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Une chorale pour apprendre le français

Avec le Chœur des bienvenus, les nouveaux arrivants s’initient à la langue de leur pays d’accueil tout en créant un lien social.

Par Jean-François Ducharme

30 avril 2024 à 14 h 04

Tous les samedis matins, quelques dizaines de nouveaux arrivants se rassemblent au Département de musique pour chanter les succès de Gilles Vigneault, de Claude Léveillée et des Cowboys Fringants. Ces réfugiés et immigrants, qui ne parlent pas français (ou très peu), font partie du Chœur des bienvenus, un projet de recherche qui a vu le jour en octobre dernier. «En plus d’apprendre de nouveaux mots et leur prononciation, les participants découvrent des pans de la culture québécoise», souligne la professeure du Département de musique Isabelle Héroux, qui codirige le projet avec Isabelle Peretz, professeure en psychologie à l’Université de Montréal. Le Chœur des bienvenus a obtenu une subvention partenariale de 20 500 dollars du CRSH dans le cadre du projet SingWell, mené à l’Université métropolitaine de Toronto (anciennement Ryerson).

Durant huit semaines, à raison de deux heures par semaine, les participants apprennent de nouvelles chansons francophones sous la direction de Tiphaine Legrand, cheffe de chœur de l’École préparatoire de musique. On évalue leurs habiletés langagières au début et à la fin du projet. On recueille aussi des données sur le sentiment de bien-être, l’intégration au groupe et les interactions entre les participants. «Ce que l’on observe chez tous les membres, c’est le bonheur de faire partie d’un groupe», affirme Isabelle Héroux.

Si la majorité de l’activité est consacrée au chant, les pauses collations permettent de discuter et de tisser des liens. «Les gens sont de plus en plus à l’aise avec le français au fil des semaines, au fur et à mesure que leur vocabulaire s’améliore», mentionne la professeure.

Les premières cohortes étaient formées en majorité de réfugiés ukrainiens. Les récentes sont plus diversifiées. «Nous avons fait du recrutement auprès du programme de francisation UQAM-MIFI, ce qui a généré une trentaine de nouvelles admissions», se réjouit la professeure.

Le projet en est à sa première étape, celle d’une étude de faisabilité visant à identifier les conditions optimales, les facilitateurs et les obstacles à l’implantation d’une chorale. À terme, les chercheuses espèrent convaincre les organismes d’utiliser la musique de groupe pour accélérer l’insertion sociale des nouveaux arrivants. «Le projet a déjà eu des retombées intéressantes, se réjouit Isabelle Héroux. Plusieurs participantes et participants ont été invités à joindre le regroupement choral national Podium. Le Chœur des bienvenus leur ouvre des portes dans leur nouveau pays d’accueil.»