La doctorante en études et pratiques des arts Camille Lefebvre est la récipiendaire 2024 de la bourse Luc-d’Iberville-Moreau, d’une valeur de 60 000 dollars. Ses recherches, dirigées par la professeure et directrice de l’École de design Carole Lévesque, portent sur les enjeux de l’architecture résidentielle dans la densité urbaine nord-américaine.
Créée grâce à un don majeur de la Fondation Luc-d’Iberville-Moreau, la bourse honore la mémoire de Luc d’Iberville Moreau (1935-2016), qui a été professeur à l’UQAM, directeur et conservateur en chef du Musée des arts décoratifs de Montréal et conservateur au Musée des beaux-arts de Montréal. La bourse encourage les études doctorales dans les domaines de l’histoire des arts décoratifs, de l’architecture, du paysage et du design.
Repenser l’habitat intermédiaire
Architecte de formation, Camille Lefebvre compte réaliser une thèse-création explorant à travers la maquette de nouveaux modèles d’architecture résidentielle pour la ville dense canadienne. «La ville canadienne et québécoise typique, dit-elle, est une ville étalée, construite par des décennies de développement conditionné par le prisme de l’automobile, de l’uniformité et de la maison unifamiliale. À l’heure de la crise du logement nationale et de l’urgence climatique, les limites de ce modèle d’aménagement urbain et suburbain sont manifestes.»
Ailleurs dans le monde, notamment en France et au Danemark, l’architecture résidentielle reflète des préoccupations liées à de nouveaux paradigmes. «Le cas danois démontre la possibilité de déployer des projets résidentiels contemporains dans un tissu urbain existant, relevant le défi de la mixité des formes d’habitations dans la densité afin d’accueillir une diversité de populations: logements étudiants, habitations intergénérationnelles ou logements familiaux», illustre Camille Lefebvre.
Comment densifier les quartiers existants dans les villes nord-américaines en explorant de nouvelles formes de logements? C’est la question à laquelle tentera de répondre la doctorante. «J’analyserai d’abord la ville canadienne et québécoise étalée afin de cibler le type de formes architecturales résidentielles à développer pour permettre l’établissement d’un environnement urbain diversifié, égalitaire et durable, explique-t-elle. Je vise ensuite l’étude des pratiques contemporaines québécoises et canadiennes qui innovent en matière d’habitat intermédiaire urbain, offrant l’amorce d’un effort de densification réfléchie de la ville d’ici.»
La thèse-création de Camille Lefebvre se penchera ensuite sur un corpus d’œuvres architecturales composé de projets d’habitat intermédiaire contemporain au Danemark, particulièrement à Copenhague. «L’habitat urbain danois représente une étude de cas pertinente pour saisir les pratiques actuelles en architecture résidentielle contemporaine intégrée au tissu urbain existant. De plus, il possède plusieurs caractéristiques communes avec la ville québécoise et canadienne typique: un climat nordique, des villes de taille moyenne, un tissu urbain post-industriel», précise la doctorante.
Ce corpus lui permettra de dégager les pratiques innovantes de l’axe domesticité-densité, pour ensuite proposer une intégration de ces principes architecturaux à la recherche de nouvelles formes architecturales résidentielles. «La production d’artéfacts – maquettes, dessins, modélisations – accompagnera chaque jalon de ma recherche-création afin d’investiguer, d’analyser et de conceptualiser l’habitat intermédiaire de la ville québécoise et canadienne future, dense et diversifiée», ajoute la chercheuse.
Cotutelle à Copenhague
La bourse Luc-d’Iberville-Moreau permettra à Camille Lefebvre de réaliser sa thèse en cotutelle à l’international. «J’aimerais me rendre à l’École d’architecture de l’Académie royale des beaux-arts du Danemark, à Copenhague, précise-t-elle. Cela me permettrait d’affiner ma compréhension des pratiques actuelles en architecture résidentielle au Danemark, de consulter sur place des archives de dessins – plans, coupes, élévations – des projets d’habitation danois figurant dans mon corpus et d’y rencontrer différents architectes ayant participé au processus de conception de ces projets ainsi que des membres des communautés vivant dans ces habitations innovantes.»
Chargée de cours à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, où elle enseigne les fondements de la maquette et du dessin architectural, Camille Lefebvre est aussi lauréate de la bourse de recherche-création en architecture de la Fondation Grantham pour l’année 2024.