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L’UQAM est une force pour Montréal et le Québec, affirme Stéphane Pallage

Le recteur prononce une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Par Marie-Claude Bourdon

8 septembre 2023 à 12 h 56

Le recteur Stéphane Pallage a commencé son allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) à l’hôtel Le Reine Elizabeth, le 7 septembre dernier, en évoquant la création, dans une suite de ce même hôtel, de la chanson Give Peace a Chance de John Lennon et Yoko Ono. Cette chanson est «devenue un hymne pour tous ceux et toutes celles qui, en 1969, aspiraient à un monde meilleur», a rappelé le recteur en faisant un lien avec la naissance, la même année, du réseau de l’Université du Québec (UQ) et de l’UQAM.

«Le Québec avait le rêve de changer le monde par l’éducation», a enchaîné Stéphane Pallage, dont le discours s’est ensuite articulé autour de la contribution de l’UQAM à l’essor de Montréal et du Québec. Le recteur a évoqué ses 300 000 diplômés, «un record au Québec, en si peu de temps, pour une université, quelle qu’elle soit», nommant au passage, entre autres, le cinéaste Denis Villeneuve (B.A. communication, 1992), le p.-d.g de Cascade Mario Plourde (B.A.A., 1985), les ministres Pascale Déry (M.A. science politique, 2004), Éric Girard (M.Sc. économique, 1993) et Jean-François Roberge (B.Ed. éducation préscolaire et enseignement primaire, 1996), l’artiste David Altmejd (B.A. arts visuels, 1998), le directeur du Devoir Brian Myles (M.A. communication, 2009), le président du Conseil d’administration de l’Université, Simon Prévost (M.Sc. économique, 1992), vice-président, solutions employeurs, chez Desjardins, et sa prédécesseure à la présidence du c.a., la directrice générale du Conseil des arts de Montréal Nathalie Maillé (B.A. danse/enseignement, 1992).


Accessibilité et excellence

Stéphane Pallage a insisté sur la mission particulière d’accessibilité aux études supérieures qui a été confiée à l’UQAM par le gouvernement du Québec. Une accessibilité, a-t-il précisé, qui n’est pas un compromis pour l’excellence. «Les étudiantes et étudiants de première génération universitaire, celles et ceux au parcours atypique, toutes et tous ont droit à un enseignement d’excellence, a affirmé le recteur. L’UQAM offre l’excellence à chaque membre de sa population étudiante. Il y a place à l’UQAM pour chacun de leurs rêves.»

Mais parce que cette mission d’accessibilité implique des revenus moindres et un coût d’encadrement plus élevé que la moyenne, l’UQAM et le réseau de l’UQ demandent au gouvernement de corriger leur sous-financement chronique. «C’est mathématique, c’est fondamental, c’est un investissement dans notre société, un investissement dans notre avenir collectif. Finançons l’accessibilité à sa juste valeur», a martelé Stéphane Pallage, qui a profité de ce moment pour saluer le président de l’UQ, Alexandre Cloutier, présent à la table d’honneur.

Après avoir rendu hommage au Luxembourg, ce pays qui lui «a permis de développer son université pendant cinq importantes années», le recteur est revenu à l’UQAM. Première université de recherche au Québec parmi les universités qui n’ont pas de faculté de médecine, a-t-il rappelé, l’UQAM, «notre Berkeley à nous», est «une université qui n’a pas froid aux yeux, qui nous brasse parfois, juste ce qu’il faut pour faire avancer la société».


Une faculté des sciences de la santé

Il a ensuite enchaîné avec l’un de ses thèmes de prédilection depuis son entrée en poste au rectorat, le projet de créer une faculté des sciences de la santé à l’UQAM. «Ce ne sera pas une faculté de médecine, mais la médecine en fera partie, a-t-il précisé. La Faculté couvrira la santé depuis la prévention jusqu’aux traitements et même au-delà, avec les soins palliatifs.»

Stéphane Pallage a rappelé les nombreuses forces que l’UQAM possède déjà dans le domaine de la santé, avec, notamment, le plus grand Département de psychologie au pays, le seul Département de sexologie offrant une formation aux trois cycles d’études, l’École de travail social, le Département des sciences de l’activité physique, l’Institut Santé et société, ses groupes de recherche en biologie cellulaire et en pharmacologie. Il a du même souffle annoncé que l’UQAM envisage la création de plusieurs nouveaux départements, dont ceux de nutrition, de médecine, de sciences infirmières et de pharmacie.

