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Avis de l’UQAM sur le développement culturel de Montréal

L’Université soumet quatre recommandations visant à renforcer la contribution de la culture comme levier majeur de développement et de rayonnement de la métropole.

18 novembre 2024 à 11 h 46

Mis à jour le 20 novembre 2024 à 11 h 57

La vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin, Priscilla Ananian, a présenté, le 15 novembre dernier, un document intitulé La culture: ce qui nous unit et nous distingue. Avis de l’UQAM sur le Projet de Politique de développement culturel de Montréal devant la Commission sur la culture, le patrimoine et les sports de la Ville de Montréal. Répondant à l’appel de la Commission à commenter le projet, l’Université soumet quatre recommandations, les trois premières portant sur des dimensions absentes du plan proposé par la Ville, ou peu développées, et la dernière sur la mise en œuvre de la future Politique.

En préambule, l’UQAM rappelle qu’elle est «une figure marquante et incontournable de la vitalité culturelle de Montréal», et que la création, la médiation et la diffusion des savoirs et de la culture sont partie prenante de sa mission depuis sa fondation, en 1969. Plus grand pôle de formation au Canada dans le domaine des arts, l’Université souligne qu’elle s’illustre tant dans les disciplines des arts vivants, des arts visuels, de la muséologie que de la médiation et de la production.

Avec son personnel enseignant, dont plusieurs membres sont également des créatrices et créateurs reconnus et des membres actifs du milieu culturel, avec ses centres de diffusion, dont la Galerie de l’UQAM, le Centre de design, le Cœur des sciences et le Centre Pierre-Péladeau, ses chaires de recherche et son réseau unique de partenaires culturels, l’UQAM est aussi, rappelle l’avis, un joueur majeur dans le rayonnement de la culture à Montréal.

L’UQAM souscrit d’ailleurs à la volonté de la Ville de Montréal, exprimée dans son projet de Politique, «de renforcer le rôle de la culture comme levier majeur de développement et de rayonnement de la métropole». Elle adhère aussi aux cinq grands principes directeurs du projet de Politique ainsi qu’aux quatre orientations autour desquelles s’articule le document. Ses quatre recommandations visent à enrichir les perspectives du projet de Politique et à en favoriser la réalisation.

L’avis salue différents éléments porteurs du projet, dont l’accent placé sur le réseau des Maisons de la culture et celui des bibliothèques pour favoriser l’appropriation citoyenne et faire revivre le sentiment d’appartenance dans les quartiers, qui fait d’ailleurs écho au projet Métamorphose mené par l’Université en vue de transformer sa bibliothèque centrale dans un objectif citoyen. L’Université salue aussi l’inclusion dans le document de préoccupations propres au Quartier latin et à la vision de quartier apprenant.


Intégrer les universités montréalaises comme partenaires clés

La première recommandation vise à intégrer les universités montréalaises, absentes du projet de Politique, comme partenaires clés de la vitalité culturelle de la métropole. L’UQAM rappelle la contribution unique des universités en matière de formation, de recherche et création, de médiation et de diffusion artistique et culturelle. L’UQAM souligne aussi l’importance d’inclure la culture scientifique, un aspect qui n’est pas abordé spécifiquement dans la future Politique. «Dans un contexte où la désinformation prolifère, où l’omniprésence du numérique contribue à brouiller les frontières entre réalité et mondes imaginés, la science et la formation de l’esprit critique constituent des remparts qu’il faut renforcer» lit-on dans le document.

L’UQAM rappelle la contribution unique des universités en matière de formation, de recherche et création, de médiation et de diffusion artistique et culturelle.

Les universités, note l’avis, sont un levier du développement de publics. Par ses diverses activités et programmes, l’UQAM, plus particulièrement, est «une alliée de taille pour éveiller l’intérêt et le goût de la culture, et encourager les sorties culturelles dès le plus jeune âge». Les universités francophones contribuent également à la valorisation de la langue française, notamment en accueillant chaque année des milliers d’étudiantes et d’étudiants internationaux.


Soutenir la relève et favoriser les pratiques émergentes

La deuxième recommandation de l’UQAM vise à soutenir la relève artistique et à favoriser les pratiques émergentes, l’expérimentation et l’exploration. «Avec l’appui du Partenariat du Quartier des spectacles, l’UQAM a positionné le Quartier latin comme espace de diffusion et, surtout, comme lieu d’expérimentation et de développement des pratiques artistiques dans l’espace public», souligne l’avis. Un nombre impressionnant d’initiatives menées le plus souvent en collaboration avec différents partenaires du milieu culturel, dont des projets de créativité numérique, ont ainsi permis le déploiement du talent étudiant et un contact avec l’art au centre-ville. Selon l’UQAM, «cette mixité entre expérimentation étudiante, métissage des pratiques artistiques et participation citoyenne doit être soutenue et renforcée».


