La professeure du Département de communication sociale et publique Mélanie Millette et son collègue du Département de didactique Stéphane Villeneuve ont été sollicités pour participer à titre d’experts à une séance de la Commission parlementaire mixte Québec-Bavière, qui avait lieu à l’Assemblée nationale du Québec le 9 mai dernier. La séance de travail portait sur la cyberintimidation et le harcèlement sur les réseaux sociaux.
«Nous avons présenté un état de la situation en lien avec nos travaux respectifs, ce qui nous a permis de mettre en valeur l’expertise développée à l’UQAM sur les enjeux liés au numérique, témoigne Stéphane Villeneuve. Ce fut également l’occasion de proposer des solutions et de faire germer l’idée d’un sommet portant, entre autres, sur la cyberintimidation et le harcèlement sur les réseaux sociaux.» Le professeur souligne l’importance de rallier plusieurs pays dans l’optique de faciliter le partage d’informations concernant les cyberintimidateurs, qui sont des hommes dans la plupart des cas.
Depuis près de 25 ans, l’Assemblée nationale du Québec et le Landtag de Bavière entretiennent des relations soutenues afin d’échanger sur les bonnes pratiques et de partager des expériences sur une panoplie de thèmes et d’enjeux. L’accueil de l’événement alterne aux deux ans entre les deux institutions. Les visiteurs suggèrent les thèmes qu’ils souhaitent explorer et l’institution hôte organise des panels avec différents experts, qui viennent présenter leurs recherches pendant 10 minutes. Le reste de la séance est consacrée aux échanges entre les parlementaires et les experts.
La mise en situation fournie à Mélanie Millette et Stéphane Villeneuve rappelait qu’à l’ère des réseaux sociaux, les parlementaires doivent composer avec des attaques fréquentes de la part de certains citoyens, allant de l’intimidation au harcèlement et même, dans certains cas, à des agressions physiques ou des menaces de mort. Cette nouvelle réalité mine l’intérêt des citoyennes et citoyens à se lancer en politique. «L’identité des personnes élues a une influence sur la quantité et la virulence des attaques reçues en ligne, a souligné Mélanie Millette. Typiquement, les femmes sont davantage ciblées et les violences sont plus nombreuses envers les personnes racisées et celles de la diversité sexuelle et de genre.»
Dans un tel contexte, quelles mesures les parlements peuvent-ils mettre en place pour offrir du soutien aux parlementaires visés? Quelles stratégies les parlementaires peuvent-ils adopter pour faire face à ce genre de situation? Les deux spécialistes de l’UQAM ont suggéré de mettre sur pied des campagnes de sensibilisation plus agressives sur les conséquences des actes de cyberintimidation, de renforcer les lois envers les agresseurs en ligne et de mettre en place une identité numérique avec des balises très strictes sur la confidentialité des données personnelles.
«Il sera primordial d’agir sur plusieurs fronts pour résorber les violences en ligne sans toutefois entraver le droit de critiquer – nécessaire dans une démocratie – ni déléguer la régulation de nos échanges en ligne à une poignée d’entreprises privées», observe Mélanie Millette, faisant référence aux américaines Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram) et Google (YouTube) ainsi qu’à la chinoise ByteDance, propriétaire de TikTok.