Le programme de médecine sera conçu dans une perspective de réseau avec l’ensemble des composantes de l’UQ, afin de former des médecins sur tout le territoire. «Nous nous efforcerons de faire en sorte que nos futurs médecins collaborent dès le jour 1 avec des étudiantes et étudiants de sciences infirmières et des autres disciplines de la santé, pour insuffler un sentiment d’équipe et éviter de créer des hiérarchies malsaines entre les professions de la santé», a expliqué le recteur, qui souhaite que l’accessibilité qui caractérise l’UQAM s’étende désormais à l’accès à la profession médicale.

Aux sceptiques qui croient qu’une faculté de médecine est difficile à mettre en place, Stéphane Pallage a rappelé son expérience à l’Université du Luxembourg, où la première cohorte en médecine a fait son entrée deux ans seulement après son arrivée.

«Soixante ans après la création de la dernière faculté de médecine, le Québec a besoin d’une faculté qui couvre autant la santé que la maladie. La Faculté des sciences de la santé à l’UQAM, c’est précisément ce qu’elle apportera», a annoncé le recteur, évoquant au passage le partenariat en développement avec le CISSS de la Montérégie-Ouest, dont le nouvel hôpital est en construction à Vaudreuil-Soulanges.

«Nous avons la chance de construire quelque chose de nouveau, d’éviter les silos, de décloisonner les disciplines, a ajouté Stéphane Pallage. Les phénomènes contemporains sont d’une grande complexité. Ne les regarder que par la lentille d’une seule discipline limite grandement la possibilité d’innovation. Cette nouvelle faculté très interdisciplinaire sera un véritable bouillon d’innovation scientifique, au bénéfice du Québec.»


Concurrence et règles de financement

Le recteur s’est ensuite attaqué à la question de la concurrence entre les institutions, induite par les règles actuelles de financement des universités, principalement basées sur le nombre d’étudiantes et d’étudiants. Quinze établissements universitaires sur les 19 regroupés au sein du Bureau de la coopération universitaire sont présents sur le territoire montréalais, a-t-il illustré, une situation qui entraîne des coûts fixes inutiles et redondants d’exploitation des campus.

Stéphane Pallage a fait rire son auditoire en annonçant que l’UQAM n’ira pas s’installer à Sherbrooke ni à Québec! L’Université croit cependant à l’importance de répondre à la demande de nouvelles populations de la couronne de Montréal. «Nous sommes ainsi très présents à Laval – nous le sommes depuis 40 ans cette année – en Montérégie-Ouest et à Longueuil», a souligné le recteur, qui a également mentionné ses discussions avec la Ville de Repentigny, où 25 % de la population est immigrante et s’apprête à envoyer ses enfants à l’université. «Il s’avère que la distance constitue un frein à leur éducation. L’UQAM envisage d’aller à eux, toujours à contre-courant du trafic», a lancé le recteur tout en saluant la vision du maire de la ville, Nicolas Dufour, également présent dans la salle.

L’événement s’est poursuivi par un échange entre le recteur et Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM. Photo: Nathalie St-Pierre

Revalorisation du Quartier latin

Le recteur a ensuite abordé une autre mission importante pour l’UQAM: être une porte d’entrée à Montréal pour de nouveaux immigrants francophones et francotropes, contribuer à la vitalité du français dans la métropole. «Nous serons à l’UQAM le fer de lance d’une stratégie de valorisation du français à Montréal», a-t-il souhaité, en enchaînant sur l’importance de l’Université pour la revalorisation du Quartier latin.

À ce sujet, Stéphane Pallage a fait une autre annonce, celle de la nomination d’une nouvelle vice-rectrice ou d’un nouveau vice-recteur associé, dont la mission première sera la revalorisation du quartier. «Cette personne aura pour mandat de mobiliser nos expertises dans toutes les disciplines pertinentes (toxicologie, psychologie, économie, urbanisme, travail social, design et autres) pour apporter des solutions aux problématiques rencontrées», a précisé le recteur.

Stéphane Pallage a conclu son allocution sur une note poétique, citant l’autrice autochtone Joséphine Bacon, que l’UQAM accueille comme aînée en résidence pour l’année. «Dans son œuvre, elle nous rappelle que la vie est courte, que nous avions tous 20 ans hier, que le monde se change aujourd’hui, jamais demain. J’aime un vers très court et très puissant qu’elle a écrit: “Ne pas mourir sans récit”.»

Il a ensuite salué son auditoire en rappelant qu’il a le bonheur d’être au service d’une université qui ne laisse personne indifférent. «La communauté à laquelle j’appartiens est d’une immense richesse intellectuelle et d’une immense générosité pour partager son savoir, ses découvertes, pour nous faire avancer collectivement, a-t-il déclaré. Ensemble nous constituons une force pour Montréal et pour le Québec. Nous sommes l’Université du Québec à Montréal.»

L’événement s’est poursuivi avec un échange entre le recteur et Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.