Le plastique est partout. Il est utilisé dans la fabrication de nombreux produits de consommation, dont les appareils électroniques comme les téléphones intelligents, les ordinateurs, les tablettes, les imprimantes et les écouteurs, qui ne sont pas tous recyclés lorsque l’on décide de s’en débarrasser et qui finissent malheureusement dans les dépotoirs, ici ou à l’étranger. Il s’agit d’une forme de pollution dont l’impact est plus sournois qu’on ne l’imagine, car les microplastiques qu’ils émettent dans l’environnement affectent tous les organismes vivants, y compris les humains.
Qu’est-ce qu’un microplastique?
Dans les dépotoirs, les déchets de plastique sont fragmentés en petits morceaux de moins de cinq millimètres, appelés microplastiques. Ces fragments à peine visibles sont pourtant très nocifs pour la santé. En effet, leurs surfaces multipliées par la fragmentation interagissent davantage avec l’environnement, augmentant le potentiel de contamination.
Le petit format des microplastiques fait en sorte qu’ils sont transportés partout dans l’environnement, notamment dans les sols et les cours d’eau, où l’effet de lessivage libère les produits toxiques qu’ils contiennent. Ils sont aussi ingérés par les organismes vivants et intégrés à la chaîne alimentaire, affectant ainsi la reproduction et la survie de certaines espèces. Les microplastiques représentent à cet égard une grande menace pour la biodiversité en plus d’affecter la santé humaine par la pollution des sources d’eau et de nourriture.
Les métaux lourds s’en mêlent
Les microplastiques ont aussi tendance à «attirer» d’autres substances toxiques qui viennent se greffer à eux. C’est ce que l’on nomme l’adsorption, un processus par lequel une substance adhère à un matériau. Qu’elles proviennent du même appareil ou des autres rebuts du dépotoir, plusieurs autres substances toxiques peuvent se greffer aux microplastiques. Une étude qui avait pour but d’analyser les microplastiques trouvés sur le sol d’une usine de recyclage d’appareils électroniques en Chine a ainsi permis d’y trouver des traces de plomb, de cuivre et de cadmium, des métaux lourds néfastes pour les organismes vivants.
Les solutions
La meilleure solution pour réduire la pollution par microplastiques consiste à réduire au maximum le plastique utilisé dans les appareils et de trouver des matériaux alternatifs plus durables et/ou qui persistent moins longtemps dans l’environnement. Il faudrait également améliorer la compréhension de ce qui advient des microplastiques qui se dégagent des déchets électroniques pour faciliter leur gestion et leur détection.
Comme la quantité de déchets électroniques risque de continuer à augmenter à l’échelle mondiale, il est impératif d’adopter une approche globale combinant la recherche scientifique, l’innovation technologique et des politiques environnementales rigoureuses pour atténuer la menace croissante que constituent les microplastiques. Cela passe aussi par une plus grande sensibilisation et une meilleure compréhension du sort réservé à nos appareils désuets.
Traité international contre la pollution plastique
Les délégués de 175 pays se rassembleront à Ottawa, du 23 au 29 avril, afin de poursuivre les négociations d’un traité international contre la pollution plastique. Cet accord est en négociation par les États membres de l’ONU depuis 2022. L’objectif est d’en arriver à un accord juridiquement contraignant, portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques, y compris les phases de conception, de production et d’élimination, avant la fin 2024.
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Cet article a été rédigé dans le cadre du cours Éléments d’écotoxicologie donné au trimestre d’hiver 2024 par la chargée de cours Marie Lefranc et les professeurs Philippe Juneau et Jonathan Verreault, du Département des sciences biologiques. Les étudiantes et étudiants, inscrits au baccalauréat en sciences naturelles appliquées à l’environnement ou au certificat en écologie, devaient produire un article de vulgarisation scientifique qui a été évalué dans le cadre du cours. Il s’agissait d’un premier contact, dans leur cursus, avec la toxicologie et la santé environnementale. Parmi les meilleurs articles choisis par les professeurs, Actualités UQAM a sélectionné celui d’Alice Poirier pour publication.