Certaines personnes terminent leurs études sans savoir exactement le type d’emploi qu’elles veulent occuper ou l’organisation qu’elles souhaitent intégrer. Ce n’était pas le cas de Candice Maxis (B.A.A. gestion des ressources humaines, 2007). «Je me voyais dans une grande entreprise», raconte celle qui a travaillé chez Intact, Bombardier et Coca-Cola avant d’accéder au poste de leader nationale – Diversité, équité et inclusion chez Deloitte Canada.
Sélectionnée en 2019 parmi les 100 femmes noires à surveiller au pays selon le Canada International Black Women Event, Candice Maxis ne cesse de se démarquer. En octobre dernier, elle figurait dans le palmarès des 100 femmes canadiennes les plus influentes du Women’s Executive Network, qui honore les étoiles montantes et les leaders qui changent les choses dans leurs domaines respectifs. «Je suis fière d’être une diplômée de l’UQAM et de faire rayonner mon alma mater, affirme-t-elle. Il y a des modèles de réussite dans plusieurs domaines à l’UQAM et il faut les faire connaître!» Une autre Uqamienne, Sabine Kuss (M.Sc. Biochimie, 2011), professeure à l’Université du Manitoba, figurait également dans ce prestigieux palmarès.
Les travailleuses et travailleurs d’abord
Fille d’immigrants haïtiens arrivés au Québec dans les années 1970, Candice Maxis a grandi avec ses trois sœurs au cœur de Montréal. «Plusieurs de mes amis voulaient aller à McGill ou à HEC Montréal, mais je n’ai jamais aimé faire comme les autres, raconte-t-elle en riant. J’avais entendu parler de l’ESG UQAM et je savais que j’y recevrais une formation à la hauteur de mes attentes.»
D’abord inscrite dans un certificat à temps partiel – elle travaillait déjà au service des réclamations d’urgence chez Intact – elle a eu tôt fait d’inverser les choses pour se consacrer à temps plein à ses études, tout en conservant son emploi à temps partiel. «Quand j’ai obtenu mon diplôme, Intact m’a offert un stage en ressources humaines et on m’a ensuite proposé un poste à temps complet», se rappelle Candice Maxis, qui est demeurée au sein de l’entreprise pendant six ans.
«J’ai toujours eu la conviction qu’en gardant l’humain au centre des préoccupations et de la stratégie d’entreprise, on contribue à la pérennité et au succès de celle-ci.»
C’est lors de son passage chez Bombardier, de 2012 à 2014, que la partenaire d’affaires RH s’est découvert une passion pour le développement organisationnel. Son défi ? Faire évoluer une entreprise à travers les petits et les grands changements – l’implantation d’un nouveau programme, une fusion ou une acquisition – en se faisant un point d’honneur de ne jamais perdre de vue les travailleuses et travailleurs qui doivent s’adapter à ces transformations. «Les organisations, surtout les grandes, ne font pas dans la philanthropie. Elles cherchent le profit, note-t-elle avec lucidité. Mais j’ai toujours eu la conviction qu’en gardant l’humain au centre des préoccupations et de la stratégie d’entreprise, on contribue à la pérennité et au succès de celle-ci.»
Candice Maxis travaillait chez Bombardier quand on lui a proposé le poste de responsable des ressources humaines pour la région Est du Canada chez Coca-Cola, un territoire couvrant Montréal, Québec, Ottawa et les Maritimes. Dix-huit mois plus tard, on lui offrait d’être transférée au siège social à Toronto. «J’étais au début de la trentaine et j’avais l’occasion d’intégrer l’équipe de direction de l’entreprise à titre de conseillère stratégique du p.-d.g. C’était ma première expérience dans un rôle de direction, qui plus est dans une langue seconde, mais je n’ai pas hésité, raconte-t-elle. J’ai vendu ma maison et déménagé à Toronto, où j’ai vécu pendant trois ans. Ce fut une expérience charnière dans ma carrière.»
