Les politiques d’éducation inclusive adoptées depuis quelques années au Québec (et ailleurs dans le monde) continuent à alimenter les débats dans la sphère publique où plusieurs intervenantes et intervenants déplorent la disparition de la classe «ordinaire». «L’éducation inclusive vise la transformation des pratiques à tous les paliers scolaires, avec pour finalités l’équité et l’inclusion, rappelle la professeure du Département d’éducation et formation spécialisées Josée Charette. Alors que l’éducation inclusive visait jadis les élèves qui présentaient des handicaps ou des difficultés, elle englobe maintenant toutes les diversités: de genre, de statuts migratoires, de profils d’apprentissage, etc.»
«Il n’y pas de classes ordinaires, il n’y a que des classes extraordinaires!», aime bien répéter sa collègue France Dufour pour souligner la richesse et la diversité des profils des élèves de l’école québécoise.
Les deux professeures ont soutenu le doctorant en éducation David Croteau (B.Mus., 2009; M.A. éducation, 2020), qui enseigne la musique au primaire depuis 15 ans et dont elles codirigent la thèse, dans l’organisation du colloque «La classe “ordinaire” en 2024: une utopie?» (17 mai).
Josée Charette et France Dufour ne nient pas qu’il existe un manque de ressources et des enjeux syndicaux en lien avec les politiques d’éducation inclusive. Mais, selon elles, il faut accepter que la classe ordinaire soit, en 2024, une classe diversifiée et penser d’abord et avant tout à la réussite des élèves. «Le grand défi de toutes les enseignantes et enseignants est de trouver comment répondre aux besoins de chaque élève, souligne France Dufour. Quelles pratiques peut-on mettre en place pour soutenir les personnes qui travaillent avec ces élèves? Voilà le véritable enjeu.»
Le colloque, qui rassemblera des chercheuses et des chercheurs, des étudiantes et des étudiants, des praticiennes et des praticiens, a pour objectif de construire une nouvelle représentation de ce qu’est la classe ordinaire. On veut être à l’écoute de l’expérience de ceux et celles qui travaillent en classe ordinaire, faire état des dispositifs, pratiques et ressources qui permettent de soutenir les élèves et le personnel scolaire, et se pencher sur le soutien à la formation initiale et continue du personnel enseignant.
À la fois en recherche et sur le terrain, l’éducation inclusive est très compartimentée, observe Josée Charette. «On s’intéresse, par exemple, aux élèves présentant des difficultés d’adaptation ou aux élèves issus de l’immigration, mais rarement envisage-t-on l’éducation inclusive de manière transversale. En interpellant la responsabilité collective de tous les paliers du milieu scolaire, nous espérons que les spécialistes qui participeront au colloque parviendront à dégager des pistes d’action pouvant améliorer les pratiques et les politiques d’éducation inclusive, en ayant comme objectif ultime la réussite des élèves et le soutien du personnel enseignant.»