On commence tous à savoir que prendre l’avion pour voyager est néfaste pour le climat. Mais peu de personnes sont conscientes du bilan carbone de leur vie numérique. Pourtant, nos échanges courriels, nos visioconférences et nos millions d’images stockées dans le nuage ont une lourde empreinte carbone. Selon un article du Détecteur de rumeurs, des chercheurs de l’Université de Lancaster, en Angleterre, ont évalué que nos usages numériques représentent entre 2,1 et 3,9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) chaque année, soit autant ou même plus que le transport aérien, avec 2,5 % des GES émis en 2019!
Chaque courriel standard génère 4 g de CO2, apprend-on sur le site de la Boîte à outils numérique. Avec une pièce jointe volumineuse, le bilan augmente jusqu’à 50 g de CO2. Or, il s’est échangé plus de 330 milliards de courriels par jour sur la planète en 2022. Tous ces courriels reçus et envoyés auraient généré plus de 600 millions de tonnes de CO2, soit plus que l’empreinte carbone de l’Australie. Autrement dit, si on se préoccupe de l’avenir de la planète, la sobriété numérique est de mise.
D’où viennent tous ces CO2? De l’énergie nécessaire pour fabriquer et faire fonctionner téléphones, tablettes et ordinateurs, pour transporter les messages sur internet et pour alimenter les serveurs, les centres de données, les réseaux terrestres filaires et cellulaires.
Journée mondiale du nettoyage numérique
Le 18 mars, cette année, est consacré Journée mondiale du nettoyage numérique (Digital Cleanup Day). En effet, nous émettons des GES non seulement quand nous envoyons des courriels ou téléchargeons des documents, mais toutes les données qui s’accumulent sur des serveurs sont aussi une source de pollution. Après les équipements (téléphones, ordinateurs), responsables de 37 à 57 % des émissions du numérique, les centres de données sont la deuxième source de GES du numérique, avec 18 à 41 %, suivis du réseau, avec 22 à 35 %.
Un bon nettoyage de tous les vieux courriels qu’on ne consultera plus jamais, des documents, photos et vidéos conservés en double ou en triple qui dorment sur des serveurs quelque part est donc une stratégie efficace pour réduire son empreinte carbone.
«Comme la plus grande empreinte numérique est liée à la fabrication de l’équipement qu’on utilise, il est important de réfléchir avant tout renouvellement d’un appareil», mentionne Cynthia Philippe, conseillère en développement durable au Service du développement organisationnel. Avons-nous vraiment besoin d’un nouveau téléphone, d’un nouvel ordinateur? Est-il possible de le réparer, de le mettre à jour, d’augmenter sa mémoire? «Si ce n’est pas possible, on peut se tourner vers le marché d’occasion pour acheter un appareil qui répond à ses besoins, ajoute la conseillère. Actuellement, notre parc d’équipements est sous-utilisé et il est important de faire durer chaque outil plus longtemps.»
Sa collègue Karine Gélinas, responsable des communications à la Boîte à outils numérique, a une autre proposition pour être numériquement plus sobre. «Une chose très facile à faire pour diminuer ses émissions: se désabonner de toutes les infolettres et de toutes les listes d’envois dont on n’a plus besoin», suggère-t-elle. Du coup, on élimine énormément de courriels inutiles.
Parmi les autres initiatives pour réduire son empreinte carbone: éviter d’envoyer des messages avec copie à 10 ou 50 personnes, préférer les hyperliens plutôt que les documents attachés, envoyer des petits mots («Merci!», «Bien reçu!») sur une plateforme de clavardage plutôt que par courriel, téléphoner au lieu de faire une visioconférence (ou couper sa caméra quand ce n’est pas nécessaire) et… aller parler avec son voisin de bureau plutôt que l’appeler sur Teams!
On peut trouver beaucoup de trucs et de conseils pour modérer ses usages du numérique sur sur le site UQAM Écoresponsable ainsi que sur la page Citoyenneté numérique – Boîte à outils numérique de l’UQAM. En particulier, on obtient un bon résumé avec l’arbre décisionnel Sobriété numérique et bonnes pratiques. Pour se tenir à jour, on peut aussi s’abonner au compte Instagram de la Boîte à outils numérique, qui publie régulièrement de nouvelles informations sur le sujet.