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Une vision artistique du fait divers en France

Vincent Lavoie est co-commissaire d’une exposition présentée au Musée d’art contemporain du Val-de-Marne.

Par Jean-François Ducharme

29 novembre 2024 à 16 h 54

Mis à jour le 2 décembre 2024 à 9 h 33

Le professeur du Département d’histoire de l’art Vincent Lavoie est co-commissaire de l’exposition Faits divers – Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse, présentée jusqu’au 13 avril 2025 au Musée d’art contemporain du Val-de-Marne (MAC VAL), à Vitry-sur-Seine, en France. Ce projet, qu’il a mené avec le directeur du MAC VAL, Nicolas Surlapierre, constitue la première exposition consacrée à une analyse artistique du fait divers en France.

«Le fait divers a toujours frappé les imaginaires, note le professeur. Il suscite à la fois la curiosité et le doute, une fascination et de l’effroi. C’est cette dynamique d’attraction et de répulsion que nous avons voulu montrer dans cette exposition.»

Genre journalistique né au 19e siècle, le fait divers fascine les écrivains depuis toujours. De grands noms de la littérature tels Edgar Allan Poe, Émile Gaboriau et Truman Capote se sont basés sur des faits divers pour créer leurs œuvres. «Il en est de même pour les arts visuels, affirme souligne Vincent Lavoie. Beaucoup d’œuvres artistiques ont repris des crimes célèbres pour en proposer des représentations alternatives.»

Le professeur, qui donne le séminaire Réinvention du fait divers dans l’art contemporain offert à la maîtrise en histoire de l’art, est une sommité dans le domaine de l’histoire de la photographie et du photojournalisme. Il a notamment publié des ouvrages sur L’affaire Capa, qui décortiquait la plus célèbre photo de la guerre d’Espagne (1936 à 1939), ou encore sur les photos utilisées au procès de Nuremberg sur les camps de concentration nazis.

Pour réaliser l’exposition, les commissaires ont mené des recherches pendant plus de deux ans et réuni une centaine d’œuvres de plus de 80 artistes. «La plupart des œuvres ont été produites dans les décennies 1990 et 2000, mais nous en avons aussi sélectionné des plus anciennes, datant du milieu du 20e siècle, et d’autres très récentes», commente Vincent Lavoie. Parmi les œuvres retenues, soulignons The Nutshell Studies of Unexplained Death de l’artiste américaine Corinne May Botz. «Elle reproduit de vraies scènes de crimes… en miniature!, explique Vincent Lavoie. Les corps sont des poupées et les meubles sont des jouets pour enfants. L’artiste a en fait photographié l’intérieur de maquettes qui servaient à former les futurs agents du FBI dans les années 1940 et 1950.»

L’exposition a reçu le label d’intérêt national du ministère de la Culture pour l’originalité de son propos et pour l’engagement du musée à s’adresser à tous les publics, initiés et néophytes. «Le vernissage a été particulièrement couru, et beaucoup d’articles de presse en France y ont été consacrés, note le professeur. C’est un thème qui résonne même si on n’est pas spécialiste de l’art contemporain.»