De retour à Montréal pour des raisons familiales, Candice Maxis a occupé un poste de direction qui l’a amenée à superviser, comme dernier mandat, le processus de franchisation de l’entreprise. «Coca-Cola fonctionne avec un système de franchises à travers le monde, chaque franchisé s’occupant de la fabrication, de la vente et de la distribution du produit, explique-t-elle. La maison-mère américaine détenait toutefois l’entièreté de l’unité canadienne et souhaitait trouver un acheteur, un nouveau franchisé.»
On imagine les appréhensions des milliers de travailleurs lorsqu’ils apprennent qu’ils travailleront pour un nouveau patron. «Autant ce type de chantier organisationnel est excitant pour les gens en RH, autant c’est insécurisant pour les employés, confirme la spécialiste. Ils vivent de l’incertitude, se posent plein de questions. Il faut les soutenir, leur expliquer les étapes, être là pour eux. Nous avons passé une année complète à les accompagner dans la démarche.»
Le défi EDI
Candice Maxis a été recrutée par Deloitte en avril 2019 à titre de directrice principale RH d’une division en gestion de risques. «Deloitte ne figurait pas sur mon radar, je croyais qu’il s’agissait uniquement d’une firme comptable, dit-elle en riant. Or, c’est tellement plus que cela: on y offre des services-conseils dans une foule de domaines, comme l’intelligence artificielle, le capital humain, l’audit et la fiscalité.»
Lorsque la pandémie a frappé, Candice Maxis a dû procéder à de nombreuses mises à pied. «Cela a probablement été l’une des expériences les plus difficiles de ma carrière, confie-t-elle, surtout que tout se déroulait en mode virtuel. Annoncer à une personne qu’elle perd son emploi en pleine crise sanitaire, alors que ses enfants sont dans la pièce à côté, c’est délicat. Il faut s’assurer de traiter chaque personne avec respect et dignité, en faisant preuve d’empathie et de bienveillance.»
Dix-huit mois après son entrée en poste, et après avoir travaillé en soutien RH dans le cadre de deux acquisitions, on lui a offert de devenir leader nationale – Diversité, équité et inclusion ainsi que directrice de service – Transformation de la main-d’œuvre. «C’était quelques mois après le meurtre de Georges Floyd aux États-Unis, se rappelle-t-elle. J’ai demandé aux patrons: pourquoi moi? Est-ce qu’on me voit à ce poste pour mes compétences ou pour ce que je représente comme femme noire? J’ai eu de bonnes discussions avec le p.-d.g. et d’autres membres de la direction pour comprendre ce que l’équipe voulait faire avec l’EDI et j’ai accepté de relever le défi, car j’ai senti qu’il y avait une belle occasion pour apporter des changements organisationnels importants.»
«Lorsque je réussis à implanter des changements dans la culture de l’entreprise, c’est super gratifiant!»
Candice Maxis était toutefois hors de sa zone de confort. «En tant que professionnelle RH, j’avais toujours été une généraliste, explique-t-elle. Là, je devais plonger à fond dans un domaine précis. C’est davantage un rôle d’influence, mais lorsque je réussis à implanter des changements dans la culture de l’entreprise, c’est super gratifiant!»
Elle gère une petite équipe de professionnels EDI, tout en étant en contact indirect avec une quarantaine de personnes qui l’aident à réaliser sa vision pour l’ensemble de l’entreprise, qui compte près de 15 000 employés à travers le Canada. «L’objectif est que Deloitte soit une entreprise inclusive et équitable, explique-t-elle, mais j’aide aussi nos clients qui le souhaitent à bâtir leur propre stratégie EDI.»
Partenaires stratégiques
Depuis quelques années, la fonction RH a évolué, et encore plus depuis la pandémie, observe Candice Maxis. «On a beaucoup parlé des anges gardiens du système de santé et de l’éducation depuis mars 2020, mais il ne faudrait pas oublier toutes les personnes en RH dans les organisations, car ce sont elles qui ont soutenu les employés et qui ont accompagné les leaders, au jour le jour, au fil des défis qui se présentaient. On peut désormais affirmer que les gens en RH sont des partenaires stratégiques au sein des organisations», conclut-elle.
Dans le cadre de témoignages de diplômées et diplômés de la communauté ESG UQAM œuvrant pour l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), l’ESG+ a mis en ligne une vidéo de Candice Maxis relatant son parcours.