Renforcer le positionnement artistique et culturel de Montréal à l’international

La troisième recommandation a trait au renforcement du positionnement artistique et culturel de Montréal sur le plan international. Tout en adhérant à la vision formulée dans le projet de Politique, «l’UQAM insiste sur l’importance d’accentuer la portée internationale de Montréal comme métropole culturelle à travers son centre-ville».

Pour ce faire, la Ville doit mettre en place des mesures concrètes. L’UQAM salue ainsi son intention d’appuyer la tenue d’événements d’envergure dans l’espace public, de concert avec Tourisme Montréal et le Partenariat du Quartier des spectacles. Il faut aussi, selon l’Université, soutenir les initiatives qui font voyager le talent d’ici à l’étranger. «La présence dans d’autres grandes métropoles d’installations participatives destinées aux espaces publics contribue à faire rayonner Montréal», souligne l’avis.

L’UQAM revient enfin sur la nécessité de valoriser le caractère émergent et expérimental de la production culturelle et artistique comme facteur de différenciation et d’attractivité sur le plan international, en misant notamment sur l’identité francophone de Montréal.


Déployer un plan de mise en œuvre et en assurer le suivi par une instance de gouvernance

La quatrième recommandation de l’Université appuie la création d’une instance regroupant les grands partenaires culturels – incluant une personne représentante des universités montréalaises –, économiques et touristiques ainsi que les paliers de gouvernement pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la Politique. L’UQAM insiste aussi sur l’élaboration d’un plan d’action comportant des actions précises, une stratégie de déploiement définie, un budget conséquent et des mécanismes de suivi et d’évaluation.

L’UQAM propose que l’instance de gouvernance soit appuyée par un groupe de veille et de réflexion prospective, responsable de détecter et d’analyser en continu les facteurs d’évolution de l’environnement culturel et d’anticiper leurs effets sur les organisations et la Politique culturelle. L’UQAM souligne qu’elle pourrait jouer un rôle clé dans l’animation de ce groupe.


Conclusion

En conclusion, l’UQAM réitère que si la culture participe activement à la qualité de vie, à la santé globale de la population et au rayonnement de la métropole à travers le monde, elle repose sur des bases fragiles qu’il convient de renforcer. «Sur le plan du financement, il est grand temps de considérer la culture comme un investissement aux multiples et fructueux dividendes», mentionne l’avis.

«Il est grand temps de considérer la culture comme un investissement aux multiples et fructueux dividendes», mentionne l’avis.

De même, si le projet de Politique de développement culturel proposé par la Ville participe à renforcer la fonction citoyenne rassembleuse de la culture, il importe, selon l’Université, que la future politique sur lequel il débouchera comporte des actions claires, ambitieuses et concrètes.

«L’UQAM souscrit pleinement au rôle de la culture comme vecteur de démocratisation au sein de la société, lit-on en conclusion. Il s’agit plus que jamais d’un rôle crucial, que ne peut assumer seul le Service de la culture de la Ville de Montréal. C’est pourquoi l’UQAM réitère l’importance de réunir les partenaires culturels clés, dont le réseau universitaire, au sein d’une instance de gouvernance. L’Université s’engage à y participer activement et à défendre haut et fort ce qui nous unit et ce qui nous distingue.»

La Commission sur la culture, le patrimoine et les sports a réservé un accueil positif à l’Avis de l’UQAM. Elle a relevé les préoccupations de l’Université en matière de positionnement du Quartier latin comme quartier apprenant et laboratoire d’expérimentation, et affirmé son appui en ce sens. Elle a apprécié notamment les propositions relatives à la valorisation du talent étudiant et à l’inclusion de la culture scientifique, et souligné le rôle important de l’UQAM en matière de francisation.

L’avis de l’UQAM a été rédigé par un comité de travail présidé par la doyenne de la Faculté des arts, Joanne Lalonde. La vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin, Priscilla Ananian, la directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry, la directrice du Cœur des sciences, Stéphan Chaix, la professeure de l’École des médias Catalina Briceno, le directeur du Centre Pierre-Péladeau, Guy Vanasse, la directrice de la Promotion institutionnelle, Nathalie Benoit, et la directrice du Service des communications, Caroline Tessier, composaient ce comité.