La pratique musicale est susceptible d’avoir amélioré le niveau de bien-être, de santé mentale et de soutien social durant la pandémie de COVID-19, tout particulièrement chez les musiciennes et musiciens férus, en parallèle, d’activités sportives et d’implication sociale. C’est la conclusion d’une étude réalisée par les professeures Audrey-Kristel Barbeau, Isabelle Héroux et Gina Ryan, et par le chargé de cours et doctorant en études et pratiques des arts Louis-Édouard Thouin-Poppe, publiée dans Frontiers in Psychology.
Les données pancanadiennes analysées pour cet article proviennent de 2 438 personnes de 14 ans et plus qui ont rempli un questionnaire à un moment ou l’autre au cours de la période s’étendant de la première vague de la pandémie jusqu’à la première moitié de 2022. Pour les besoins de l’étude, l’équipe a choisi de retenir comme «musiciens» toutes celles qui avaient une pratique musicale au moment du sondage, soit 1 619 personnes, même si certaines ne s’identifiaient pas comme des musiciens. Parmi elles, il y avait des musiciens professionnels (19,3 %), des musiciens amateurs (27,3 %), des élèves du secondaire (23,7 %) et des personnes pratiquant la musique à un niveau post-secondaire (29,7 %).
La fréquence a un impact
La pratique de la musique s’est révélée bénéfique pour tous les groupes, mais, «de manière générale, plus les musiciens vieillissent, plus leur niveau de bien-être, de santé mentale et de soutien social augmente», observe Audrey-Kristel Barbeau.
La fréquence de la pratique musicale a aussi un effet significatif, note la professeure. «Plus on joue de la musique, plus les niveaux de bien-être et de santé mentale augmentent, surtout chez les musiciennes et musiciens amateurs», précise-t-elle. Les musiciens professionnels et les étudiants de niveau post-secondaire présentaient, en effet, de moins bons résultats quant au bien-être. «Cela est sans doute lié à la pandémie, puisque les musiciens professionnels ont vécu un grand stress financier en raison du confinement et de la fermeture des salles de spectacles», présume-t-elle.
Sports, hobbys artistiques et bénévolat
Les personnes qui font du sport en parallèle à leur pratique musicale présentent, elles aussi, de meilleurs niveaux de bien-être, de santé mentale et de soutien social que celles qui n’en font pas. «Nous n’avons toutefois pas trouvé d’impacts significatifs de la pratique d’autres activités artistiques en parallèle», note la professeure. L’implication bénévole, en revanche, améliore aussi les niveaux de santé mentale et le niveau de soutien social des musiciennes et musiciens.
Soutien social élevé chez les solistes
De manière intrigante, l’équipe a constaté que le niveau de soutien social était plus élevé chez les musiciennes et musiciens pratiquant en solo par rapport à ceux qui n’avaient pas ce type de pratique. «Notre hypothèse à cet égard est que les solistes ont pu poursuivre la pratique de la musique à la maison malgré les confinements, observe Audrey-Kristel Barbeau. Ils sont sans doute plus susceptibles d’avoir participé à tous ces concerts de balcon ou ces concerts virtuels qui ont essaimé durant ces mois pandémiques. Malgré l’isolement, le sentiment de soutien social était présent pour ces personnes.»
Une comparaison à venir
L’équipe de recherche compte poursuivre les analyses et publier d’autres articles, notamment afin de comparer les résultats des musiciennes et musiciens avec le reste de l’échantillon qui ne pratiquait pas la musique. «Ce ne sera pas un grand scoop, mais oui, la pratique de la musique a un effet sur le bien-être, la santé mentale et le soutien social», conclut Audrey-Kristel Barbeau. Ses collaboratrices et elle comptent aussi se pencher sur les liens entre le genre et le bien-être en lien avec la pratique de la musique.