Le programme d’éducation à la sexualité Oser être soi-même, destiné aux jeunes âgés entre 12 et 17 ans, a fait l’objet d’une importante refonte afin d’être adapté aux nouvelles réalités sociosexuelles des jeunes. Conçu par une équipe dirigée par la sexologue et professeure du Département de sexologie Francine Duquet, le programme s’inscrit dans le projet Outiller les jeunes face à l’hypersexualisation. Celui-ci vise à sensibiliser les jeunes et les adultes qui les accompagnent aux phénomènes d’hypersexualisation sociale et de sexualisation précoce, et propose des pistes de réflexion et d’action en matière d’éducation à la sexualité.
«L’actualité récente nous démontre la pertinence d’un programme d’éducation à la sexualité qui prône des valeurs de dignité, de bienveillance et de sécurité, souligne Francine Duquet. Il demeure primordial que la sexualité soit abordée auprès des jeunes pour leur apprendre à naviguer dans cet univers à la fois méconnu et fort médiatisé, voire commercialisé, et ce, avec les meilleurs outils possibles.»
Oser être soi-même est un programme adapté à l’âge et au développement psychosexuel des jeunes. Image corporelle, séduction, risques liés aux sollicitations sexuelles dans les médias sociaux, consentement, valeurs et intimité, diversité sexuelle et pluralité des genres, il traite de la sexualité de manière globale afin que les jeunes puissent mieux l’appréhender à l’adolescence. De plus, il vise à développer des habiletés essentielles pour une communication efficace, dans le respect des besoins personnels des uns et des autres.
Cette démarche d’éducation à la sexualité souhaite contribuer au développement de l’esprit critique des jeunes face aux messages ambiants sur la sexualité (médias, réseaux sociaux), afin de les aider à prendre des décisions éclairées qui correspondent à leur identité et à leur réalité, sans subir de pressions indésirables, pour vivre une sexualité de manière respectueuse et plaisante.
Objectifs d’apprentissage
Oser être soi-même poursuit trois principaux objectifs en matière d’apprentissage. Le premier concerne la réflexion sur ce que représentent et impliquent l’amitié, l’éveil amoureux et sexuel, la séduction, les relations amoureuses, l’intimité – affective et sexuelle – et les rapports égalitaires.
Le deuxième objectif consiste à favoriser chez les jeunes une attitude critique face à la commercialisation de la sexualité et à ses impacts sur la construction de leur identité, sur leurs perceptions des relations ainsi que sur l’intimité.
Enfin, le programme vise le développement d’habiletés pour que les jeunes affirment davantage leur point de vue et, s’il y a lieu, pour qu’ils négocient mieux leurs activités sexuelles dans le respect de leur intimité, de leurs limites et de celles des autres.
Certains thèmes peuvent faire l’objet d’une unique rencontre à un seul niveau scolaire. Par exemple, les élèves de première secondaire auront une rencontre sur la prévention de l’intimidation, alors que ceux de cinquième secondaire aborderont la diversité et la pluralité des genres. D’autres thèmes sont transversaux et se retrouvent à plusieurs niveaux scolaires: image corporelle, séduction et relations amoureuses, consentement et agir sexuel. Chaque rencontre est abordée différemment et comprend des activités pédagogiques propres à la thématique abordée.
Conception du programme
La version renouvelée du programme est destinée au personnel enseignant ainsi qu’aux intervenantes et intervenants œuvrant dans le milieu communautaire-jeunesse ou celui de la santé et des services sociaux. Une recension de la littérature scientifique récente, d’outils didactiques et de vidéos éducatives a été réalisée. Les résultats d’une étude portant sur l’évaluation de la première édition du programme, réalisée auprès de 374 jeunes de 4e et 5e secondaire ont aussi été considérés. Enfin, le programme a été conçu à partir du modèle théorique Information, Motivation, Habiletés Comportementales (IMHC) afin que les participantes et participants soient en mesure de transposer les connaissances acquises dans leur quotidien. Ce modèle est d’ailleurs recommandé par le Conseil d’information et d’éducation sexuelles du Canada (CIÉSCAN, 2019).
«Nous avons conçu un véritable programme clé en main, explique Francine Duquet. Celui-ci comprend 20 rencontres, variant de 75 à 150 minutes chacune, pour lesquelles les intentions pédagogiques, le déroulement, les consignes, les fiches support pour les jeunes et les personnes intervenantes, les vidéos éducatives et les diaporamas d’accompagnement à l’animation sont téléchargeables gratuitement sur notre site ou offerts à frais minimes à la Coop UQAM.»
Pour une intervention en milieu scolaire, l’équipe d’Oser être soi-même a identifié les liens possibles avec les intentions et les thèmes associés aux contenus en éducation à la sexualité proposés en 2018 par le ministère de l’Éducation ainsi que ceux associés aux compétences du récent programme d’études Culture et citoyenneté québécoise (MEQ, 2022).
La nouvelle version d’Oser être soi-même a été réalisée grâce à un accord entre l’équipe du projet Outiller les jeunes face à l’hypersexualisation, le Service des partenariats et du soutien à l’innovation de l’UQAM et le ministère de l’Éducation du Québec. La refonte et la traduction en anglais du programme – Be true to you – ainsi que la mise en place d’une offre de formation pour les commissions scolaires anglophones ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du ministère dans le cadre de l’Entente Canada-Québec.
Le programme Oser être soi-même est disponible gratuitement en ligne en français et en anglais.