La psychologue et psychosociologue Simone Landry, professeure retraitée du Département de communication sociale et publique, est décédée à l’âge de 85 ans le 29 décembre dernier. Féministe de la première heure, socialement, politiquement et syndicalement engagée, elle a passé plus de la moitié de sa carrière à l’UQAM, où elle a été professeure de 1980 à 2002. En 1993, elle est devenue la première femme présidente du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ), poste qu’elle a occupé jusqu’en 1997.
«Portée par une empathie profonde, exprimant tendresse et sécurité dans son soutien aux personnes en situation de vulnérabilité, militante pour la cause des femmes, mais aussi des personnes marginalisées et racisées, tant au niveau local qu’international, elle était également une chercheuse rigoureuse et engagée, promotrice des projets partenariaux avant qu’ils ne soient largement reconnus», témoigne la professeure Chantal Aurousseau, directrice du Département de communication sociale et publique, qui a été son étudiante à la maîtrise et au doctorat.
À l’UQAM, Simone Landry est reconnue pour sa contribution à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), fondé en 1990, mais aussi pour avoir offert des cours sur la place des femmes et la recherche féministe dès les années 1980, en plus d’avoir travaillé à faire une place aux femmes dans le corps professoral. La professeure a également contribué à valoriser le Service aux collectivités, «où elle engageait ses étudiantes, étudiants des cycles supérieurs», souligne Chantal Aurousseau.
Auteure de nombreuses publications sur le féminisme et de quatre ouvrages sur le pouvoir et les cultures organisationnelles publiés aux Presses de l’Université du Québec, Simone Landry s’est aussi impliquée dans le développement des programmes en psychosociologie de la communication, connue aujourd’hui sous le nom de communication humaine et organisationnelle, ainsi que dans la création du programme de relations publiques.
Depuis une dizaine d’années, la professeure retraitée s’était installée à Notre-Dame-du-Portage, dans le Bas-Saint-Laurent. En 2015, elle a publié Autopsie d’un mariage: de l’emprise à l’échappée (L’Harmattan), mélange d’extraits de journaux intimes et de commentaires postérieurs, où elle raconte comment elle a réussi à se déprendre d’une relation toxique au début de sa vie adulte. Une réflexion qu’elle voulait offrir aux jeunes femmes qui, encore aujourd’hui, doivent lutter pour sortir d’un rapport de domination qui les aliène à elles-mêmes.
«Simone a été pour moi – et pas seulement pour moi – une mentore dont les interventions sensibles et généreuses ont fortement contribué au parcours qui m’a menée de la maîtrise jusqu’à l’obtention d’un poste de professeure à l’UQAM, témoigne Chantal Aurousseau. Sa présence et sa disponibilité ne se sont jamais démenties. Elle m’a intégrée dans des réseaux sociaux qui, pour la primo entrante que j’étais, ont été à la fois des refuges et des territoires d’émancipation. Sa capacité d’être tout à la fois créative et rigoureuse, rieuse et sérieuse, forte et fragile, revendicatrice et collaborative m’a donné un modèle pour accepter et intégrer mes propres contradictions. Je lui suis éternellement reconnaissante.»
La professeure associée à l’IREF Lyne Kurtzman (M.A. communication, 1999) a longtemps travaillé à l’IREF, entre autres comme responsable du développement de la recherche, avant de joindre le Service aux collectivités comme agente de développement. Elle aussi a étudié avec Simone Landry, qui l’a dirigée à la maîtrise. «D’elle, j’ai appris la rigueur, la complexité des relations humaines et sociales et l’importance de la recherche-action féministe, témoigne cette Uqamienne récemment retraitée. Rapidement, elle est devenue une collègue, une amie. Sa stature intellectuelle pouvait en imposer, mais toujours amène, elle partageait son savoir et ses connaissances sans arrogance aucune. Simone avait l’étoffe d’une pionnière. Le Service aux collectivités, l’UQAM lui doivent beaucoup.»