexifient, les motivations de Clémence sont de plus en plus opaques. Peut-être parce que la narratrice n’a qu’un accès limité à ses pensées… On peut obtenir un avant-goût du roman en visionnant cette capsule vidéo mettant en vedette Cassie Bérard, qui enseigne les théories de la fiction, les narrations extrêmes et la création littéraire à l’UQAM. Publié aux Éditions La Mèche.
L’art de parler aux journalistes
Après le succès de leur précédent ouvrage Comment parler aux médias, le professeur du Département de communication sociale et publique Bernard Motulsky et le journaliste René Vézina présentent une mise à jour complète de leur texte devenu une référence dans les cercles professionnels et universitaires. «Il est fréquent d’entendre des gens dire qu’ils se sont fait flouer dans leurs relations avec quelque journaliste que ce soit. C’est dommage. Il y a tellement à gagner lorsqu’on sait bien s’y prendre!», soulignent-ils dans L’art de parler aux journalistes. Leur ouvrage brosse un portrait complet de l’écosystème médiatique, abordant les besoins des journalistes, leurs pratiques et leur rôle fondamental ainsi que l’impact croissant des médias sociaux. Il rappelle les cinq piliers essentiels pour attirer et retenir l’attention des journalistes – avoir une vraie nouvelle, rester simple, avoir réponse aux questions, être libre de son temps et s’inscrire dans l’actualité –, tout en proposant de nouveau les dix commandements pour réussir une entrevue et répondre aux attentes des spécialistes de l’information. Ce guide pratique, élaboré à partir de l’expérience des nombreux séminaires de formation donnés au fil des ans par le duo, constitue un ouvrage essentiel pour quiconque devra, un jour ou l’autre, participer à une entrevue journalistique. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Qu’est-ce que savoir veut dire?
Dans Ce que savoir veut dire, publié sous la direction de Guillaume Lamy, doctorant en science politique et animateur à Savoir Média, plus de 25 personnalités québécoises – journalistes, écrivains, scientifiques, philosophes, historiens et autres spécialistes des sciences naturelles ou humaines – témoignent des connaissances qui ont marqué leur vie. Elles expliquent avec leur tête et leur cœur ce que savoir veut dire pour elles, pour eux, pour l’humanité. Loin d’être une abstraction, «le savoir est au cœur des identités et provoque partout sur son passage de véritables révolutions intérieures», écrit Guillaume Lamy. «Limiter son accès ne peut être justifié qu’en cas de force majeure et toute autre restriction relève de la faute, souligne le doctorant. Faute morale d’abord, car priver de savoir ceux qui cherchent immobilise à l’état de larve des projets qui prendraient autrement la forme d’une libération. Faute politique ensuite, car une restriction injustifiée d’accès aux connaissances doit être nommée comme un procédé de production de l’ignorance.» Des professeurs de l’UQAM, certains à la retraite, ont collaboré à l’ouvrage, dont Normand Baillargeon (éducation et pédagogie), Georges Leroux (philosophie), Pierre Chastenay (didactique), Mathieu Boisvert (sciences des religions) et Joseph Yvon Thériault (sociologie). Paru aux éditions du Septentrion.
État des lieux de la recherche en danse
La danse est aujourd’hui un objet d’étude pluridisciplinaire, qui dépasse les questions esthétiques ou poïétiques. Sa transmission peut être éclairée par des approches didactiques, pédagogiques, identitaires, ergonomiques, anthropologiques ou psychologiques. L’ouvrage Transmettre la danse, sous la direction de la professeure associée du Département de danse Hélène Duval et de la chercheuse de l’Université d’Aix-Marseille Alexandra Arnaud-Bestieu, a pour but de dresser un état des lieux de la recherche sur la transmission en danse. Neuf chercheuses françaises et québécoises y décrivent les cadres épistémologiques et méthodologiques mobilisés dans leurs recherches pour exposer des dimensions précises de cette transmission. Le livre propose des pistes méthodologiques détaillées, qui permettent de développer les compétences professionnelles ainsi qu’une réflexion critique. Professeure au Département de danse depuis 2005, Hélène Duval a tissé plusieurs liens avec des universités françaises au cours des dernières années. La spécialiste des pratiques pédagogiques en danse a notamment été professeure invitée à l’Université de Nice en 2014 et à l’Université de Bordeaux en 2017, où elle a fait l’objet d’un documentaire que l’on peut visionner sur la plateforme UQAM.tv. Publié aux Presses universitaires de Provence.
Les cobayes oubliés
À Montréal, dans les années 1950, le psychiatre renommé Ewen Cameron rêve de guérir la schizophrénie et multiplie les expériences sur ses patients: doses massives d’électrochocs, administration de LSD, messages aliénants joués en boucle. Il souhaite parvenir à reprogrammer le cerveau de ses patients, qui ne s’en tirent pas tous indemnes. Plusieurs décennies plus tard, des journalistes de CBC s’intéressent à ce pan obscur de l’histoire de la psychiatrie au Canada, et le véritable contexte des travaux du docteur Cameron est alors mis au jour. Motivée par le climat paranoïaque de la guerre froide, la CIA a en partie financé ces expériences via le programme occulte MK-ULTRA. Objectif: réussir à contrôler le cerveau humain et, notamment, celui des prisonniers de guerre. D’abord présentée sous forme de documentaire télévisé à la CBC, cette enquête donne ensuite lieu à une série balado (Brainwashed en anglais, puis Brainwashed: les cobayes oubliés en français). Le livre Les cobayes oubliés propose une synthèse du scandale MK-ULTRA. «Si vous avez apprécié les documents sonores, vous trouverez ici beaucoup d’autres informations historiques, de mises en contexte, et de témoignages, actuels et anciens», note la journaliste Sophie-Andrée Blondin (B.A. communication, 1985), qui assure la narration de la version française du balado et qui cosigne l’ouvrage avec la journaliste de CBC Lisa Ellenwood. Publié chez Édito.