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Trouver du bonheur dans la conciliation travail-famille

Il est satisfaisant de s’occuper des enfants même quand on a l’impression de ne pas en faire assez.

Par Pierre-Etienne Caza

9 janvier 2023 à 15 h 03

Le stress relié au travail empêche plusieurs parents de s’investir autant qu’ils le souhaiteraient dans la vie familiale. «Cette tension conflictuelle est au cœur des enjeux touchant à la conciliation travail-famille», souligne la professeure du Département de psychologie Julie Ménard, qui s’intéresse au sujet depuis plusieurs années.

Si de nombreux parents ressentent de la culpabilité en lien avec cette difficile conciliation, ce sentiment peut parfois s’avérer positif… pour les enfants! «Une étude a démontré que les parents qui se sentent coupables s’investissent davantage dans les activités récréatives avec leurs enfants. Mais qu’en est-il de la satisfaction de vie des parents qui éprouvent de la culpabilité? C’est ce que nous avons voulu vérifier», explique Julie Ménard à propos d’une thèse sur le sujet qu’elle a dirigée.

La thèse par articles de la doctorante Annie Foucreault portait sur l’impact des activités récréatives avec les enfants sur la satisfaction de vie du parent, en observant le rôle de la culpabilité dans l’équation. Les résultats de son étude ont fait l’objet d’un article dans le Journal of Child and Family Studies. La doctorante est la première autrice de l’article, cosigné par Julie Ménard et ses collègues Nathalie Houlfort (UQAM) et Sarah-Geneviève Trépanier (UQTR) ainsi que la consultante Geneviève L. Lavigne.

La doctorante a sondé par questionnaire web un échantillon de 289 parents d’enfants âgés entre 5 et 10 ans. Il s’agissait surtout de femmes (81,7 %). La moitié des répondantes et répondants était mariée. La grande majorité (87 %) avait deux enfants. «Nous avons mesuré les activités récréatives des parents, leur niveau de stress et de culpabilité, leur satisfaction de vie et leur perception du rôle de leur conjoint auprès des enfants», précise Julie Ménard.

L’importance de s’investir

Les chercheuses ont constaté qu’effectivement, la culpabilité joue un rôle dans la satisfaction de vie des parents, mais pas nécessairement comme on s’y attendait. «La culpabilité n’a d’effet que si le parent s’investit peu avec ses enfants, révèle Julie Ménard. Ceux qui se sentent coupables, mais qui s’investissent auprès de leurs enfants, disent être satisfaits de leur vie autant que ceux qui ne se sentent pas coupables. C’est lorsque le parent ne s’investit pas auprès de ses enfants qu’il rapporte un degré de satisfaction moins élevé, et ce, qu’il se sente coupable ou non.» Le parent qui ne s’investit pas auprès de ses enfants et qui se sent coupable rapporte le degré de satisfaction le moins élevé.

«On peut donc affirmer que cela vaut la peine, pour les parents, de faire des activités récréatives avec leurs enfants, même si cela demande de l’énergie, car cela finit par être satisfaisant en bout de piste», poursuit la professeure. La satisfaction des enfants, elle, n’a pas été mesurée, car on prend pour acquis qu’ils sont bien contents que l’on joue avec eux, ajoute-t-elle en riant. «C’est, à notre connaissance, la première étude au monde qui se penchait sur l’impact des activités récréatives avec les enfants sur la satisfaction de vie du parent», précise-t-elle.

Le rôle du conjoint

Les parents rapportant que leur conjoint s’investit auprès des enfants rapportent également plus de satisfaction de vie, ont constaté les chercheuses. «Quand le parent rapporte que le conjoint s’investit, il a plus tendance à s’investir, et la satisfaction s’en trouve favorisée. C’est doublement gagnant», analyse Julie Ménard.

Un futur devis longitudinal?

La professeure insiste sur le fait que le devis de recherche était transversal et non longitudinal. On ne peut donc pas conclure à des résultats de cause à effet. «Il s’agissait en quelque sorte d’une image de la réalité de ces parents à un moment précis dans le temps, précise-t-elle. Il serait intéressant de refaire l’exercice avec des journaux de bord, pendant une semaine ou deux, afin de pouvoir analyser au jour le jour les conflits de tension, les activités récréatives et le degré de satisfaction de vie des parents.» Un projet pour un futur doctorant ou une future doctorante? À suivre!